Le 2 mai 2023
Là où le récit était une promesse de valorisation d’un immense artiste japonais du XVIIIe siècle, la mise en scène parquetée entre la jeunesse et la vieillesse du dessinateur éteint tout son intérêt.


- Réalisateur : Hajime Hashimoto
- Acteurs : Hiroshi Abe, Min Tanaka, Miori Takimoto, Kanji Tsuda , Yūya Yagira, Eita Nagayama, Hiroshi Tamaki
- Genre : Drame, Biopic, Historique
- Nationalité : Japonais
- Distributeur : Art House Films
- Durée : 1h30mn
- Date de sortie : 26 avril 2023

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– Année de production : 2020
Résumé : Japon, XVIIIe siècle. Alors que le pouvoir impérial impose sa censure sur les artistes, le jeune Shunrô, apprenti peintre, est exclu de son école à cause de son tempérament impétueux et du style peu conventionnel de ses estampes. Personne n’imagine alors qu’il deviendra Hokusai, célèbre auteur de la Grande vague de Kanagawa.
Critique : Tout le monde a en tête les dessins somptueux des vagues par l’artiste Hokusai. C’est d’abord là l’intérêt de ce film qui restitue l’existence de cet homme dont on en ignore pour la plupart d’entre nous le contenu. Le film présente deux parties très distinctes : les début fougueux de l’artiste qui s’oppose à toutes les formes de contraintes ; et la fin de vie, plus sage et tempérée, où l’homme tente d’accompagner un samouraï à l’écriture. Il ne s’agit pas d’un biopic ordinaire car l’existence du peintre se résume à deux parties de sa vie uniquement. On passe ainsi brutalement des premières années à ses dernières aux côtés de sa femme et sa fille, dans une résidence agraire.
- © Art House
La question est de savoir pourquoi ce choix narratif ne convainc pas vraiment. Il est vrai que les débuts impétueux du jeune artiste et la fin de son existence ont pour axe central la lutte contre la censure. On se rappelle d’ailleurs que nombre de dictatures importantes n’ont de cesse de gérer leur communication en interdisant l’expression des artistes. Pour autant, on sait combien la censure officielle permet l’innovation, obligeant les créateurs à déployer des stratégies inimaginables pour faire vivre leur art. Hokusai demeure ainsi une belle mise en abîme du processus de censure et de liberté qui cohabitent habilement dans toutes les sociétés étouffées par des régimes autoritaires. Mais la radicalité de la narration ne permet pas d’avoir une vision complexe et entière de l’homme qu’il a été. On pressent surtout un caractère, une force incroyables à tenir tête face aux autorités, mais on ne voit pas grand-chose de ses choix politiques, esthétiques et affectifs.
- © Art House
Force est de constater que les décors et les costumes sont très soignés. Hajime Hashimoto entraîne le spectateur dans l’univers sombre et tourmenté d’Edo. Si cette période a fortement contribué à l’hégémonie japonaise et à l’unité culturelle du pays, on perçoit combien l’art du dessin est manipulé par les autorités pour imposer un seul modèle social et intellectuel. La caricature est raillée, le réalisme mis à mal. En même temps, on découvre avec le film l’invention de l’imprimerie, permettant à Hokusai de diffuser ses estampes au plus grand nombre, mettant de fait au défi la propagande de l’État.
- © Art House
Mais voilà, nous serons restés à côté de ce film. Une heure de plus aurait été nécessaire pour appréhender la complexité intellectuelle, sociale et politique de ce grand peintre japonais.
- © Art House