Monster
Le 3 juin 2021
Un thriller psychologique qui se perd dans ses descriptions, tout en ayant le mérite d’évoquer le fléau des violences conjugales, dont l’engrenage ne sera jamais assez évoqué au cinéma.
- Réalisateur : Vaughn Stein
- Acteurs : Casey Affleck, Michelle Monaghan, Veronica Ferres, Sam Claflin, India Eisley
- Genre : Thriller
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Originals Factory
- Durée : 1h45mn
- VOD : En e-Cinéma
- Date de sortie : 4 juin 2021
L'a vu
Veut le voir
Résumé : Phillip, psychiatre, voit sa vie bouleversée par le suicide soudain d’une de ses patientes. Lorsque le frère de celle-ci s’invite chez lui et rencontre sa femme et sa fille, la vie de famille et la carrière de Philip semblent voler en éclats…
Critique : C’est en 1983 que Sting compose la chanson Every Breath You Take, qui figure sur l’album Synchronicity, cinquième et dernier opus studio du groupe de rock britannique The Police. L’artiste, alors fraîchement séparé de l’actrice Frances Tomelty, d’avec qui il divorcera l’année suivante, y parle de jalousie, de possessivité et relate le désir de contrôle d’un personnage sinistre sur la vie de son amour perdu, qu’il n’hésite pas à surveiller.
Il n’en fallait pas plus au réalisateur et scénariste américain Vaughn Stein pour en faire le titre de son troisième long-métrage, un thriller qui s’attarde sur la psychologie de ces hommes qui considèrent leurs compagnes comme leurs propriétés et toute relation extérieure comme une menace. Profitant du succès des thrillers psychologiques, qui ont le vent en poupe depuis 2014 et le triomphe de Gone Girl de David Fincher, Vaughn Stein a voulu dresser le portrait d’un pervers narcissique glaçant, dépeignant ce personnage vicieux qui, en perdant sa compagne et en la voyant lui échapper, va s’immiscer dans une famille qu’il juge responsable afin de la détruire ; tout le savoir-faire d’une telle démarche repose sur le cynisme d’un homme qui sait reconnaître les faiblesses de l’autre et les exploiter.
- Copyright Originals Factory
Mais si le propos du film est de montrer comment l’engrenage du harcèlement moral et des violences conjugales se met en place, en tant que processus conscient et réfléchi, le rythme est trop lent et ne permet pas à Sam Claflin d’exposer toute la perversité de son personnage. En voulant absolument faire de son thriller un long métrage psychologique, le réalisateur se perd dans la description des personnages, de leurs failles et de leur fragilité, ne laissant ainsi plus assez de temps au grand méchant pour tisser sa toile. Les trois-quarts du film sont ainsi employés à poser le décor et à expliquer pourquoi tel personnage souffre et se montre vulnérable, à la merci d’un être machiavélique dont le temps d’antenne n’est alors plus suffisant.
De même, et alors que l’œuvre dure moins de deux heures, la révélation finale est mal amenée : elle ne fournit pas davantage d’explications, ni ne montre comment la victime s’est retrouvée entre les mains d’un pervers qui aurait pu nous glacer le sang, si Sam Claflin en avait eu l’occasion.
- Copyright Originals Factory
Noyé dans une avalanche de couleurs froides et une photographie qui reflète leurs démons intérieurs, le reste du casting se démène pour représenter une famille qui implose à la suite d’un drame, entre l’adolescente perturbée, la mère effondrée et le père torturé, campé par un Casey Affleck qui semble bien moins à l’aise dans le rôle du papa endeuillé que dans l’excellent Manchester By the Sea. Peut-être, précisément, parce que les deux personnages se ressemblent trop... Alors que son interprétation dans le film de Kenneth Lonergan lui avait permis de déployer toute une palette d’émotions et de montrer une sensibilité à fleur de peau, Casey Affleck semble ici s’ennuyer, perdu dans un projet qui exige qu’il tire sur les mêmes cordes, prêtant ses traits à un homme brisé, dont tout l’entourage semble pointer du doigt la responsabilité, dans un drame dont il n’est pas coupable. Si le choix de cet acteur se justifie, tant il s’est montré brillant dans des projets divers, il questionne tant les parallèles entre les deux films, d’une facture bien différente, sont nombreux.
- Copyright Originals Factory
Every Breath You Take est malgré tout un long métrage qui traite du fléau des violences conjugales, ayant le mérite d’inciter à la méfiance et de montrer qu’en recevant l’aide et la compassion que toute victime mérite, il est possible de s’en sortir et de se reconstruire. Pointant du doigt les agresseurs et s’attardant sur toute la dureté des conséquences de leurs actes sur leurs victimes, le thriller expose cette part d’ombre si bien dissimulée que le harceleur paraît autant charmant aux yeux de tous qu’il est machiavélique et violent dans l’intimité.
Si le message est essentiel, le film se perd trop pour devenir une œuvre de référence sur ces problématiques. Inutile, donc, de retenir son souffle...
Galerie Photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.