Le 8 juillet 2020
Une troublante course pour la survie d’un trio qui se retrouve prisonnier d’un incendie, dans une station de métro en construction. Haletant et à déconseiller aux claustrophobes.
- Réalisateur : Rasmus Kloster Bro
- Acteurs : Kresimir Mikic, Christine Sønderris , Samson Semere , Adrian Heili
- Genre : Drame, Thriller
- Nationalité : Danois
- Distributeur : Damned Distribution
- Durée : 1h24mn
- Titre original : Cutterhead
- Date de sortie : 15 juillet 2020
L'a vu
Veut le voir
Résumé : Rie, une journaliste danoise, visite le chantier du métro de Copenhague pour réaliser un projet sur la coopération européenne. Mais sous terre, un accident se produit. Rie se retrouve bloquée dans un sas de décompression aux côtés de Bharan et Ivo, deux ouvriers. Le reportage se transforme en cas pratique, où chacun doit apprendre à coopérer pour espérer survivre.
Critique : Elle est journaliste. Elle en a l’arrogance et le dédain, même si elle entreprend de descendre dans une bouche de métro, pour dresser le portrait de ces ouvriers de l’extrême. Et elle y va avec ses questions totalement déconnectées de la réalité de ces hommes, enfermés toute la journée dans un milieu professionnel hostile et compliqué. Elle va juste mettre dans l’embarras un Erythréen dont on comprend à demi-mot qu’il est employé au noir, afin de survivre et d’envoyer de l’argent à sa famille. Mais malgré son apparence de journaliste confirmée, elle ne saisit pas la complexité de ces gens, contraints à l’abomination d’un métier dangereux, mal considéré, et dont on oublie vite l’existence quand, plusieurs années plus tard, on emprunte le métro en tant que passager. Jusqu’à ce que l’accident survienne et que sa suffisance soit mise à l’épreuve de son instinct de survie.
- Copyright Damned Distribution
La véritable originalité d’Exit vient du fait que toute l’action se passe dans le milieu barbare d’une station de métro en construction. Les films survivalistes empruntent souvent comme opportunité narrative un monde hyper moderne qui advient de l’apocalypse nucléaire, quand il ne s’agit pas de l’aventure héroïque d’un homme face à lui-même et à l’hostilité du monde. Ici, l’action s’inscrit dans un univers totalement contemporain au nôtre, tel qu’il peut exister dans plusieurs villes du globe, sans que l’on sache d’ailleurs vraiment que ce type de chantier immense est rempli de dangers pour les ouvriers qui y travaillent. En ce sens, ce premier film du Danois Rasmus Kloster Bro constitue d’emblée une sévère critique contre le monde du travail moderne, peu soucieux de la santé de ses ouvriers, a fortiori quand il s’agit d’exilés du bout de la planète. Il y a une très grande innovation dans ce récit haletant, où le spectateur est amené à s’interroger lui-même sur tous ces chantiers qu’il peut côtoyer dans sa vie, sans se soucier des risques que prennent les femmes et les hommes qui y œuvrent. L’autre originalité réside aussi dans le choix d’une femme en tant que personnage central, laquelle ne brille pas par son intelligence. Elle contient en elle tout le mépris dont nous-mêmes pouvons être les artisans, sans le vouloir, enfermés dans nos habitudes bourgeoises et urbaines. Exit sonne en quelque sorte comme une forme de lutte des classes, dans un paysage ultra-stylisé conçu à partir de métaux, couloirs, poussières et matériaux de chantier.
- Copyright Damned Distribution
Exit traite également du pire dont l’homme est capable, dès lors qu’il se retrouve dans ses situations extrêmes où sa survie est en jeu. Tout y passe : l’égocentrisme, l’égoïsme, la haine, jusqu’à la déconsidération de l’autre dans le seul intérêt de sa propre perpétuation. Si le sujet ne manifeste pas une très grande originalité, le point de vue terrible de la fragilité de nos humanités traverse le récit de bout en bout. Le spectateur reste accroché à son fauteuil, les dents serrées, jusqu’à ressentir lui-même l’impression de suffocation et d’horreur. Le cinéaste va jusqu’au bout de sa logique, au risque qu’on lui reproche un parti pris réducteur sur sa vision de l’homme. En tout cas, ce premier film est une fiction totalement maîtrisée, tant dans la mise en scène, la gestion des décors que le travail sur l’image. Le son, d’une remarquable efficacité, apparaît comme un personnage à lui tout seul, promenant le spectateur au rythme de l’angoisse qui se déroule sous ses yeux.
- Copyright Damned Distribution
Véritablement, quand le spectateur parvient à s’extraire indemne de cette aventure souterraine et brûlante, il n’a qu’une question en tête : à quand le prochain long-métrage de Rasmus Kloster Bro ?
La chronique vous a plu ? Achetez l'œuvre chez nos partenaires !
Galerie Photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.