Happy few
Le 29 juillet 2011
Du Todd Solondz light mais néanmoins consistant pour cette première oeuvre norvégienne qui nous fait l’effet d’un bon vin chaud par moins 30.
- Réalisateur : Anne Sewitsky
- Acteurs : Agnes Kittelsen, Joachim Rafaelsen, Maibritt Saerens, Henrik Rafaelsen
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Norvégien
- Date de sortie : 27 juillet 2011
- Plus d'informations : Le site officiel du film
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– Durée : 1h28mn
– Titre original : Sykt lykkelig
Du Todd Solondz light mais néanmoins consistant pour cette première oeuvre norvégienne qui nous fait l’effet d’un bon vin chaud par moins 30.
L’argument : Les Happy Christians sont des habitants du Sud de la Norvège, connus pour leur extrême positivisme. Ils sourient tout le temps et sont heureux à la folie ! Kaia est une Happy Christian ! Chaque jour que Dieu fait, elle remercie la vie pour sa famille... Et ce, même si les matins ne sont pas toujours ensoleillés. Mais l’arrivée de nouveaux voisins va lui faire prendre conscience de sa propre vitalité et influencer le comportement de tout son entourage...
Notre avis : En Norvège, pour lutter contre le froid, surtout dans la province reculée qui sert de toile de fond à ce premier film, certains donnent le change en accrochant sur leur visage un sourire de rigueur, même gercé, afin d’entretenir un semblant de chaleur humaine tout à fait illusoire. C’est le cas de Kaja, jeune mère au foyer, qui s’émerveille d’un rien alors que tout se disloque autour d’elle. La prise de conscience de cette situation va bien sûr venir de l’extérieur et plus particulièrement de l’arrivée de ce couple de nouveaux voisins qui va mettre le feu aux poudres.
- © Happiness Distribution
Des personnages qui se voilent la face pour ne pas exposer leurs fêlures, ce n’est pas nouveau, mais c’est toujours un réel plaisir de spectateur que d’assister à la désintégration de ces masques de circonstance. Il n’y a rien de plus jouissif que de dynamiter les bonnes mœurs et les noyaux familiaux pourris. Anne Sewitsky l’a bien compris et l’a sans doute appris en regardant les films de Todd Solondz, même si son Happy happy est plus light que Happiness, moins corrosif et plus poil à chatouiller que poil à gratter. Un exemple flagrant : un des points de réflexion du film est la répercussion des conflits adultes sur la psychologie enfantine, ce qui entraîne des scènes tragi-comiques dans lesquelles le fils de Kaja tyrannise le fils adoptif Noir des voisins en lui demandant d’être son esclave ! Mais le malaise créée est presque toujours désamorcé par la réconciliation joyeuse des enfants, comme si la cinéaste n’avait pas voulu aller trop loin dans son idée pourtant puissante, bien que dérangeante.
Il n’empêche, Sewitsky sait faire craquer le vernis de ses personnages avec subtilité. Les éléments nécessaires à la compréhension des secrets de chacun sont distillés par petites touches ce qui éveille et maintient notre intérêt pendant quasiment toute la durée du long-métrage. Elle filme avec humour et tendresse, même vacharde, les différents niveaux d’émancipation des personnages et les différents moyens pour y parvenir, que ce soit par le sexe, le chant, les aveux ou bien la violence, bref toute activité qui nécessite enfin un don de soi et une absence de tricherie. Faire sauter les barrières, se mettre à nu. Quoi de plus éloquent que cette scène fraîchement naïve dans laquelle Kaja et son voisin courent à poil dans la neige sans penser aux conséquences qui finiront par surgir bien entendu, car quand on ne se protège plus, on ne protège également plus son entourage...
- © Happiness Distribution
Oscillant constamment entre rires et larmes, avec retenue et intelligence, le film nous fait emprunter le chemin tortueux de la libération et l’on s’en délecte franchement malgré un dénouement, il est vrai, un peu paresseux, les pieds pris dans la glace, comme si encore une fois, Anne Sewitsky n’avait pas su aller au bout, hésitant devant toutes les pistes potentielles en ne se contentant finalement que de la plus évidente, à nos yeux en tous cas. Une première œuvre que l’on vous recommande tout de même chaudement.
- © Happiness Distribution
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