Le 13 septembre 2015
Un film très inégal, à la seconde partie décevante.
- Acteurs : Slimane Dazi, Didier Michon, Farida Amrouche
- Genre : Drame
- Nationalité : Français, Marocain
- Editeur vidéo : La Vingt-Cinquième Heure
- Durée : 1h30mn
- Date de sortie : 29 octobre 2014
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– Sortie DVD : le 1 septembre 2015
Un film très inégal à la seconde partie décevante.
L’argument : Déterminé, Benjamin décide à 13 ans d’aller vivre chez son père qu’il ne connaît pas. Benjamin veut grandir. Vite. Karim, son père, habite toujours chez ses parents et se laisse porter par la vie. Il se retrouve démuni face à cet adolescent insolent et impulsif qui va violemment bouleverser leur vie, dans ce quartier aux multiples visages.
Notre avis : Schématiquement, Fièvres se compose de deux parties : dans la première, la plus réussie, Karim découvre son fils, insolent, brutal, ordurier, qui fume et boit. On suit le gamin dans ses déambulations, crâne rasé, toujours vêtu de la même manière (veste rouge et sac à dos) et les conflits qu’il ne cesse de provoquer. Le talent du réalisateur éclate dans ces marches au milieu d’un désert urbain, comme dans la manière de saisir le visage fermé de Benjamin. Il réussit moins les personnages secondaires : Claude, le Noir philosophe-poète-prophète sombre dans la caricature grandiloquente ; Nounours, le comparse de Karim, ne parvient pas à exister. Même les grands-parents manquent d’épaisseur. En revanche la démarche masochiste et suicidaire du fils, comme le trajet intérieur du père qui le conduit à l’accepter sont passionnants, voire poignants ; ainsi le plan-séquence dans lequel Karim pleure est-il un beau moment d’ émotion.
Puis tout bascule : le père manque de jeter le fils du balcon, le fils de poignarder le père. Et, dans une scène magnifique de pudeur, ils se comprennent ; non pas par des mots, mais par un contact : Karim déshabille Benjamin et le sèche. Mais cette séquence, si elle est réussie, fait aussi entrer le film dans la seconde partie, plus mièvre, celle de l’acceptation générale. Là, c’est trop : Karim accepte son fils, son frère, son père ; Benjamin sourit à la vie et efface son tag ; les grands-parents font l’amour … Il faudra la fin, qui sonne comme une rédemption cruelle et brutale, pour retrouver un peu de l’énergie de la première partie.
© Commune Image Média / La Vingt-Cinquième Heure
Le film est à l’image de cette dichotomie : pour une belle idée (le frère qu’on ne voit que quand Karim l’a accepté ou l’enfermement de la mère dans l’appartement, mis en scène avec beaucoup de sûreté), combien de séquences approximatives dans le jeu (le conflit avec les voisins), les dialogues (Nounours !) la réalisation ou le rythme. Sans doute y a-t-il trop de pistes à suivre pour qu’elles soient réellement exploitées. C’est d’autant plus dommage que les acteurs principaux et l’enfant en particulier sont remarquables et, ce qui est assez rare, la musique dépasse le simple pléonasme pour amplifier, assombrir ou rendre élégiaque quelques passages.
Les suppléments :
Passionnant entretien avec le comédien principal, le réalisateur et le chef-opérateur qui reviennent sur de nombreux aspects du film , des intentions au tournage avec l’enfant. S’il n’évite pas la distribution d’éloges, il apporte beaucoup d’informations et d’analyses.
L’image :
Belle image précise qui épouse les parti-pris du cinéaste, notamment pour le traitement de la couleur.
Le son :
La piste 2.0 restitue admirablement les nuances des voix, et même la confusion des dialogues. La musique est limpide.
Galerie photos
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