Masculin - Féminin ?
Le 18 janvier 2011
Pour son premier film, Laure Charpentier livre une comédie dramatique en demi-teinte, mais bien campée.
- Réalisateur : Laura Charpentier
- Acteurs : Eduardo Noriega, Marisa Paredes, Lou Doillon, Marie Kremer
- Genre : Drame, LGBTQIA+
- Nationalité : Français
- Date de sortie : 19 janvier 2011
- Plus d'informations : http://www.journaldegigola.com/
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– Durée : 1h42mn
Pour son premier film, Laure Charpentier livre une comédie dramatique en demi-teinte, mais bien campée.
L’argument : Gigola.
C’est l’histoire d’une jeune garçonne attirée par les femmes, de préférence belles et riches. Héroïne d’un film attachant par sa révolte, Gigola va vivre dans les années 60 une aventure exceptionnelle qui la projettera au coeur de Pigalle. Elle s’habille en homme, ne sort que la nuit, et fréquente assidûment les bars et cabarets homosexuels de la capitale. C’est cette vie nocturne que vous allez découvrir, une vie hors normes, choquante pour certains, fascinante pour d’autres...
Notre avis : Il souffle sur le premier film de Laure Charpentier un vent de liberté trompeur. Adapté de son propre roman, Gigola retrace l’ascension de George, une jeune femme en révolte contre l’autorité bourgeoise incarnée par sa mère (pieuse mais condescendante) et la médiocrité de son père (un artiste raté, incarnation de l’échec social), qui se livre à la prostitution auprès de femmes riches et puissantes. En soi, l’argument « romanesque » a de quoi séduire.
Et pourtant, difficile de savoir ce que Laure Charpentier a voulu faire de ce Pigalle des années 60, décrit comme un milieu dangereux - puisque les garçonnes y côtoient les maquereaux - mais que la nostalgie transforme ça et là, à son bon gré, en microcosme idéal. Cela entraîne une contradiction esthétique latente : le film se voudrait, par moments, très grave et « sérieux » - évocation des rapports conflictuels avec le père, mort de Dolly dans les dernières scènes - mais son esthétique relève plus du comique de situation (plans fixes lors des spectacles de cabaret, théâtralité des dialogues, etc.) que du grand drame psychologique ou du film noir. En choisissant de situer son premier long métrage dans les années 60, et en faisant de Gigola une jeune garçonne « dandy » (qui se comporte, grosso modo, comme une femme du XIX° siècle), Laure Charpentier a sacrifié à l’ancrage politique de son film - pourtant revendiqué - un sentimentalisme très personnel, tour à tour attachant et inaccessible.
A bon droit, la cinéaste a voulu échapper aux règles imposées par la bienséance, filmant le sexe de front, ne craignant pas d’aborder des thèmes jugés dangereux - comme la différence d’âge entre George et Sybil, sa première maîtresse. Choix louable, mais la revendication de liberté qui porte Gigola s’harmonise peu avec le caractère du personnage, tour à tour égoïste, manipulateur, voire franchement cruel à l’égard de ses maîtresses. On est loin de la personnalité sublime, et pourtant peu manichéenne, d’un personnage comme celui d’Aileen / Charlize Theron dans Monster.
Que reste-t-il de Gigola ? Une fraîcheur indéniable et qui rappelle, dans ses meilleurs moments, le style des premiers films d’Almodovar. Lou Doillon incarne avec beaucoup de dynamisme cette jeune femme contradictoire, au caractère inaccessible. Les secondes rôles, dans leurs emplois respectifs, sont convaincants : Thierry Lhermitte, en père absent et Marisa Berenson, en mère pieuse mais attachante, sont drôles, parfois touchants. Les différentes conquêtes de Gigola (sensible Marie Kremer, Marisa Paredes, en grande pompe dans le rôle d’une amante richissime) sont bien campées. C’est finalement dans la direction d’acteurs que Laure Charpentier s’avère la plus à l’aise. On regrette que son film n’ait pas assumé avec plus de panache ses influences comiques, proches du sitcom : c’est sans conteste dans ce registre que le Gigola trouve ses quelques moments de justesse.
La bande-annonce :ICI
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