A l’affiche : Contracorriente
Le 24 novembre 2011
Alors que Contracorriente, belle fable péruvienne sur l’amour perdu, sort cette semaine sur nos écrans, nous avons voulu rencontrer Javier Fuentes-Leon, "jeune" réalisateur dont c’est le premier film. Conversation vagabonde entre littérature et septième art...
![Entretien avec Javier Fuentes-Leon](local/cache-vignettes/L240xH320/arton17722-c849b.jpg?1725001319)
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Alors que Contracorriente, belle fable péruvienne sur l’amour perdu, sort cette semaine sur nos écrans, nous avons voulu rencontrer Javier Fuentes-Leon, "jeune" réalisateur dont c’est le premier film. Conversation vagabonde entre littérature et septième art...
AVoir-ALire : Contracorriente étant votre premier film, parlez-nous un peu de votre parcours personnel avant cette oeuvre.
Javier Fuentes-Leon : Je suis né et j’ai grandi au Pérou où j’ai d’abord étudié la médecine. Je suis donc médecin mais ma vraie passion a toujours été le cinéma, depuis tout jeune. Quand j’étais gamin, j’étais le premier à réclamer une sortie ciné ou à regarder des VHS, et je dirais que le septième art a toujours exercé une grande fascination sur moi. Mais en arrivant au moment des études supérieures, quand j’ai dû décider d’une carrière et d’un métier, il se trouve que le cinéma ne faisait pas partie des options. Il n’y avait pas vraiment de lieu où l’étudier et je ne connaissais personne qui aurait pu m’aiguiller dans le milieu.
AV-AL : Vous êtes donc diplômé de médecine.
JFL : Oui, j’ai décroché mon diplôme. Je suis allé jusqu’au bout de ces études parce que j’en avais envie, tout en sachant paradoxalement que je ferais des films plus tard. Et alors, j’ai déménagé à Los Angeles.
AV-AL : Exercez-vous d’autres activités artistiques ? Je pense notamment à la peinture, très présente dans votre film.
JFL : Je pratique un peu la musique, plus spécifiquement la guitare, le "Rock Indie". Mais c’est une activité qui est venue sur le tard.
AV-AL : Quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées pour financer votre projet ?
JFL : Vous savez, j’habite à Los Angeles et ce genre de films est très difficile à faire produire aux Etats-Unis. J’ai dû me tourner en partie vers des producteurs européens. Le vrai problème, c’était la langue dans laquelle je voulais tourner.
AV-AL : Davantage que la relation homosexuelle qui sert d’intrigue au film ?
JFL : Complètement. C’est vraiment le fait de tourner en espagnol qui a posé problème. Aux Etats-Unis on peut trouver des financements pour réaliser des films avec des personnages homosexuels, ça n’est pas impossible. Mais il faut tourner en anglais, c’est la principale condition. Le film a donc été produit par quatre pays dont l’Allemagne et la France, mais je le considère vraiment comme un film péruvien parce qu’il a été tourné entièrement là-bas.
AV-AL : Le film se concentre d’ailleurs sur un lieu : le village. Je trouve qu’il ressemble beaucoup à une fable, presque à une légende. Est-ce que vous vous êtes inspiré d’oeuvres littéraires ?
JFL : Il y a ce livre brésilien que j’aime beaucoup, Dona Flor et ses deux maris, très connu en Amérique. C’est un roman, vraiment un classique de la littérature brésilienne, qui raconte l’histoire d’une femme mariée à un très très beau gigolo. Le personnage meurt. Son nouveau mari est très sérieux, austère, tout le contraire du premier, qui revient alors sous la forme d’un fantôme.
Mais pour être très honnête, la source d’inspiration immédiate de mon film vient d’un exercice fait en classe, à Los Angeles. On nous avait demandé d’écrire comme ça une scène, improvisée, et j’ai écrit celle qui introduit le fantôme, lorsque le pêcheur entre dans la cuisine pour voir son amant pendant que la femme dort.
AV-AL : Justement, aimez-vous les histoires de fantômes ?
JFL : Ce que j’aime, c’est être capable d’utiliser de la magie ou de la fantaisie pour parler de choses réelles, comme le font ces auteurs du réalisme magique : Borges, Garcia Marquez ou Salman Rushdie.
AV-AL : Quelle place est faite, selon vous, au cinéma indépendant par l’industrie hollywoodienne ?
JFL : Même si l’industrie hollywoodienne a produit des bons films et continue d’en produire, il faut tout de même convenir que cette production est souvent très "orientée", qu’elle reproduit un schéma. Mais je n’aime pas trop lui opposer le cinéma indépendant. Prenez un festival comme Sundance : il devient de plus en plus populaire. Et puis de très grosses stars s’essaient au cinéma d’auteur alors que de jeunes réalisateurs, après avoir sorti un premier film "à la marge", se voient souvent propulsés vers la réalisation de gros films.
AV-AL : Quels sont d’ailleurs vos projets ?
JFL : Je travaille sur un "film noir" inspiré d’une nouvelle de Julio Cortazar, l’élève de Borges dont je parlais tout à l’heure, et qui a pour titre La continuité des Parcs.
Remerciements à Dorothée Hannequin (pour Les Piquantes), au Nouveau Latina ainsi qu’à Thibault Fougères.