Le 9 juillet 2018
Deuxième édition réussie pour ce jeune festival toujours aussi bien organisé et qui propose une programmation de grande qualité.
Encore une fois marqué par une chaleur éprouvante et une certaine désaffection du grand public – début des vacances scolaires et Coupe du monde de football oblige – le festival Tout-Court de Gisors (27) qui célèbre le court-métrage n’en reste pas moins un rendez-vous incontournable dans la région pour tous les cinéphiles soucieux de découvrir la jeune création française et internationale. L’année prochaine, la troisième édition devrait d’ailleurs être délocalisée dans une nouvelle salle plus moderne et surtout au mois de mai qui sera sans doute davantage propice. Mais finalement peu importe ces quelques remarques puisque l’ensemble du festival a été une fois de plus un succès qualitatif.
Rappelons qu’une partie des sélections sont réalisées par des jeunes gens faisant partie d’une association locale et qu’au final, l’organisation est bien plus rigoureuse que dans certaines manifestations plus célèbres ou prestigieuses, notamment dans le respect des horaires. Vendredi 6 juillet, la soirée d’ouverture nous a permis de découvrir un joli film intitulé Mon père le poisson de Britta Potthoff et Adrien Pavie qui fait preuve d’un beau sens poétique. Puis, la projection du premier film de Robinson Pamart intitulé Entre le bien et le mal, tourné en grande partie au lycée Louise Michel de Gisors, a révélé un jeune talent qui ne demande qu’à éclore. Si le scénario n’était pas exempt de défauts, la réalisation correcte et surtout la très bonne direction de jeunes acteurs non-professionnels sont encourageants.
La journée du samedi a vu la projection de l’ensemble des films courts en compétition. Parmi les excellentes surprises de cette sélection, l’auteur de ces lignes aimerait mettre en avant quelques courts qui n’ont pas obtenu de prix, mais qui méritaient toutefois d’être distingués. On retiendra notamment dans cette catégorie La convention de Genève de Benoît Martin qui détourne les clichés sur la banlieue de manière savoureuse et ingénieuse. On signalera également le très anxiogène #tagged qui traite du harcèlement par le biais du téléphone mobile en signifiant également que les jeunes ne vivent plus que par les réseaux sociaux. Certes, le processus a déjà été expérimenté par Michael Haneke, mais le réalisateur Martijn Winkler fait preuve d’un vrai talent pour créer l’angoisse autour d’une situation devenue malheureusement banale. Enfin, dans la sélection des encadrants qui était hors compétition, nous avons beaucoup aimé En apnée de N’Gouda Prince Ba et surtout le bouleversant Lui dire de Virginia Bach.
En soirée, la séance du ciné-concert animée par le musicien et bruiteur Jean-Carl Feldis fut l’un des grands moments de convivialité du festival. Autour de deux courts burlesques (Charlot déménageur et puis Oranges et citrons avec Stan Laurel qui a déclenché l’hilarité des plus petits), Jean-Carl Feldis a proposé une musique vraiment originale, puis il a invité le public à bruiter en direct une scène d’un film de Buster Keaton. L’occasion pour l’ensemble du public présent de comprendre les méthodes des bruiteurs, le tout dans une bonne humeur communicative. Un grand merci donc pour cette excellente expérience collective. La séance nocturne intitulée Pas pour les petits fut plus inégale, avec toutefois quelques bonnes surprises comme Blackout de Maxime Baudin, La fille accordéon d’Anaïs Vachez et surtout Nos enfants de Sarah Suco.
Enfin, n’oublions pas de signaler parmi la sélection officielle la très bonne tenue de tous les courts qui ont été finalement primés et dont la fibre sociale a su nous toucher. Nous pensons notamment à Fifo sur le parcours d’un employé obligé par sa direction de javelliser les poubelles du supermarché où il travaille, 112-pizza sur les femmes battues, La dame du premier sur l’illettrisme ou encore Malik sur la difficulté de vivre au grand jour son homosexualité dans les banlieues. Tous ont su marquer les esprits.
Nous tenions à remercier chaleureusement toute l’équipe du festival pour leur accueil et en particulier Luis Parmentier pour son implication constante. Un grand merci aussi aux jeunes de l’association et aux bénévoles, ainsi qu’aux membres du jury lycéen. Au plaisir de tous vous retrouver l’an prochain pour une nouvelle édition.
Palmarès :
– Prix du jury professionnel : Fifo de Sacha Ferbus
– Coup de cœur du jury professionnel : Malik de Nathan Carli
– Prix de la ville de Gisors : 112-pizza
– Prix du jury lycéen : La dame du premier d’Elizabeth Richard
– Coup de cœur du jury lycéen : Artem Silendi de Franck Ychou
– Prix du public : Malik de Nathan Carli
– Prix du jeune public : Lili dans les nuages de Toma Leroux
Galerie photos
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