Les blondes ne comptent pas pour des prunes
Le 7 juillet 2004
Une fiction futée et faussement sucrée sur les rapports pervertis entre les hommes et les femmes.
- Réalisateur : Frank Oz
- Acteurs : Nicole Kidman, Christopher Walken, Matthew Broderick, Bette Midler
- Genre : Comédie, Fantastique
- Nationalité : Américain
- Editeur vidéo : Universal Pictures Video
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– Durée : 1h33mn
– Titre original : The Stepford wives
Une fiction futée et faussement sucrée sur les rapports pervertis entre les hommes et les femmes.
L’argument : Tout semble aller pour le mieux dans la vie de Joanna. Mais le jour où elle est virée, c’est la désillusion absolue. Déprime passagère où elle se rend compte qu’elle n’est pas assez proche de ses enfants et que son mari s’ennuie sec. Elle quitte New York avec sa tribu et s’installe dans la banlieue de Stepford, drôle de lieu a priori accueillant et rassurant ; en réalité, plus inquiétant qu’il n’y paraît.
Notre avis : Au départ, il y a Stepford wives, un roman terrifiant de Ira Levin. En 1975, Bryan Forbes en a tiré un thriller fantastique de haute tenue, en forme de métaphore prophétique et angoissante sur les rapports humains. Près de trente ans plus tard, Frank Oz l’a remodelé en comédie frivole. Certains s’en plaindront, d’autres apprécieront. Dans tous les cas, les films de Forbes et Oz sont dissemblables dans leur forme mais traitent d’un sujet préoccupant qui traduit un malaise sociétal évident.
Cette relecture se présente plus comme un voyage initiatique où un couple en crise se remet en question suite au licenciement de madame. Le prologue plutôt amusant dans lequel on assiste à un fragment d’émission de télé-réalité avec un couple mis à rude épreuve par des filles faciles et des hommes baraqués sonne comme un clin d’œil à la cérémonie des Oscars - déjà présentée par Glenn Close - dans In and out. En réalité, sous son aspect drolatique, cette séquence furtive tend à montrer que les rapports entre les hommes et les femmes sont pervertis. Le fait que la présidente de la chaîne EBS (Nicole Kidman, impeccable), responsable de cette émission, tombe dans un village où la vision de l’amour est robotisée (les hommes dirigent des femmes-objets via une télécommande magnétique) a une valeur morale. Qu’est-ce qui est le plus honteux finalement : des émissions où les êtres humains sont réduits tels des bouts de chair ou des hommes qui transforment leurs femmes en poupées esclaves et androïdes ?
Cette fiction futée fait de l’anticonformisme son fer de lance : que l’on se rassure, on ne vivra jamais dans un monde parfait. La tonalité faussement sucrée du sujet n’est pas sans évoquer le sous-estimé Pleasantville, formidable conte de science-fiction dans lequel un adolescent pénètre avec sa sœur dans une série télé des 50’s et bouleverse les mœurs d’une ville policée, engluée dans un puritanisme et un conformisme écœurants. Et l’homme créa la femme, titre mal choisi, clin d’œil hasardeux au film de Vadim, exploite le même ressort, avec moins de bonheur, mais non sans malice. Sur fond de conflits entre l’individu et la masse, l’imperfection et l’uniformité, cette comédie cache un propos intéressant qui ne se réduit heureusement pas à un alignement exponentiel de blagues potaches sur des blondes qui le valent bien. C’est un divertissement estival exemplaire, rehaussé par une brochette de comédiens adéquats (mention spéciale pour Glenn Close). Seulement, en voulant s’affranchir de la dimension horrifique et des ambiguïtés du roman originel, ce précipité loufoque n’est pas aussi incisif qu’on pourrait le souhaiter. Et l’effet s’en ressent : il se regarde aussi vite qu’il s’oublie.
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