Le 4 juin 2019
Le retour aux sources pour une danseuse espagnole, filmé dans un souci du détail et du dépouillement, au risque parfois de l’ennui, en forme d’hommage à la très grande chorégraphe Pina Bausch.
- Réalisateur : Meritxell Colell
- Acteurs : Monica Garcia, Concha Canal, Elena Martin
- Genre : Drame
- Nationalité : Espagnol, Français, Argentin
- Distributeur : La Huit Distribution
- Durée : 1h47mn
- Titre original : Con el viento
- Date de sortie : 5 juin 2019
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Résumé : Mónica a 47 ans, elle est chorégraphe et vit à Buenos Aires. Quand elle reçoit un appel de sa sœur qui lui apprend que leur père est très malade, elle décide de se rendre à son chevet, dans son village natal au nord de l’Espagne. A son arrivée, son père est déjà mort, elle va rester pour aider sa mère à vendre la maison familiale. Au fil des longs mois d’hiver dans ces terres arides et isolées, Mónica redécouvre cette femme qu’elle n’a pas vue depuis vingt ans.
Notre avis : Ce corps qui hésite, qui souffle, qui se tord et qui irradie de lumière, c’est celui de Mónica. C’est une femme sans âge, à la fois encore très belle, mais dont on pressent sur le visage les blessures de la vie et du temps. Elle apprend que son père est mourant. Elle doit quitter Buenos Aires pour rejoindre la demeure familiale en Espagne, où elle va saluer son père pour la dernière fois. Face au vent est un film inclassable qui parle autant d’art scénique, de deuil, de pages qui se tournent que de reconstruction familiale. Force est de constater que la réalisatrice semble très proche de son actrice, comme si elle avait entrepris un récit biographique sur cette artiste qui retrouve sa mère, après des années de séparation. La proximité entre la cinéaste et la comédienne est telle que l’on perçoit comme une forme d’amour entre les deux personnes. La caméra scrute les détails du visage, la silhouette dans un écrin de nature, et la femme s’engage dans un corps-à-corps dansant face au vent et la mer.
- Copyright Polar Star Films
Bien sûr, Face au vent est aussi le récit d’une femme qui retrouve sa mère au moment où cette dernière perd son mari. La relation se renoue dans le silence des objets, et la contemplation de cette magnifique maison, plantée dans la montagne, que la mère a décidé de vendre. Une nouvelle vie se prépare pour la vieille dame qui devra habiter un appartement plus adapté à son âge. Les deux personnages ne se reconnaissent plus ou à peine. L’une doit apprivoiser les forces de la nature et le travail ingrat de la terre, l’autre doit découvrir la façon dont l’artiste brave l’univers avec son corps. Elles réapprennent à s’aimer dans une pénurie de paroles.
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Le dépouillement est le fil conducteur principal de ce récit où il ne se passe pas grand-chose. La succession de petits riens prend le pas sur un scénario qui aurait été trop dense ou trop volubile. On pense à un cinéma durassien, les dialogues en moins, avec l’austérité des images. On pense aussi au cinéma de Vincent Dieutre, dont la portée autobiographique et contemplative l’emporte sur le mouvement. La quête poétique est évidente. Pourtant, si l’ennui s’insinue, le film est sauvé par une photographie très noble. Le choix des couleurs opéré par la réalisatrice est très intéressant, passant du bleu des villes au jaune quasi poussiéreux de la campagne. Certes, le rapport de cette femme à son art frise parfois l’orgueil, et l’agacement du spectateur n’est pas loin, pour autant, on saluera une esthétique du cinéma novatrice et adaptée à l’hommage qui est fait à l’immense Pina Bausch.
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