Le 8 novembre 2022
À la fois film d’initiation et hommage à la paternité, Estación Catorce raconte à travers les yeux d’un enfant, un Mexique baigné de lumière et de drame. Une œuvre proprement saisissante.
- Réalisateur : Diana Cardozo
- Acteurs : Gael Vazquez, José Antonio Becerril, Yoshira Escárrega, Lourdes Elizarras
- Genre : Drame
- Nationalité : Mexicain
- Distributeur : Bobine Films
- Durée : 1h29mn
- Date de sortie : 9 novembre 2022
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Résumé : Luis, sept ans, vit dans une province reculée du Mexique. Un jour, son quotidien, ainsi que celui de l’ensemble des habitants de son village, se retrouve bouleversé par un événement inattendu. Jusqu’ici insouciant et innocent, le jeune garçon comprend qu’il va lui falloir grandir au sein d’un monde dans lequel les rêves n’ont pas de place. Entre moments de complicité avec son père et jeux avec ses camarades, Luis va néanmoins tenter d’échapper à un destin qui semble tout tracé…
Critique : L’écran est étroit, à l’instar de ce village mexicain perdu entre les montagnes et le désert, où Luis grandit. On n’est pas en guerre ; et pourtant, à l’école, l’institutrice apprend aux élèves à se cacher sous les tables en cas de règlements de compte entre mafieux. Luis, avec ses grands yeux noirs, voudrait devenir un footballeur professionnel. Il se pâme d’admiration pour son père qu’il défend contre les mensonges, le mépris. Mais en même temps qu’il l’accompagne dans son chemin vers plus de dignité, il se confronte à l’hostilité du monde et les faux-semblants des adultes.
- Copyright Bobine Films
Estación Catorce n’est pas un film de plus sur l’enfance. Il montre avec cruauté et délicatesse à la fois comment les yeux se façonnent dans des regards adultes où le mensonge, la violence règnent en maîtres. Pour autant, le petit garçon ne renonce pas au jeu et aux pérégrinations dans son village avec d’autres enfants. La réalisatrice capte avec brio la douceur de l’enfance, sans jamais sombrer dans le misérabilisme et l’excès de drame. On pense à la candeur et la brutalité à la fois de Jeux interdits où les jeunes protagonistes parviennent à égayer leur quotidien malgré la mort, la dangerosité et la gravité qui peuplent l’existence de leurs familles. La pauvreté compose avec les règlements de comptes criminels et chacun doit trouver un sens à sa vie. Il y a chez Luis un mélange exquis d’enfance, de maturité et de poésie qui apporte à ceux qui l’entourent, un supplément d’âme.
- Copyright Bobine Films
La grandeur du film trouve sa source dans le soin apporté à la photographie et à la lumière. Les personnages, à commencer par le petit Luis, sont d’une saisissante beauté. La couleur des peaux, des yeux, des cheveux, s’incorporent merveilleusement dans l’ocre des murs ou des chemins, et le vert de la campagne. Diana Cardozo dresse le portrait d’une famille touchant et universel avec ses conflits, ses moments inouïs d’amour, ses non-dits et ses tourments. La réalisatrice offre des personnages complexes et sensibles, que les yeux percutants du petit garçon voudraient changer. Il parle peu, ne pleure pas, observe le monde et se résout peut-être à l’accepter comme il est.
- Copyright Bobine Films
Estación Catorce constitue une véritable pépite du cinéma mexicain. On imagine bien que la réalisatrice a laissé les enfants jouer devant sa caméra tout en insérant leurs gestes innocents dans le récit cruel, très écrit, des adultes qui les entourent. Voilà un film qui donne à réfléchir sur la nécessité absolue de soigner nos enfants, de leur offrir un cadre sécurisant et aimant, de leur apporter les clés à la réflexion et à la pensée. Chaque mot, chaque attitude d’un adulte induisent des mondes dans la tête des enfants. La réalisatrice nous rappelle à bas mot la responsabilité et le sens de l’éducation. En ce sens, Estación Catorce est un miracle de cinéma qu’il faut appréhender pour ce qu’il est : une lucarne sur le monde de demain.
- © Bobine Films
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