Changement au village - la critique du film

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L’argument : Amoureuse de l’instituteur, une jeune femme est contrainte par sa famille d’épouser un autre homme. D’abord hostile, elle tombe finalement amoureuse de son mari. Contraint d’aller chercher ailleurs du travail, celui-ci part seul pour Colombo. Il ne revient pas.

Notre avis : Bien que son premier long-métrage date de 1956, Lester James Peries reste un cinéaste encore méconnu du grand public malgré la présentation de ses œuvres (au nombre de 19) dans des festivals prestigieux tels que Cannes, Berlin, Londres ou encore New Delhi. En dehors de quatre rétrospectives de par le monde (dont trois en France, notamment à la Cinémathèque Française en 1988), seul son dernier opus datant de 2003, Le domaine, a bénéficié d’une distribution commerciale. Découvrir enfin Gamperaliya nous ouvre donc les portes d’une filmographie reconnue au patrimoine cinématographique mondial : l’UNESCO a décerné à son réalisateur la « Fellini Gold Medal » en 2003.

© Héliotrope Films

Ce film de début de carrière (le troisième de son auteur) relate l’histoire de Nada, une jeune fille issue d’une famille bourgeoise sri-lankaise, mariée à un homme qu’elle aime modérément, mais qui correspond aux attentes de sa famille. Son cœur appartient à Piyal, l’instituteur amoureux qui ne peut l’épouser car il est issu d’un rang social inférieur. Gamperaliya est un drame sans action d’éclat. Le malheur s’exprime par les regards et les mouvements des corps. Lester Peries se concentre sur les émotions cachées, les désirs secrets, sur tout ce qui ne se dit pas mais se ressent intensément. L’héroïne est dans un état d’attente perpétuelle : pendant de longues années, dans l’expectative du retour de son mari parti refaire fortune, la jeune femme s’effondre régulièrement. Le cinéaste s’attarde sur son corps étendu, qui souffre de l’absence sur un lit vide où personne ne l’attend plus depuis longtemps. Les plans sont éloquents et l’émotion est intensifiée par le travail soigné de William Blake, le directeur de la photographie. La demeure familiale est magnifiée par la luminosité douce et naturelle, chaque élément du décor participant à témoigner de l’évolution de la vie de la famille.

© Héliotrope Films

Gamperaliya détaille les ressorts de la vie Cinghalaise dans les années 60 où la place de l’individu sur l’échelle sociale conditionne sa vie et ses rencontres mais pas toujours sa réussite personnelle. La fluidité scénaristique et la mise en scène simple mais parfaitement maitrisée (notamment l’impeccable direction d’acteurs) rend cette œuvre remarquable et invite à la découverte de la filmographie de Lester James Peries. Entamée en 2005, la restauration de quelques unes de ses œuvres majeures nous donne l’espoir de les voir un jour sur grand écran.

© Héliotrope Films