Le 5 janvier 2018
Devant la caméra de Sergio Castellitto, l’actrice Jasmine Trinca crève l’écran en mère célibataire maltraitée par la vie.
- Réalisateur : Sergio Castellitto
- Acteurs : Hanna Schygulla, Stefano Accorsi, Jasmine Trinca, Alessandro Borghi , Edoardo Pesce
- Genre : Drame
- Nationalité : Italien
- Distributeur : Paname Distribution
- Durée : 1h43mn
- Date de sortie : 24 janvier 2018
- Festival : Festival de Cannes 2017
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Résumé : Fortunata a une vie tourmentée, une fille de huit ans et un mariage raté derrière elle. Elle est coiffeuse à domicile, vit en banlieue, traverse la ville, entre dans les appartements bourgeois et colore les cheveux des femmes. Fortunata se bat tous les jours avec une détermination farouche pour réaliser son rêve : ouvrir un salon de coiffure et prendre en main son destin, conquérir son indépendance et son droit au bonheur. Fortunata sait que pour aller au bout de ses rêves, il faut de la persévérance : elle a pensé à tout, elle est prête à tout, mais elle n’a pas pris en compte la variable de l’amour, la seule force perturbatrice capable de faire vaciller toutes ses certitudes. Aussi parce que, pour la première fois peut-être, quelqu’un la regarde telle qu’elle est et l’aime vraiment.
Critique : Porter un film sans faillir un seul instant a permis à Jasmine Trinca de faire chavirer la Croisette et de remporter le Prix de la meilleure actrice à Un Certain Regard. Sa performance dans ce rôle de mère célibataire à la fois forte et fragile, vient confirmer toute l’étendue d’un talent déployé depuis Nos plus belles années de Marco Tullio Giordana. C’était il y a quatorze ans déjà, en 2003. Dans Fortunata ("chanceuse" en italien), ce visage qui devient rapidement familier et voit passer aussi bien les rires que le rimmel humidifié par les larmes va servir de fil conducteur. La proximité de l’actrice avec la caméra implique alors émotionnellement le spectateur, jamais tenu à distance durant 1h40. Le réalisateur Sergio Castellitto (À corps perdus, Venir au monde), qui fut aussi acteur, dresse ici un portrait compassionnel, celui d’une femme maltraitée par la vie, condamnée à se débattre tout en bas de la hiérarchie sociale, la main de sa fille accrochée à la sienne. Fortunata, c’est pour ainsi dire un pur produit des faubourgs romains façon Mamma Roma de Pasolini mais avec un look hérité de Julia Roberts dans Erin Brockovich.
- Copyright Universal Pictures International
Bien décidée à aller de l’avant, Fortunata s’imagine une vie meilleure pour elle et Barbara (Nicole Centanni), sa fille de huit ans. La coiffeuse à domicile en banlieue romaine rêve d’ouvrir son propre salon de coiffure avec l’aide de son ami Chicano (Alessandro Borghi), tatoueur de métier. Un jeune homme fragilisé par sa bipolarité et un penchant pour les substances illicites, qui doit également prendre soin de sa mère (Hanna Schygulla), une ancienne comédienne qui perd la boule à cause de la maladie d’Alzheimer. En plein divorce, Fortunata est néanmoins rattrapée par les ennuis. Son ex-mari (Edoardo Pesce), un homme violent qui a du mal à tourner la page, va tenter de lui subtiliser la garde de Barbara. À côté de cela, la petite fille, perturbée par la séparation des parents, doit se soumettre aux discussions chez un psychologue pour enfants (Stefano Accorsi, remarquable). Au fil des consultations, l’attraction s’intensifie et le cœur du thérapeute va succomber pour la belle Fortunata.
La fausse blonde en talons hauts et jupe courte file alors vers son destin, entourée de proches plus ou moins bienveillants. Ce petit monde parfois insolite se débat à l’intérieur de la toile du quotidien tissée par une mise en scène sans surenchère de style. La caméra plaquée à l’actrice nous fait parcourir les rues solaires du quartier de Torpignattara avant de s’introduire dans les petits appartements de prolétaires italiens.
- Copyright Universal Pictures International
Ce regard concret qui n’essaye jamais d’en rajouter une couche, appuyé par une bande originale jouant un rôle à part entière, va participer à la réussite du mélodrame qui flirte par certains moments avec le feel good movie (chansons pop et grain d’humour à l’appui), pour lui permettre de faire briller avec éclat la part d’humanisme qu’il contient. La conclusion du long métrage en est d’ailleurs l’exemple parfait. Un concentré de poésie radieuse qui débouche sur un message d’espoir, la courageuse Fortunata cherchant à se réconcilier avec elle-même.
Sergio Castellitto continue sur sa lancée paraphant un film parfaitement digne et en mesure de toucher en plein cœur tous les publics. Une parfaite illustration de ce que le cinéma italien peut proposer de meilleur à l’heure actuelle.
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