Le 1er novembre 2024
Tout simplement un film d’animation somptueux qui renouvelle totalement le genre.
- Réalisateur : Gints Zilbalodis
- Genre : Animation, Film pour enfants, Film animalier, Survival
- Nationalité : Français, Belge, Letton
- Distributeur : UFO Distribution
- Durée : 1h25mn
- Titre original : Flow
- Âge : À partir de 8 ans
- Date de sortie : 30 octobre 2024
- Festival : Festival de Cannes 2024
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Résumé : Un chat se réveille dans un univers envahi par l’eau où toute vie humaine semble avoir disparu. Il trouve refuge sur un bateau avec un groupe d’animaux. Mais s’entendre avec eux s’avère un défi encore plus grand que surmonter sa peur de l’eau ! Tous devront désormais apprendre à surmonter leurs différences et à s’adapter au nouveau monde qui s’impose à eux.
Critique : On est habitué à des films d’animation où les animaux sont dotés de paroles et adoptent en tout point les comportements et l’organisation humains. Flow, le chat qui n’avait plus peur de l’eau prend un parti quelque peu différent dans la mesure où d’une part les hommes sont absents, et d’autre part, ils n’abandonnent pas leurs identités animales tout en se drapant peu à peu dans un anthropomorphisme cher à ce type de films. Flow est un chat ordinaire, qui habite dans une demeure désertée où manifestement vit un artiste adepte des tableaux et des sculptures de félins. Il se fait courser par des chiens pour un vol de poisson jusqu’au moment où l’univers qui le contient se retrouve submergé d’une nappe immense d’eau réduisant la Terre à un océan bruyant. Le petit héros poilu se réfugie sur un bateau abandonné qui va se remplir peu à peu d’autres animaux comme un ragondin, un lémurien, un chien et une sorte de pélican géant.
Dit comme cela, le récit paraît un peu décalé ou hors sol. En réalité, le réalisateur letton, Gints Zilbalodis, entraîne les spectateurs dans un monde aquatique et végétal, jonché de monuments incas ou de villes taillées à la manière de Venise, absolument fascinant. On se perd dans une réalité complexe où tous les repères s’estompent, à travers les yeux de ce chat noir, étonnant de vivacité et d’intelligence. Voilà un film qu’il faut aborder en se défaisant de tous les réflexes de vraisemblance. Certes, les animaux finissent par adopter des attitudes humaines, mais le spectateur doit accepter de se retrouver dans un monde très proche des jeux vidéo, où les moteurs de la réalité sont complètement revisités. Ainsi, le long-métrage se transforme en un récit de voyage fascinant où l’aventure se raconte avec l’obligation de survivre face à une nature qui devient monstrueuse.
- Copyright UFO Distribution
Flow, le chat qui n’avait plus peur de l’eau est donc à sa façon, un film catastrophe. Sauf que les humains ont disparu et que le repeuplement du monde passera par les animaux. L’entraide entre les protagonistes devient le seul moyen pour échapper à l’envahissement des flots qui détruisent peu à peu tout ce qui pourrait ressembler de près ou de loin à un paysage habitable. Même les arbres sont engloutis par l’eau, et il ne demeure plus que des montagnes très pointues qui menacent de percer le ciel où des poissons immenses, semblables à des baleines préhistoriques, rayent la surface de l’océan.
Gints Zilbalodis bouscule tous les repères du spectateur. Il invente un genre nouveau, pétri d’une imagination très féconde qui dépasse toutes les limites de ce qu’on a déjà sur un grand écran en matière de cinéma d’animation. On se demande d’ailleurs pourquoi le jury d’un Certain Regard 2024 n’a pas récompensé cette œuvre bluffante d’un bout à l’autre. L’immersion du spectateur est totale, dans une symphonie de couleurs, sons, lumières et mouvements. Pendant une heure trente, on se laisse porter dans un récit qui réécrit les frontières entre le réel, le conte et le cinéma.
Il faut saluer l’attention portée aux mouvements des animaux. On a l’impression troublante d’avoir en face de soi un chat ou un chien véritables, tant les mouvements copient admirablement les gestes de nos petits animaux de compagnie. De plus, la mise en scène permet sans aucun problème aux spectateurs de tout âge de s’identifier à ces héros en fuite, pourtant muets. Cela dénote d’un soin magistral apporté à l’écriture du scénario qui ne cède jamais à aucune facilité narrative.
- Copyright UFO Distribution
La sélection cannoise a multiplié les films d’animation en 2024. C’est peu dire de l’importance aujourd’hui de ce genre de moins en moins considéré comme mineur. En atteste la récompense honorifique décernée aux studios Ghibli par le Festival de Cannes. Gints Zilbalodis s’affirme comme un réalisateur majeur du XXIe siècle, lequel permet à ce genre de prendre un nouveau souffle. Assurément, Flow, le chat qui n’avait plus peur de l’eau marquera l’histoire du cinéma d’animation, autant pour la forme, l’esthétisme invoqué que l’écriture elle-même.
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