Le 15 août 2023
Malgré le thème très intéressant de l’emprise politique sur les apparitions de la Vierge à Fatima, le film se perd dans un romantisme et un maniérisme surannés qui font perdre tout l’intérêt du propos.


- Réalisateur : Marco Pontecorvo
- Acteurs : Joaquim de Almeida , Harvey Keitel, Goran Visnjic, Sonia Braga, Ana Moreira
- Genre : Drame historique
- Nationalité : Américain, Portugais
- Distributeur : Saje Distribution
- Durée : 1h53mn
- Date télé : 16 août 2024 21:10
- Chaîne : C8
- Date de sortie : 6 octobre 2021

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Résumé : Portugal. 1917, trois jeunes bergers de Fatima racontent avoir vu la Vierge Marie. Leurs révélations vont toucher de nombreux croyants mais également attirer la colère des représentants de l’Eglise et du gouvernement. Ils vont tout faire pour essayer d’étouffer l’affaire et obliger les trois enfants à se rétracter. Mais la rumeur s’est propagée dans tout le pays. Les pèlerins affluent à Fatima en espérant être les témoins d’un miracle.
Critique : En 2021, sauf décisions très particulières du cinéaste, quand on vient parler d’une histoire qui se passe au début du vingtième siècle dans un village portugais, la moindre des choses est de faire jouer les comédiens dans la langue locale. Fatima, au contraire, commet la faute de goût de proposer un récit entièrement tourné et écrit en langue anglaise. Les acteurs d’ailleurs sont à l’image de ce choix particulièrement surprenant. S’ils sont censés incarner des paysans du Portugal, à l’époque subissant une pauvreté indicible, ils donnent à voir des personnages chatoyants, aux allures bourgeoises, au mieux sortis de la Petite maison dans la prairie. Le maniérisme avec lequel ils endossent leur rôle précipite définitivement le récit dans une succession de bondieuseries épuisantes et grotesques.
- Copyright Saje Distribution
Pourtant le sujet était intéressant. En effet, Marco Pontecorvo invite le spectateur à découvrir les apparitions de la Vierge à Fatima dans un Portugal en guerre, décidé à faire la peau à tout ce qui peut avoir trait de près ou de loin avec la religion. Cette vision très politique de la légende constitue le seul élément qui mérite d’aller au bout de l’histoire. On se rend compte que la laïcité peut avoir la dent aussi dure que certains mouvements ultra-religieux. A cela s’ajoute, non sans malice, l’appropriation par l’économie de la mythologie religieuse, dans les traits d’un petit garçon qui vend à la foule monstrueuse des objets pour prier. Mais en dehors de ces quelques aspects, rien ne sauve le film. L’étalonnage a privilégié une couleur jaunâtre, censée rajouter du romantisme au récit. La musique obstrue les images et le jeu des comédiens s’enlise dans des pleurnicheries et des dialogues sans fin.
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Bref, ce Fatima, dont le titre n’a strictement rien à voir avec le film très réussi de Philippe Faucon, est un ratage absolu qu’on oubliera très vite.