Le 9 mars 2020
Juan Solanas donne la parole aux militantes du droit à l’avortement et aux victimes des avortements clandestins, pendant le vote de la loi sur la légalisation de l’IVG, en 2018. Un documentaire nécessaire.
- Réalisateur : Juan Solanas
- Genre : Documentaire, Politique
- Nationalité : Argentin
- Distributeur : Destiny Films
- Durée : 116 minutes
- Titre original : Femmes d'Argentine - Que Sea Ley
- Date de sortie : 11 mars 2020
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Résumé : En Argentine, où l’IVG est interdite, une femme meurt chaque semaine des suites d’un avortement clandestin. Pendant huit semaines, le projet de loi a été âprement discuté au Sénat, mais aussi dans la rue, où des dizaines de milliers de militants ont manifesté pour défendre ce droit. Les féministes argentines et leur extraordinaire mobilisation ont fait naître l’espoir d’une loi qui légalise l’avortement.
Destiny Films, 2020
Notre avis : Femmes d’Argentine donne la parole aux militantes du combat pour l’avortement, dont les foulards verts, qui ont été particulièrement nombreux dans les rues de Buenos Aires, lors du vote de la loi sur la légalisation de l’IVG, au parlement argentin en juin 2018. Juan Solana a construit son documentaire sur une suite de chapitres, interrogeant d’abord les militantes, puis les victimes d’avortements clandestins, puis le mouvement pro-vie, etc. Le tout entrecoupé d’images de Buenos Aires et de ses environs, des faubourgs miséreux au tours du CBD de la capitale économique argentine. Les manifestations sont longuement filmées, ainsi que les femmes qui investissent l’espace public d’une manière renouvelée.
Ce documentaire est évidemment nécessaire, et son sujet brûlant et tragique. Les témoignages face caméra des femmes ayant avorté au péril de leur vie, voire des proches qui restent après que certaines ont disparu, sont très poignants, courageux, puissants. Il est assez inimaginable pour nous Françaises de voir que l’avortement reste illégal dans une société qu’on pense… développée ? Et que les problématiques sont les mêmes en Argentine qu’en France, avant la légalisation. L’interdiction de l’avortement pose un problème majeur de santé publique, qui vise exclusivement les femmes pauvres. Et il y en a bien plus qu’on imagine en Argentine : 33% des femmes argentines vivent sous le seuil de pauvreté. Celles qui racontent leur histoire demeurent dans des bidonvilles, et ont à leur charge entre deux et six enfants. Ces personnes-là ont avorté dans des conditions médiévales : persil, aiguille à tricoter, sonde, etc. Ainsi, 50 000 à 70 000 femmes par an sont conduites à l’hôpital au cours d’un IVG qui tourne mal.
Destiny Films, 2020
Ces récits et ces chiffres font mal au cœur. L’Eglise, très puissante, retarde beaucoup la modernisation des mœurs, et la médecine n’est pas en reste. C’est tout juste si les jeunes filles qui arrivent à l’hôpital après un avortement ne sont pas jetées dehors. La preuve en est, le Sénat argentin a réussi à refuser la loi en 2018 (et en 2019)… Ce documentaire est très convaincant, même si d’un point de vue purement cinématographique, on a affaire au minimum syndical, puisque la mise en scène et la construction du récit sont quasiment inexistants. Le découpage en « chapitres » n’est pas très clair, et l’on ne peut pas dire que le récit progresse sensiblement du début à la fin du propos. Malgré ces réserves, Femmes d’Argentine est un film hautement recommandable.