Halloween II - Rick Rosenthal - critique

Critique : Au vu du triomphe absolu rencontré par le premier opus de John Carpenter (plus de 60 M$ de recettes pour un budget d’à peine 300.000 billets verts), une suite est rapidement mise en chantier. Carpenter déclinera la réalisation d’Halloween 2 mais restera néanmoins attaché de très près au projet. Crédité ici en tant que producteur, compositeur et scénariste (le script est écrit en collaboration avec Debra Hill, son épouse de l’époque), Carpenter laisse sa place derrière la caméra à l’inconnu Rick Rosenthal, jeune réalisateur alors âgé de seulement trente-deux ans. Alloué d’un budget beaucoup plus confortable de 2,5 M$ et prévu pour une sortie à Halloween 1981 aux États-Unis, ce second opus s’avère encore une fois extrêmement rentable pour ses producteurs avec des recettes américaines qui atteignent les 25.5 M$ (un très bon chiffre qui ne représente pourtant que la moitié de ce qu’avait remporté en son temps Halloween, la nuit des masques).
Halloween 2 reprend à l’endroit exact où s’était terminé le premier film. Cette suite directe verra l’iconique tueur masqué Michael Myers poursuivre son carnage débuté dans la paisible banlieue de Haddonfield. Car tenez vous bien, il n’est pas mort (après avoir pourtant reçu plusieurs balles du docteur Loomis dans le buffet...) et compte bien finir le travail en se remettant illico sur les traces de la jeune Laurie Strode (Jamie Lee Curtis en "scream queen" toujours inspirée), amenée d’urgence à l’hôpital le plus proche pour se remettre de son premier face-à-face traumatique avec Myers.

Si la réalisation n’arrive pas à la cheville du film précédent, Rosenthal réussit toutefois à mettre en boîte un slasher qui n’est pas dépourvu de tempérament. Le sentiment d’insécurité est en effet constant, les meurtres de Myers plus frontaux et bien plus violents (on voit enfin un peu de sang) ; quant au voile qui entoure le rapprochement entre le tueur et la jeune Laurie Strode, il sera enfin levé. La légère mollesse de la partie banlieue se voit vite rattrapée par les séquences beaucoup plus nerveuses et crispantes à l’intérieur de l’hôpital. Myers y rôde et peut surgir à n’importe quel moment pour assassiner ses victimes, toujours sans laisser transparaître la moindre émotion. Le traitement qui lui est réservé dans cet opus déstabilise car l’on va encore plus loin dans sa représentation de l’incarnation du mal. Myers devient un être quasi invincible que plus rien n’arrête (et certainement pas les balles !), ce qui aura de quoi laisser le spectateur un peu perplexe puisque la brute masquée nous a été présentée jusqu’ici comme un être humain, certes dérangé intérieurement, mais nanti des mêmes failles que n’importe quel autre homme. Cette approche déjà amorcée dans la séquence finale du film de Carpenter tend vers une question fondamentale : est-ce sa puissante connexion avec le mal qui le rendrait si invulnérable ? La frontière séparant le personnage d’une certaine dimension fantastique finit au demeurant par s’étioler encore un peu plus.

En définitive, Halloween deuxième du nom est donc loin d’être un infréquentable et se classe aisément parmi les bons élèves de l’interminable saga (ça se dégrade grandement à partir du navet Halloween 4 bien que Michael Myers soit aux abonnés absents du troisième opus intitulé Le sang du sorcier). La surprise en moins, le slasher ne se situe certes plus au niveau de son chef-d’œuvre de modèle, mais parvient à prouver qu’il possède encore du caractère.