Le 21 janvier 2019
Un film intense et rare, dans une Italie stupéfiante d’argent et de désinvolture, où la fraternité et l’amour sont mis à l’honneur grâce à une mise en scène à la fois sobre, ironique et ambitieuse.
- Réalisateur : Valeria Golino
- Acteurs : Jasmine Trinca, Isabella Ferrari, Riccardo Scamarcio, Valerio Mastandrea, Valentina Cervi, Marzia Ubaldi
- Genre : Drame
- Nationalité : Italien
- Distributeur : Paname Distribution
- Durée : 1h55mn
- Date de sortie : 20 février 2019
- Festival : Festival de Cannes 2018
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Résumé : Deux frères que tout semble opposer vont apprendre à se découvrir et à s’aimer. Matteo, extravagant, extraverti, jongle avec la facilité de ceux qui ont réussi, et Ettore, clown triste, introverti, joue jusqu’à la corde avec les silences. Quand l’austérité et la fantaisie se rencontrent, la vie les emporte dans un tourbillon de tendresse et d’euphorie.
Critique : Ils sont deux frères opposés autour d’une mère envahissante, qui ne fait pas vraiment dans la délicatesse. Matteo est riche, très riche, voire trop riche, là où son frère, Ettore, appartient à la classe moyenne des professeurs. L’un, gay, dépense sans compter, dans son appartement romain d’un luxe éblouissant, et l’autre, hétérosexuel, préfère à la vie bobo romaine, la profondeur des livres et la beauté de la nature. Et pourtant, la maladie va réunir les deux frères, mettant le talent de l’un à rendre supportable le choc des traitements pour l’autre.
- © Andrea Pirrello
Quand on regarde ces deux portraits d’hommes, si antagonistes, on pourrait craindre un téléfilm caricatural, campé dans des caractères manichéens, à la façon d’un mauvais pastiche de La Bruyère. En réalité, la réalisatrice, dont c’est le deuxième film après le savoureux Miele, qui traitait déjà des thèmes de la mort et de la maladie, installe son récit dans une capitale romaine truculente et fascinante. Elle emprunte un regard ironique et attachant sur ses personnages urbains, particulièrement Matteo, d’une effarante extravagance à la limite de la désinvolture, comme si elle réglait ses propres comptes contre une société aisée qu’elle connaît et fréquente. On pense notamment à cette scène totalement incroyable, où Matteo fait croire à son neveu que la mendiante, couchée à terre, feint son état de pauvreté, et l’enjambe alors allègrement. Et pourtant, Matteo ne se résume pas au mauvais bougre que l’on imagine. C’est un homme esseulé, malheureux, et d’une profonde humanité.
- © Andrea Pirrello
Indéniablement Riccardo Scamarcio et Valerio Mastandrea forment un duo fraternel, convaincant et attachant. Chacun incarne un caractère tranché, sans jamais tomber dans la grossièreté ou le ridicule. On pense à la tradition italienne de la comedia dell’arte dans ces rodomontades réjouissantes que les deux comédiens jouent avec ravissement. Les acteurs parviennent à transformer le récit en un subtil drame familial et social où le cynisme et le rire ne sont jamais loin. Le film assume volontairement des dialogues très écrits qui entretiennent l’ambiguïté d’un ton à la fois véritablement sensible et résolument cocasse.
- © Andrea Pirrello
On ne peut pas clore ce papier sans saluer le très beau travail de la photographie qui s’attache à décrire une Italie lumineuse et colorée. La mer, la ville, la route sont filmées avec grâce, même quand, au milieu du ciel, une mouette lâche de son bec un poisson énorme, encore vivant, sur le visage d’un des frères. Manifestement, Valeria Golino cherche à valoriser la beauté de l’Italie, ce qui ne l’empêche pas de s’amuser et de rire de son propre pays dont on aurait tendance bien souvent, à le résumer à une pièce de musée.
- © Andrea Pirrello - affiche française Paname Distribution
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