Le 5 mars 2019
Un petit film qui, sur des bases connues, intrigue et parvient à effrayer.
- Réalisateur : Alexandra Schmidt
- Acteurs : Katharina Thalbach, Mina Tander, Laura de Boer
- Genre : Drame, Thriller
- Nationalité : Allemand
- Durée : 1h42mn
- Titre original : Du hast es versprochen
- Date de sortie : 17 octobre 2013
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– Année de production : 2012
Résumé : Hanna et Clarissa, deux amies d’enfance, avaient l’habitude de passer ensemble leurs vacances d’été avec leurs parents dans une maison de campagne située sur une petite île. Ayant perdu le contact à l’âge de 9 ans, elles se retrouvent par hasard 25 ans plus tard. Hanna est désormais mariée, mère de famille et travaille dans un hôpital. C’est là qu’elle retrouve Clarissa, hospitalisée d’urgence pour overdose. Les deux jeunes femmes renouent alors le fil de leur amitié et décident d’aller passer quelques jours sur l’île de leur enfance. Mais une fois sur place, les fantômes du passé et des secrets terrifiants ressurgissent...
Notre avis : De temps en temps, un film venu d’on ne sait où parvient à surprendre, faisant oublier les kilomètres de pellicule sans goût que tout amateur ingurgite. Non pas un film parfait, on peut même reprocher à Forgotten des facilités et des incohérences. Mais un film qui montre une efficacité redoutable, tout en travaillant, on le sent bien, des thèmes profonds et secrets. L’histoire de vengeance à long terme repose sur un acte enfoui dont, évidemment, on ne saura le fin mot que dans les dernières séquences : deux petites filles en vacances sur une île s’amusent dans une sorte de bunker et un drame qu’on ne voit pas (pour le suspense, bien sûr, mais aussi parce que Hanna, l’une des deux, l’a chassé de sa mémoire) survient. 25 ans plus tard, elles se retrouvent par un hasard que l’on soupçonne vite d’avoir été provoqué. Se met alors en branle la vengeance, celle d’une petite fille maltraitée, dans un environnement inquiétant : une poissonnière mielleuse, un rustre menaçant, un jeune homme trop empressé. Clarissa et Hanna doivent faire face et sont bientôt bloquées sur l’île.
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On sursaute quand la porte de la cave se ferme, quand le « fantôme » apparaît, quand Léa, la fille d’Hanna, le suit. On sursaute, mais les effets semblent faciles : musique brutale, montage cut, cri, on est habitué à ces stratagèmes. Si Forgotten marque, c’est bien plutôt qu’il met en scène dans une tension croissante des peurs universelles qui ont à voir celles de l’enfance. L’enfance, non pas celle idyllique que nous réinventons, mais celle des terreurs : le noir, les histoires effrayantes, les secrets inavoués, les sentiments les plus noirs ; ainsi du frère qui dit à sa sœur qu’il ne veut plus la voir et l’abandonne, des filles qui jouent sadiquement sans mesurer les conséquences. Bref, le monde des pulsions à l’état brut qui trouvent dans les sous-sols, les caves et les fosses leur terrain d’élection. En cela le film réussit pleinement son contrat : non pas faire peur sur le moment pour distraire, mais s’adresser à l’enfant apeuré qui est toujours en nous et le faire remonter à la surface.
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Le trait est un peu chargé par la blancheur de la neige et des robes, par la lumière évanescente, mais c’est pour mieux tromper son monde : très vite le rouge du sang et le noir de la fosse contrebalancent la pureté affichée. Le sang, qu’on retrouvera à divers moments clé comme fin de l’innocence et marque de l’impureté, la fosse comme symbole d’un inconscient dans lequel Hanna enfouit ce qu’elle ne peut avouer. Tout d’ailleurs dans le film est affaire d’aveux, mais d’aveux extorqués ou faux, comme si la vérité n’advenait que sous la contrainte ou dans la violence : le mari cache une liaison qu’elle le force à avouer, Clarissa n’avoue que face à l’évidence et après avoir été frappée. Quant à la vengeance de la poissonnière, on découvrira qu’elle repose sur un mensonge. Autrement dit, les personnages évoluent dans un monde d’apparences dans lequel chacun, consciemment ou pas, joue un rôle. Les identités se diluant derrière des carapaces fragiles, il n’est pas très étonnant que le film ait à voir avec la folie et la peur d’être manipulé, de ne pas être reconnu, d’être un simulacre dont l’existence soit volé. En ce sens, Forgotten est terrifiant, bien plus que dans le plan machiavélique mais au fond assez commun au cinéma. Et la dernière image, après deux fausses fins, ne rassure en rien ; elle renvoie au fantastique affleurant pendant tout le métrage et donnant à son titre une nouvelle dimension.
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