Le 18 avril 2022
En mêlant la tragédie du conflit israélo-palestinien et le destin contrarié d’une famille recluse dans un village, Eran Kolirin réalise un tour de force.
- Réalisateur : Eran Kolirin
- Acteurs : Salim Daw, Alex Bachri, Juna Suleiman
- Genre : Drame, Politique
- Nationalité : Israélien, Français
- Distributeur : Pyramide Distribution
- Durée : 1h41mn
- Titre original : Vayehi Boker
- Date de sortie : 13 avril 2022
- Festival : Festival de Cannes 2021
L'a vu
Veut le voir
Résumé : Sami vit à Jérusalem avec sa femme Mira et leur fils Adam. Ses parents rêvent de le voir revenir auprès d’eux, dans le village arabe où il a grandi. Le mariage de son frère l’oblige à y retourner le temps d’une soirée.... Mais pendant la nuit, sans aucune explication, le village est encerclé par l’armée israélienne et Sami ne peut plus repartir. Très vite, le chaos s’installe et les esprits s’échauffent. Coupé du monde extérieur, pris au piège dans une situation absurde, Sami voit tous ses repères vaciller : son couple, sa famille et sa vision du monde.
Critique : Eran Kolirin n’a rien perdu de l’esprit faussement désinvolte de La Visite de la fanfare. De nouveau, le cinéaste installe sa caméra dans un village perdu derrière des montagnes que l’on pourrait imaginer à l’abri des enjeux politiques entre la Palestine et Israël. Sauf que les routes ont été coupées par une armée maladroite, empêchant tout accès pour se rendre à Jérusalem, et contraignant Sami et sa famille à demeurer au domicile parental. Le ton est donné dès les premières séquences. Les colombes refusent de s’envoler en pleine cérémonie de mariage et le jeune époux, à peine marié, refuse de partager le lit conjugal. Il y a beaucoup de rires dans cette fable politique et sociale ; mais il ne faut pas se tromper. Le propos est grave, proportionnellement à une situation terrible qui perdure et sépare les individus dans des forteresses morales et physiques.
- Copyright Pyramide Films
Et il y eut un matin porte un titre intrigant. Ce matin à venir est-il celui d’une paix impossible entre les Palestiniens et les Israéliens, voire même les sans-papier de Palestine qui se cachent sur les terres juives ? Ce matin est-il celui d’une société moyen-orientale qui peine à se sortir des carcans de ses traditions et des faux-semblants ? Le long-métrage pose des centaines de questions, dans une tonalité a priori légère et subtile. Mais l’ironie gagne bientôt le récit et l’on mesure les risques qu’Eran Kolirin prend en mettant en scène un pareil film.
- Copyright Pyramide Films
Et il y eut un matin est une œuvre hautement politique, écrite et orchestrée à la manière d’un roman de Voltaire. Le cinéaste brasse une série de thèmes qui interrogent le fragile équilibre de la situation israélo-palestinienne. Il questionne le statut de la femme, les mensonges derrière lesquels les familles se cachent pour redorer le blason de leur destin contrarié, la crédulité de l’armée qui obéit aux ordres sans en comprendre le sens, et le ridicule des murs qui s’élèvent entre ces peuples, pourtant si proches. Le long-métrage invite à la tolérance et au pas de côté pour comprendre les enjeux, sans prendre trop parti ni pour un camp ni pour l’autre. Le film parle d’une guerre absurde où chacun doit trouver dans l’enclos familial les moteurs de l’espérance. Il faut en sus saluer l’interprétation sans faille d’Alex Bachri qui élève la narration grâce à sa posture toute en retenue.
- Copyright Pyramide Films
Voilà une surprise réjouissante sur nos écrans. Une nouvelle fois, l’occasion est faite au spectateur de réfléchir aux méandres du conflit israélo-palestinien tout en se prenant d’affection pour une famille aussi bancale qu’attachante.
Galerie Photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.