"En ma fin est mon commencement"
Le 4 août 2019
Un film à visée universelle, qui laisse des traces tant il incite à une réflexion profonde sur nos modes de vie. A découvrir absolument.
- Réalisateur : Wi-ding Ho
- Acteurs : Jack Kao, Huang Lu, Louise Grinberg, Lee Hong-Chi
- Genre : Drame, Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters, Science-fiction
- Nationalité : Américain, Français, Taïwanais, Chinois
- Distributeur : Les Bookmakers
- Durée : 1h47mn
- Titre original : Xing Fu Cheng Shi
- Date de sortie : 10 juillet 2019
- Festival : Festival du film Policier de Beaune
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Résumé : Trois nuits de la vie d’un homme. Trois nuits à traverser un monde interlope, qui ont fait basculer son existence ordinaire. Il est sur le point de commettre l’irréparable. Mais son passé va le rattraper…
Notre avis : Oubliez Hollywood et le cinéma européen : l’avenir du septième art, c’est l’Asie ! Que conclure d’autre, face à la déferlante de films de grande qualité venus du Japon, de Corée du Sud ou encore de Chine, qui envahissent nos écrans avec des mises en scène originales, des scénarii inédits et une manière d’appréhender le monde (et de le montrer) bien différente ? Là où l’industrie américaine multiplie les films de supers-héros et les remakes, au risque de lasser et où le cinéma européen peine à se renouveler, le cinéma asiatique acquiert de plus en plus d’adeptes, comme en témoigne son succès grandissant dans les plus grands festivals.
Après le triomphe du film sud-coréen Parasite au Festival de Cannes 2019, qui a vu le jury présidé par le cinéaste mexicain Alejandro González Iñárritu le récompenser légitimement de la Palme d’or, place désormais au lauréat du Festival du film policier de Beaune. Proposé par le réalisateur malaisien Wi-ding Ho, Face à la nuit est le fruit de huit ans de travail et le témoin d’une coopération internationale (mécènes taïwanais, casting international, directeur de la photographie français…). Grâce à une incroyable mise en scène, qui sépare le film en trois parties bien distinctes, ce long métrage se distingue par une montée en intensité surprenante, réussissant par là-même à capter de plus en plus l’attention d’un public invité à analyser, s’interroger et à être attentif à chaque détail.
Trois parties, trois moments de la vie d’un même homme, qui a connu trois nuits décisives, contribuant à faire de lui l’homme qu’il est devenu. Le tout proposé à rebours, le début du film correspondant au crépuscule de l’existence d’un antihéros incarné par trois acteurs différents. Un coup de maître, tant l’œuvre monte en puissance jusqu’à sa dernière scène, magistrale.
- © The Jokers Films
Certes inégales, les trois parties permettent de suivre le même personnage, surfant sur différents aspects psychologiques grâce à une mise en scène qui reprend la même logique que la psychanalyse. Car s’il est vrai que chaque individu a des raisons très personnelles et souvent obscures pour tous les autres d’agir de telle manière, alors Face à la nuit tente d’entrer dans l’esprit d’un personnage, de prime abord totalement hermétique à la moindre compréhension.
Une première partie sur la vieillesse, une seconde sur l’âge adulte, une troisième sur l’adolescence… Tout semble indiquer que les clés de la psychologie de ce personnage se trouvent dans son passé. C’est là où réside tout le génie du réalisateur : perdre son public dans la psyché d’un homme dévoré par l’amertume, en construisant tout son scénario sur des thèmes tels que le regret, le temps qui passe, les échecs... En suivant le même personnage sur plus de quarante ans, Wi-ding Ho cherche à démontrer comment un évènement à priori anodin, un couac dans le rouage, peut finalement changer notre destin.
- © The Jokers Films
L’enjeu est alors de garder l’attention du spectateur, tout au long des trois parties ; la simple analyse du comportement humain ne suffit pas. La première partie est lente, descriptive et manque de rythme. La seconde commence à donner quelques clés de compréhension, concentrant à elle seule la majorité de l’action.
La troisième partie, paradoxalement la plus courte, est formidable. Elle justifie à elle seule tout le processus, à commencer par une chronologie inversée qui permet de mieux appréhender tout un contexte social, ainsi qu’une certaine réalité contemporaine. Plaçant l’individu étudié dans son environnement, le réalisateur questionne ici les tendances actuelles : réseaux sociaux, chirurgie esthétique, clonage… Face à ces pratiques, qui ont des répercussions considérables sur les relations humaines, comment notre société va-t-elle évoluer ? Face à la nuit dépeint une réalité inquiétante, et un futur qui risque de l’être encore plus, tant l’individu sombre dans la solitude face à des aspects de son existence qu’il ne maîtrise pas vraiment.
- © The Jokers
Tourné à Taipei, le film ancre ainsi son histoire dans le monde réel, cherchant à toucher tous les publics, en utilisant plusieurs langues et en noyant les caractéristiques de la capitale taïwanaise dans un flot de détails, afin que chacun puisse s’identifier à des questions que l’on se pose tous sur le futur de nos sociétés contemporaines, et finalement de la planète entière.
Un film captivant.
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