Le 29 novembre 2016
Le portrait sensible d’un artiste qui consacre sa vie au verre soufflé.


- Réalisateur : Jérôme de Gerlache
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Français
- Durée : 1h14min
- Date de sortie : 14 décembre 2016

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Résumé : « Je suis tombé amoureux du verre, juste une passion, tu vois ? Et j’ai simplement continué depuis » Heart of Glass est un voyage. Un voyage au travers de plusieurs pays à la poursuite d’une histoire ; l’histoire d’un jeune souffleur de verre au talent singulier : Jeremy Maxwell Wintrebert. Jeremy nous parle de son histoire, de son passé douloureux, des tragédies qui l’ont laissé à terre, puis de sa renaissance, sa rédemption, et de ce métier qui a fait de lui un artiste. Du jour où il a rencontré le verre, la matière en fusion lui a permis de trouver comment exprimer sa colère, transcender sa tristesse en beauté, canaliser sa rage pour la transformer en objets qui tentent d’apporter un peu de beauté à ce monde. Il a brûlé ses démons dans le four de cette passion.
- Affiche du film Heart of Glass
Notre avis : Il serait facile de réduire ce documentaire à un parcours de résilience, dans lequel le verre aurait pour fonction de matérialiser la fragilité. La vie mouvementée de Jeremy Maxwell Wintrebert incite à cette lecture et il est vrai qu’à travers les témoignages de ses amis, ainsi que les propos du jeune homme lui-même, le déterminisme biographique s’impose comme le vecteur d’une passion dévorante. La personnalité bouillonnante de ce créateur trouverait alors son incarnation dans une matière en fusion et le lent travail qui consiste à donner une forme en voie de solidification épouserait le parcours d’un homme, assagi par des expériences dangereuses (dépendance à la drogue, accident de la route provoqué par la vitesse), ayant pris la mesure de son propre désordre intérieur. C’est la limite de ce film qui, du coup, chemine à travers un dispositif psychanalytique bien connu, celui de la sublimation par la création artistique.
La caméra suit l’artiste à travers des voyages incessants en voiture ou en avion, car les sollicitations dont il fait l’objet l’incitent à exposer dans des lieux prestigieux. Les séquences les plus intéressantes le montrent au travail, seul ou en équipe, exprimant dans des mots choisis son rapport à la matière. Mais il est dommage que, globalement, les exégèses des différents intervenants viennent sur-commenter une oeuvre parfaitement limpide par son immanence : ainsi, les lampes en forme de nuages, que Maxwell Wintrebert accumule dans sa maison, avant de les présenter à Londres ou à New-York, se comprennent tout à fait à l’aune d’une réalité souvent douloureuse.
Le documentaire s’achève en confession sur le divan, bien loin du récit d’un parcours créatif : les larmes du jeune homme émeuvent, lorsqu’il évoque son cancer et les formidables témoignages de soutien ou lorsqu’il étreint une amie de sa mère venue à une exposition. Mais pas sûr qu’au terme de ce film, on ait vraiment compris ce qui fait l’originalité de cet artiste.