George Sand. Ma vie à Nohant – Chantal van den Heuvel, Nina Jacqmin – la chronique BD

Co-éditée par le Centre des Monuments nationaux, cette biographie éclaire la vie de George Sand au prisme de son domaine de Nohant. Le scénario linéaire et plutôt bien construit de Chantal van den Heuvel pose le domaine familial comme le deuxième personnage principal du livre. L’incipit commence judicieusement par le procès de George Sand contre son médiocre époux, le baron Casimir Dudevant, qui lui conteste la possession du domaine de Nohant, dont elle conserve finalement la possession grâce au talent d’un avocat engagé. Cette scène d’introduction pose également de façon efficace la figure de George Sand, femme libre aux multiples amours qui s’émancipe des mœurs de son époque. Ce caractère très affirmé prend ses racines dans la figure maternelle, une ancienne fille de joie qui épouse un militaire. Cette mère abandonne toutefois sa fille aux soins de sa belle-mère plus au fait des conventions sociales, et retourne vivre à Paris. C’est ainsi que la jeune Aurore Dupin passe sa jeunesse – dont l’histoire occupe un tiers de l’album – à Nohant.

Jeune adulte, Aurore Dupin commet l’erreur de faire une mésalliance avec un homme rustre en voulant s’émanciper de sa grand-mère. Plus convenue, la suite de met en scène la George Sand écrivaine libre et passionnée de politique, qui entame plusieurs liaisons avec des intellectuels de son époque, Musset et surtout Chopin. La rupture entre Sand et le compositeur forme un tournant du récit, et Chantal van den Heuvel reprend à son compte la thèse de la jalousie de l’auteure en raison de l’affection que Chopin éprouve pour sa fille Solange, avec qui l’autrice s’entend mal.

Chantal van den Heuvel, Nina Jacqmin / Glénat

Si le féminisme de George Sand est bien mis en évidence à travers les choix de vie de l’autrice, on peut regretter que l’épisode de 1848 ne soit pas davantage développé, étant donné que l’écrivaine s’est engagée politiquement en faveur de la cause socialiste. Elle a d’ailleurs défendu la cause de ses amis socialistes dans une lettre émouvante à Louis-Napoléon Bonaparte, quelques jours après le coup d’État du futur empereur.

Chantal van den Heuvel, Nina Jacqmin / Glénat

La finesse du trait réaliste de Nina Jacqmin et la palette chromatique qu’elle utilise constituent incontestablement l’un des points fort de l’album. La jeunesse dessinatrice excelle dans la représentation des intérieurs et des jardins du domaine de Nohant, fruit d’un minutieux travail d’observation dans l’ancienne demeure de l’écrivaine. Les tonalités construite autour de nuances de bleu, le rose et de vert donnent vie à l’histoire et s’avèrent très agréable à l’œil.

George Sand. Ma vie à Nohant est une biographie et finement dessiné qui s’attache à situer la célèbre autrice dans son domaine familial.