Horreurs nazies
Le 8 avril 2018
Bénéficiant de la présence magnétique de Klaus Kinski et d’une très bonne utilisation de l’espace, Crawlspace est un thriller horrifique très eighties dans l’âme qui mérite amplement d’être redécouvert.
- Acteurs : Klaus Kinski, Talia Balsam, Barbara Whinnery, Carole Francis, Tane McClure
- Genre : Épouvante-horreur
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Eurogroup
- Editeur vidéo : Vestron (éditeur VHS)
- Durée : 1h18mn
- Box-office : 99 255 entrées France / 26.122 entrées Paris Périphérie
- Titre original : Crawlspace
- Âge : Interdit aux moins de 16 ans
- Date de sortie : 26 novembre 1986
Bénéficiant de la présence magnétique de Klaus Kinski et d’une très bonne utilisation de l’espace, Crawlspace est un thriller horrifique très eighties dans l’âme qui mérite amplement d’être redécouvert.
L’argument : Gunther, fils d’un médecin nazi, ne loue ses appartements qu’à de jeunes et jolies filles. Pourquoi ? Sans doute parce que l’inquiétant Gunther est un fin voyeur qui apprécie de les torturer jusqu’à ce que mort s’ensuive.
Notre avis : David Schmoeller est principalement connu pour être l’auteur de Tourist trap, un petit film d’horreur fort sympathique. Pourtant, il a réalisé d’autres films qui méritent largement le détour. C’est le cas de Crawlspace, sorti étonnement dans les salles françaises en novembre 1986, où il eut une carrière terne d’une poignée de semaines (26.122 entrées seulement sur Paris !), avant de devenir un hit vidéo, un an plus tard, chez Vestron.
A l’origine, David Schmoeller souhaitait mettre en scène un vétéran du Vietnam qui “pète un câble” et fait le ménage autour de lui à son retour des champs de bataille, thématique très à la mode dans les années 80. Son producteur, le prolifique Charles Band, n’était pas d’avis à surfer une fois de plus sur la vague et songeait plutôt à une production sur un nazi dément. Du coup, Crawlspace narre les agissements meurtriers du fils d’un médecin nazi, Gunther (joué par Klaus Kinski), qui possède une petite résidence où il loue des appartements à des jeunes femmes, dans un but de voyeurisme et de sadisme.
Le film se déroule en huis-clos puisque l’on ne quitte jamais la résidence où sévit le dangereux fils de nazi. Ce choix se fait par souci d’économie, Charles Band ira jusqu’à faire utiliser les décors d’un autre film produit par la boîte de production Empire Pictures.
A cet effet, Fou à tuer utilise parfaitement l’espace avec notamment l’idée bien agencée d’un double plafond où le prédateur nazi surveille en permanence ses futures victimes. La référence à Fenêtre sur cour paraît évidente, les nombreuses séquences complaisantes en plus, puisque l’on nage dans les formules d’exploitation de la série B. Le spectateur masculin a largement de quoi se rincer l’œil avec un nombre important de jeunes starlettes des années 80 dénudées.
Doté d’un rythme inégal, Fou à tuer vaut surtout pour la prestation hallucinée de son acteur principal. Le regard habité de Klaus Kinski fait froid dans le dos. Cet acteur, décidément très charismatique, aux portes de la folie, interprète le rôle central avec ambiguïté et une certaine complexité. C’est d’abord un homme fou qui se rappelle sans cesse le passé hitlérien, comme le démontre la scène où il déclare “Heil Gunther” en lieu et place de "Heil Hitler".
Ensuite, les meurtres agissent sur lui comme une drogue. Il semblerait avoir conscience de l’horreur de ses actes et agit sous l’effet d’une addiction au sang, il sait que seule sa mort pourra l’arrêter. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il joue à la roulette russe après chacun de ses méfaits. C’est une façon pour lui de jouer avec la Mort et de répondre de ses actes. S’il continue à vivre, c’est donc que son heure n’est pas encore venue. Il conclut alors son étrange rituel par la formule “ainsi soit-il”.
Pour l’anecdote, il est intéressant de savoir que la relation entre Klaus Kinski, acteur aux sautes d’humeur légendaires, et le réalisateur du film, a été très tendue. A tel point que plusieurs années après la sortie de Crawlspace, Schmoeller a réalisé un court métrage intitulé “Please Kill Mr Kinski” (1999). On regrettera que ce documentaire d’une durée de 9 minutes soit sorti alors longtemps après la mort de l’acteur allemand. Il n’aura pas eu de droit de réponse.
Quant à Crawlspace, son intérêt ne se limite pas à l’interprétation de son personnage principal et à l’excellente utilisation de l’espace. Ce petit thriller horrifique dispose d’un autre atout de taille pour les amateurs du genre : les séquences de meurtres. Celles-ci se révèlent assez variées et font preuve d’un humour noir réjouissant. Ils se déroulent dans une ambiance décalée, l’état d’esprit décontracté du tueur, via différents pièges qui se trouvent dans la résidence, digne des maisons en chausse trappe.
Dernier élément notable : la musique de Pino Donaggio (Carrie, Blow out) qui est fort plaisante, avec notamment cette étrange comptine qui évoque quelque peu l’univers des gialli. Le compositeur avait déjà collaboré avec le réalisateur sur Tourist Trap/Le piège.
Au final, cette série B de la fin des années 80, révélatrice d’une époque peu favorable au genre (ce fut l’un des derniers films de Charles Band à sortir dans nos salles), est certes inégale, mais bénéficie d’un cachet eighties dans son esthétique plutôt plaisant. Son ambiance générale ravira les nostalgiques. Et l’interprétation de Klaus Kinski mérite à elle seule le détour ! Quant au réalisateur, devenu par la suite habitué des produits vidéo, il se fera une grande renommée avec Puppet Master (1989) et le film de science-fiction The Arrival avec Charlie Sheen (1991).
Le film resta 3 semaines en salle à Paris. A l’issue de sa 2e semaine parisienne, le thriller perdit tous ses écrans, à savoir 8 salles, dont le Paramount Opéra (devenu le Gaumont Opéra), l’UGC Montparnasse, le Rex, le Fauvette et le fameux Forum Cinémas.
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Frédéric Mignard 29 juin 2014
Fou à tuer (en pleine possession de ses moyens) - la critique du film
Un peu répétitif, pas très démonstratif dans ses scènes gore toujours très soft, ce thriller Empire joue maladroitement au chat et à la souris.