Les(biches) persanes
Le 23 janvier 2012
Cette bleuette pour ados fait tache au milieu des plus beaux jalons du cinéma iranien actuel. Habituellement amer, le goût de le cerise en devient trop mielleux !
- Réalisateur : Maryam Keshavarz
- Acteurs : Nikohl Boosheri, Sarah Kazemy, Reza Sixo Safai
- Genre : Drame, LGBTQIA+
- Nationalité : Américain, Français, Iranien
- Durée : 1h45mn
- Titre original : Circumstance
- Date de sortie : 8 février 2012
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Cette bleuette pour ados fait tache au milieu des plus beaux jalons du cinéma iranien actuel. Habituellement amer, le goût de le cerise en devient trop mielleux !
L’argument : Atafeh et sa meilleure amie Shireen fréquentent les soirées branchées du Téhéran underground. Elles essayent de profiter au mieux de leur jeunesse quand Mehran, le frère et complice d’Atafeh, devient membre de la police des mœurs. Alors qu’il désapprouve sévèrement leur besoin de liberté, Mehran tombe amoureux de Shireen. Ses sentiments vont vite tourner à l’obsession et mettre à l’épreuve l’amitié des jeunes filles.
Notre avis : À la différence du formidable Les chats persans dopé par une énergie débordante et un processus créatif pratiqué dans la plus grande clandestinité, En secret porte très mal son titre au vu des conditions privilégiées dont a joui cette jeune réalisatrice d’origine iranienne qui est née aux États-Unis. Alors que nul n’est prophète en son pays, Jafar Panahi le sait mieux que quiconque, Maryam Keshavarz, par son approche racoleuse et trop artificielle, porte un regard occidental sur sa patrie de cœur, lequel repose sur un triangle amoureux aussi improbable que fade en comparaison avec Nuit d’ivresse printanière (prix du scénario ô combien justifié à Cannes). Basé sur un récit autobiographique (?), Maryam Keshavarz a pu le bâtir grâce à l’aide de professionnels du Sundance Institute and Documentary Lab pour ensuite le présenter au festival indépendant du même nom, présidé par l’acteur et réalisateur Robert Redford, où il y a reçu le prix du public. Toute l’équipe du film a été le tourner au Liban pour éviter la censure imposée par le régime des mollahs ; quant aux deux comédiennes principales, elles vivent à l’étranger pour ne pas subir de représailles de la part du gouvernement iranien. Malheureusement, l’implication d’intervenants étrangers à la vie quotidienne de l’Iran se ressent fortement à l’écran. Dès la scène d’ouverture onirique (où les deux jeunes protagonistes féminines se projettent à Dubaï, on ne le saura que plus tard, chanteuse vedette - pour l’une - sous les yeux émerveillés de sa manager - pour l’autre -), le côté bling-bling se rapproche davantage de Tout ce qui brille (leur ressemblance avec Leïla Bekhti et Géraldine Nakache est assez frappante) que du cinéma de Kiarostami. Entre celles-ci, une relation homosexuelle va naître ; la cinéaste la filme de façon aguichante et maladroite, totalement hors contexte, ce qui dessert le propos visant l’oppression des femmes en Iran (à montrer moins, on montre mieux !). Pour le coup, rien de tel que la finesse de When night is falling qui traite du même sujet. En fin de compte, force est de constater que cette première œuvre bourrée de clichés revêt un caractère sociologique édulcoré aux antipodes des réalités du terrain si finement décrites dans le récent Une séparation de Asghar Farhadi.
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