Aznavour riant
Le 19 janvier 2006
Un road-movie musical entre hommage à Aznavour et portraits de gentils paumés. Drôle et sympa.


- Réalisateur : Edmond Bensimon
- Acteurs : Gérard Darmon, Zinedine Soualem, Lucien Jean-Baptiste, Damien Jouillerot
- Genre : Comédie
- Nationalité : Français
- Editeur vidéo : Fox Pathé Europa

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– Durée : 1h38mn
Un road-movie musical entre hommage à Aznavour et portraits de gentils paumés. Drôle et sympa.
L’argument : Ciel gris, maison grise, voisins gris. La vie de Jean-Claude, chômeur de longue durée de Roubaix, n’a de couleurs que quand il écoute Charles Aznavour. Comme il ne se sent plus très jeune, il décide de faire son pèlerinage à lui : Roubaix-Paris à pied, pour rencontrer le grand Charles. Son neveu Benoît décide de le suivre, caméra à la main. La petite équipe "ramassera" au passage deux autres paumés de la vie, Arsène, exilé antillais, et Boris, éboueur simplet.
Notre avis : Emmenez-moi trouve tout son charme dans son petit air de film fauché, filmé à l’arrache par un des personnages, en DV tremblotante, avec commentaires maison. Road-movie des pavés, portrait de paumés et hommage à Aznavour, le premier film d’Edmond Bensimon est indiscutablement sympathique, attachant, car il dégage une sincérité brute. Evidemment, on pourrait aussi y voir un film de potes (ce qu’il est) pour aficionados, mais, sans même connaître Aznavour, on passe un bon moment. L’histoire de Jean-Claude reste il est vrai un brin énigmatique et son parcours plus prétexte à de franche parties de rigolade - et des beuveries à répétitions - qu’à une réflexion poussée sur la misère sociale et la solitude.
Bensimon préfère s’attarder sur les petits instants de grisaille, entre deux averses, qui réunissent les amis autour d’un verre, au fond d’un bistrot poussiéreux, ou les galères d’hommes incapables de régler leurs comptes avec le passé. Ce sera Charles, comme ils l’appellent, qui réglera leurs problèmes, sa musique, et l’espoir d’une rencontre à Paris. Au milieu de ce périple cathartique, Bensimon ose des séquences chantées, par Gérard Darmon lui-même (à la voix toujours à la limite de la fausse note, mais impeccablement grave et touchante à souhait). Ces moments, souvent kitsch à souhait, apportent malgré tout une fraîcheur supplémentaire. Pour épauler Darmon, Zinedine Soualem (qui en fait des tonnes), Lucien Jean-Baptiste (fragile et touchant) et surtout Damien Jouillerot (découvert grâce à son rôle principal dans Les fautes d’orthographe de Jean-Jacques Zilbermann) sont impeccables. Grâce à eux, Emmenez-moi offre une heure et demie d’espoir et de galères plutôt sympathiques. Pas de quoi aller au bout de la terre, mais jusqu’au cinéma, pourquoi pas !
Le DVD
Le(s) supplément(s) à ne pas rater : Un making of très complet revient sur ce road-movie atypique, des répétitions aux tournages, en passant par la post-synchronisation. Naturellement ce documentaire est vampirisé par la présence de Gérard Darmon, qui a tendance à en faire un peu trop (on aime ou pas). Quoi qu’il en soit, on se fait une bonne idée de ce que peut être un tournage : galère avec la météo, galère avec et entre les acteurs, galère avec les éclairages, etc. Sans oublier la satisfaction et la joie d’une équipe à dépasser ces moments difficiles. Dans cette édition, on trouve aussi un bêtisier sympathique mais sans plus, des scènes coupées dispensables (à part La bohème interprété par Darmon) et le commentaire audio du réalisateur Edmond Bensimon.
Image & son : Une édition de très bonne facture tant au niveau de l’image que du son. Très peu de défauts notables, si ce n’est quelques poussières qui n’empêchent pas la fluidité du film.