Extant, critique de la saison 1

Extant, une nouvelle série de science-fiction qui joue sur plusieurs tableaux. Efficace, mais peu originale. Halle Berry, à la carrière convalescente, est tout à fait convaincante.

L’argument : Après avoir passé un an dans l’espace, où elle a vécu une expérience intense, l’astronaute Molly Woods tente de reprendre une vie normale auprès de sa famille composée de son mari, John, un scientifique surdoué, et Ethan, leur fils, un petit garçon pas comme les autres. En effet, celui-ci n’est pas le fruit naturel de leur union, vu que Molly est stérile : il a été conçu par son père comme le premier prototype d’une future lignée de "Humanichs", des "robots humains". Mais le retour de Molly va justement avoir des conséquences dramatiques sur la planète entière et sur le destin de l’humanité...

Notre avis sur la saison 1 : Série de science-fiction diffusée sur CBS en période estivale, Extant avait réussi un excellent démarrage, avec 9.5 millions de spectateurs avant de chuter progressivement pour terminer à seulement 5.4 millions de fans.
En France, Extant est diffusée depuis le 29 septembre 2014 sur M6 avec une trajectoire similaire à celle rencontrée sur CBS. Après une première diffusion ayant rassemblé 3.1 millions de spectateurs pour chacun des trois premiers épisodes, la semaine suivante, 600.000 spectateurs ont été portés disparus et par la suite l’audience a poursuivi son déclin.
Si l’on parler d’un semi-échec sur le plan commercial, cette série ne démérite pas totalement au niveau qualitatif. Extant joue à fond la carte du fantastique avec deux thématiques tout à fait passionnantes. D’un côté, l’héroïne du film, Molly Woods, une astronaute venant de passer 13 mois dans l’espace, se retrouve enceinte en dépit de sa stérilité. Le mystère autour cette fécondation ne sera révélé que progressivement, avec un lien autour d’une vie extraterrestre. D’un autre côté, le mari de Molly, John, est un brillant scientifique qui a créé leur enfant : Ethan, un humanich (variante d’humanoïde). Les questions morales autour de la création d’un robot doté d’un système de pensée sont riches et ne manquent pas de susciter l’intérêt.
D’ailleurs, tout au long de la saison, Ethan est tiraillé entre sa volonté d’être libre et celle de faire confiance à ses parents humains. Il est clair que cet enfant-robot a un rôle important à jouer dans cette série, au terme notamment d’un treizième et dernier épisode crucial. A travers l’existence de l’humanich et via la recherche de moyens d’allonger la vie, Extant traite ni plus ni moins que de la vie éternelle.

Avec ses intrigues et sous-intrigues multiples, cette série peut, de prime abord, donner l’impression de partir dans toutes les directions. Pourtant, il existe un réel fil conducteur entre le parti pris d’une vie extraterrestre malfaisante, la création d’un humanoïde et l’espoir d’une vie éternelle. Il réside dans le danger que constitue la science. A trop vouloir sonder les mystères de l’univers, on ne sait trop ce que l’on risque de découvrir et ramener (songeons à Alien) et qui pourrait bien causer la perte de l’Homme. De plus, à vouloir créer un être identique à l’Homme, celui-ci pourrait songer à se retourner contre son créateur, de peur de disparaître un jour (Blade runner).

La qualité de la distribution constitue l’un des ajouts majeurs de la série. Halle Berry interprète de façon convaincante le rôle principal de Molly, à qui elle donne une vraie profondeur. Avec une palette de jeu plus variée qu’on pourrait l’imaginer, l’actrice oscarisée distille une véritable empathie. Pour lui rendre la pareille, Goran Visnjic, le fameux docteur Kovak de la série Urgences, est à la fois un brillant scientifique, un mari aimant et un père attentionné. De son côté, Pierce Gagnon, campe à merveille cet humanich qui a du mal à trouver sa place dans la société.
Mais alors, avec des thématiques riches et des acteurs charismatiques, de quoi souffre Extant ? En fait, la série pâtit d’un manque d’originalité. Tout ce qui est développé est fascinant, mais l’originalité est rarement de mise. La création de l’humanich évoque à la fois l’excellente série Caprica et AI intelligence artificielle réalisé en 2001 par Steven Spielberg. Or, ce dernier est tout simplement le producteur d’Extant. Ce ne sont pas là les seules références cinéphiliques. On songe également à 2001 odyssée de l’espace (Molly communiquant avec l’ordinateur Ben) ou au récent Gravity (une femme égarée, seule dans l’espace).
Au fur et à mesure que l’intrigue avance, d’autres références font corps, allant d’Alien à The thing. Autant dire qu’Extant mange un peu à tous les râteliers et peine évidemment à construire sa propre identité dans ce melting-pot cinématographique.

Par ailleurs, si les 13 épisodes de cette première saison se suivent de manière ludique, l’intrigue aurait sans doute mérité d’être condensée. En l’état, le scénario avance parfois un peu trop laborieusement, alors que les enjeux sont assez vite compréhensibles. Par moment, les scénaristes donnent l’impression de ne pas avoir eu d’autre choix que d’étendre un scénario qui n’en demandait pas tant. Par manque d’inspiration ? Un comble pour une oeuvre qui pille tant de classiques.
Au final, Extant laisse un sentiment mitigé : trop convenable pour se démarquer et effacer l’air de déjà-vu. Son semi-échec (ou sa semi-réussite) sur le plan commercial a longtemps laissé planer de sérieux doutes quant à la production d’une seconde saison. Ce qui aurait été fort dommage car la série est loin de démériter et son treizième et dernier épisode s’achève sur une fin ouverte, qui laisse entendre que les choses sont loin d’être terminées.
Les fans d’Extant peuvent se réjouir : CBS a confirmé avoir commandé une saison 2. Et pourquoi pas, après tout ?