Le 5 mars 2014
- Scénariste : Jimmy Bemon
- Dessinateur : Emilie Boudet
- Editeur : La Boîte à bulles
Rencontre coup de cœur avec un scénariste passionné et bourré de talent.
Superman n’est pas juif (... et moi un peu) a été l’une de nos lectures coup de cœur en janvier 2014 aux éditions La Boîte à Bulles. C’est donc avec une joie non mesurée que nous avons rencontré son scénariste, Jimmy Bemon, dans la chaleur d’un bar parisien, pour un entretien long mais terriblement passionnant. L’occasion pour l’artiste de nous parler de son album bien sûr mais aussi de lui. Résultat des courses, nous aimons encore plus son livre, et son film, mais nous sommes aussi devenus fan de l’artiste.
Bonjour Jimmy, pour commencer, est-ce que tu peux nous parler un petit peu de ton parcours ?
Oui, bien sûr. Mon parcours est assez proche de celui du personnage de la bande dessinée. Je pense que n’étais pas trop adapté au système scolaire, et j’ai rapidement été dérouté vers un CAP/BEP section marchande. Comme je voulais faire uniquement des stages dans des magasins de disques ou de vidéos, et que mes profs voulaient pour que je valide mon diplôme que je fasse au moins un stage en grande surface, j’ai arrêté un an avant le bac... pour aller bosser dans un magasin de disques qui faisait aussi vidéoclub.
Là, j’y ai écrit un scénario qui a été finaliste au Prix Sopadin du Meilleur scénariste junior. Grâce à cette nomination, j’ai pu intégrer une école qui s’appelle le Conservatoire européen de l’écriture audio-visuelle (CEEA), une école financée par les chaînes de télé pour apprendre à écrire des scénarios. J’ai fait cette formation pendant deux ans. Là je me suis aperçu que ce qui se faisait à la télé à cette époque ne m’intéressait pas du tout (Julie Lescaut, Navarro, etc.).
Pour être plus libre artistiquement d’explorer les sujets qui m’intéressaient, j’ai donc été vers le cinéma et j’ai réalisé un premier court-métrage qui s’appelle L’esprit ouvert avec Sacha Bourdo, le comédien qui jouait dans Western. Le film a gagné plusieurs prix ce qui m’a permis d’en faire un second qui s’appelle Poison d’avril (NDLR : absolument excellent) et qui a obtenu de nombreux prix du public lors de festivals.
Ensuite, je suis arrivé à un moment où, bien que j’avais acquis une certaine technique pour construire des récits, je sentais que, pour écrire des choses intéressantes, j’avais besoin de vivre des choses dans la vraie vie. Pendant 4/5 ans j’ai donc vécu pas mal de choses assez intenses sur le plan amical, amoureux ou autre. Ça m’a permis de sortir un peu de ma tête et de m’ouvrir un peu aux autres et à tout ce qu’ils pouvaient m’apporter sur le plan créatif et humain.
C’est d’ailleurs là que j’ai rencontré mes coauteurs Mathieu Delozier et Christophe Fustini avec lesquels on a fondé la SQUADRA, un collectif de scénaristes/réalisateurs. On se retrouve tous les 15 jours et on invite des producteurs, techniciens, diffuseurs, acteurs pour échanger avec eux et tenter ensemble de nous améliorer. En formant la SQUADRA, j’ai ainsi commencé à travailler avec d’autres scénaristes et réalisateurs et redécouvert les écritures collectives dont j’avais eu une première expérience au CEEA. Maintenant, je travaille donc pour plusieurs réalisateurs. J’essaye de concevoir et de créer des ateliers d’écriture pour le cinéma un peu comme les américains le font sur les séries. Je travaille avec plusieurs réalisateurs dont j’aime le travail. C’est comme ça que je gagne ma vie en tant que scénariste et réalisateur.
À côté de ça, je viens de réaliser mon troisième film qui s’appelle Superman n’est pas juif (...et moi un peu), un moyen-métrage de 30 minutes qui est aussi une BD.
"Bref, on a fini par faire la BD... et un bébé ensemble."
Justement, comment en êtes-vous venu à la BD ?
À la base, le scénario a été écrit pour le cinéma. J’ai toujours été intéressé par la bande dessinée, je trouve que c’est un média vraiment intéressant et très riche qui permet d’exprimer et de raconter une histoire différemment. Mais, je n’avais aucun contact dans la bande dessinée et c’est vrai que chaque réseau est un réseau différent. Tu peux pas cultiver tous les réseaux professionnels à la fois. Ça demande tellement de temps que c’est pas possible.
Comme le financement de Superman n’est pas juif prenait pas mal de temps, je me suis dit pourquoi pas en faire une bande dessinée. J’avais besoin de raconter cette histoire, un besoin impérieux et, même s’il avait fallu en faire un spectacle de marionnettes, je l’aurais fait parce que je voulais la raconter !
Du coup, un jour j’étais au tango et j’ai rencontré Émilie (NDLR : il s’agit de la dessinatrice Émilie Boudet). On a dansé ensemble, et pendant cette danse on a eu un super feeling. En discutant après avec elle, elle me dit qu’elle est illustratrice. Je lui dis que ça tombe bien , je suis scénariste et j’ai un projet de BD. Elle m’a répondu : « tu veux pas voir mon travail avant ? ». En fait elle pensait que je la draguais. Ce qui n’était pas du tout le cas ! Moi je voulais vraiment faire une BD. Bref, on a fini par faire la BD... et un bébé ensemble. Bon c’est vrai, elle avait peut-être un petit peu raison pour la drague, mais à la base, c’était la BD qui m’intéressait !
On a donc commencé à travailler sur la bande dessinée. Émilie aime bien aussi la bande dessinée mais c’est vraiment l’illustration son domaine, donc c’est la première fois qu’elle faisait une vraie incursion dans la bande dessinée. On a dû apprendre et expérimenter ensemble. Il y a eu une période où on a lu pas mal de bandes dessinées pour voir comment ça fonctionnait au niveau de la narration. Puis après, on a essayé de s’en extraire pour créer notre propre narration sur la bande dessinée. En travaillant sur la bande dessinée, ça m’a d’ailleurs permis de modifier des choses sur le scénario de cinéma. Je sais pas si on peut dire que c’est un projet transmedia mais les deux se sont nourris l’un de l’autre.
Par rapport à la bande dessinée, qu’est-ce qu’il apporte le moyen-métrage ?
Les deux sont complémentaires. La bande dessinée m’a permis de garder quelques séquences humoristiques importantes et qui ont du sens mais que j’avais dû enlever du film pour des raisons financières, de temps, ou de rythme dans montage. La bande dessinée me parait un peu plus complète par rapport aux thématiques que j’ai voulu explorer.
Par contre, sur certaines séquences, le médium du cinéma, m’a permis de faire ressortir plus d’émotion, notamment par exemple dans la scène de l’enterrement du fait par exemple de l’incroyable chant qu’a entonné le rabbin sur le tournage.
Ce sont deux visions différentes de la même histoire. Ce sont pour moi des sensations différentes avec des moyens différents. Dans un cas c’est des cases, de l’espace sur papier ; dans l’autre c’est de l’image en mouvement, il y a des comédiens dirigés...
Et puis, la bande dessinée m’a servi un peu comme story-board ce qui m’a permis de gagner du temps sur le découpage du film. Si le scénario du film est né en premier dans mon esprit, la bande dessinée m’a beaucoup aidé à mettre en images mon film.
Maintenant, pour en venir à l’album proprement parlé, est-ce que tu peux résumer l’historie en quelques mots ?
J’ai du mal à raconter cette histoire sans la contextualiser mais, si je devais résumer, c’est l’histoire d’un petit garçon qui, lorsqu’il est petit, est fier d’être juif sans trop savoir pourquoi. Puis, le jour où il découvre que son zizi est différent, la fierté, laisse place à de l’embarras, de la honte et du jour au lendemain il va essayer de cacher cette origine paternelle ; un peu comme Superman.
Pourquoi avoir choisi, en particulier, ce parallèle avec Superman ?
Quand j’étais petit et que j’entendais ma famille parler du judaïsme, j’avais l’impression qu’être juif c’était quelque chose de spécial. Quand j’écoutais mon papa ou ma famille, j’avais l’impression que tous les grands hommes étaient juifs, ce que je raconte dans ma bande dessinée. Il y a une séquence où que je dis qu’Einstein est juif, Spielberg est juif, Spinoza est juif, Marx est juif, Freud est juif, et même Jean-Jacques Goldman est juif !
Je pensais d’ailleurs que Christopher Reeves (NDLR : le comédien qui jouait Superman dans les films sortis dans les années 80) était juif. J’étais super fier. Mais le jour où j’ai découvert que mon zizi était différent, j’ai fait le rapport avec la religion juive et je me suis dit « oh, my god ! » J’ai alors arrêté de courir dans la cour les bras levés en criant à qui voulait l’entendre que j’étais juif ! J’avais trop peur qu’on se moque de moi ou de me faire rejeter. Donc, quelque chose qui était de l’ordre de la fierté était devenu quelque chose que je ne voulais absolument pas éventer. L’album raconte un peu cette histoire-là.
Concernant le parallèle avec Superman, c’est sans doute à cause de ce fameux côté surhumain des juifs, auquel j’ai naïvement cru quand j’étais petit. Puis après, l’histoire de devoir le cacher aux autres pour ne pas se faire rejeter. Avec Star Wars, Retour vers le futur, les films de Spielberg comme ET ou Les dents de mer, Superman, était sans doute la référence culturelle qui m’évoquait le plus mon enfance dans les années 80.
« c’est quoi être juif ? »
Et l’idée du titre est venue comment ?
Au début, le tout premier titre que j’ai eu pour le film, c’était Maurice Cohen n’est pas un juif. L’histoire d’un petit garçon qui comme moi avait un père juive et une mère catho. En fait, son père s’appelait Cohen mais lui n’était pas juif parce que sa mère ne l’était pas du tout. Ça racontait donc déjà l’histoire d’un petit gars qui se sentait prisonnier d’une identité alors qu’il n’en avait ni la religion ni la croyance. Je trouvais ça intéressant parce que, du point de vue de l’extérieur, quelqu’un qui s’appelle Cohen est forcément juif mais, en fait, peut-être qu’il ne l’est pas et que c’est simplement son papa ou son arrière grand-papa qui est juif.
Mais quand j’ai eu l’idée de la séquence où son père lui dit que tous les grands hommes sont juifs, je me suis aperçu que j’avais aussi envie de m’interroger sur la question de savoir pour moi « c’est quoi être juif ? ». Est-ce que c’est être mieux que les autres ? Est-ce que c’est être moins bien ? La réponse que j’apporte dans la bande dessinée c’est qu’être juif n’est bien entendu ni l’un ni l’autre. C’est juste une particularité comme une autre, comme on peut être d’origine italienne, maghrébine, espagnol ou crétoise ...
Avec ta quête identitaire autobiographique, on parle pourtant d’un sujet universel.
Oui, c’était important pour moi. Cela aurait été un gros échec que la bande dessinée ne parle qu’aux juifs ou aux demi-juifs ! Je suis très satisfait que ça touche bien au-delà.
"c’est souvent en voulant faire des histoires qui plaisent à tout le monde, qu’on fait des récits superficiels qui ne touchent en réalité personne"
Pour le côté autobiographique, assez étonnamment, j’ai fait l’inverse du chemin habituel. D’habitude on commence plutôt par écrire des histoires assez autobiographiques et on s’en éloigne au fur et à mesure. Dans mon cas, au début, j’écrivais plutôt des histoires qui étaient très éloignées de moi, parce que je voulais faire des histoires universelles qui parlaient à tout le monde et dans lesquelles des personnages changeaient le monde... Si on y réfléchit, c’est d’ailleurs assez messianique ! Mais je réalise aujourd’hui, que c’est souvent en voulant faire des histoires qui plaisent à tout le monde, qu’on fait des récits superficiels qui ne touchent en réalité personne. Ou en tout cas pas de manière significative.
Mais ces 4/5 années de parenthèses m’ont fait évoluer et plutôt que de vouloir changer le monde, j’ai commencé à vouloir me changer moi. Je me suis alors aperçu que ces histoires et ces personnages qui voulaient changer le monde étaient une manière détournée de me raconter, de ne pas me remettre en question et découlaient en partie de mon histoire personnelle. J’ai donc eu envie d’aller puiser directement à la source. C’est comme ça qu’est naturellement apparu le projet de Superman n’est pas juif. Même si il a une bonne part de fiction et d’attention portée à l’aspect dramaturgique, c’est devenu progressivement un récit intime. Tellement intime... qu’il parle à tout le monde et en devient universel. En faisant ça, je sens que j’ai franchi un petit pallier dans ma démarche artistique.
On me dit souvent aussi que c’est une bande dessinée réconciliatrice. Ça doit être parce que c’est pas non plus une histoire qui dit : « Voilà, les gens sont différents, et c’est comme ça ». Avant d’être juif, arabe, homosexuel, roux, noir, végétarien, bouddhiste ou autre, on est tous des êtres humains. Et ceux qui diront l’inverse... aussi !
Durant cette quête identitaire, quelle est la clef pour que Benjamin parvienne à accepter sa différence ?
Faudrait que je te demande à toi, le journaliste de Bédéo ! Dans ta chronique, tu m’as donné presque plus de clefs sur la quête identitaire du personnage et la mienne que je n’en ai trouvées en écrivant la BD.
Je crois que malgré son titre, cette histoire ne parle pas tant de judaïsme que de la peur du regard des autres. Et cette peur du regard des autres, ou le désir de leur faire bonne impression ou de se conformer à leur attente est d’ailleurs une chose qui revient souvent dans mes histoires précédentes. Comment se construit-on par rapport au regard des autres ? En opposition ou au contraire en s’y conformant ? Je pense à présent que la clef pour moi, c’est d’arriver à m’émanciper du regard des autres et à rester moi-même en toute circonstance. C’est pas parce que quelqu’un pense que je suis un abruti ou un génie que je le suis dans la réalité. Le plus important, il me semble, c’est d’arriver à savoir ce que moi je ressens, ce que je suis et ce que je souhaite devenir.
Du coup, pour moi cette BD/film raconte avant tout l’histoire d’un petit garçon qui va apprendre à s’émanciper de la peur du regard de sa famille, de ses copains de classe, et de son papa pour devenir inconditionnellement lui-même.
Benjamin possède une double culture qui lui pose quelques problèmes dans le récit, est-ce que ça reste une richesse ou un poids pour l’enfant ?
Je pense que c’est éminemment une richesse mais après, je parle dans mon cas. Il n’y a pas de règles, tout dépend de ce que l’on en fait. Quand on traverse une épreuve ou un échec dans la vie, on peut broyer du noir, se renfermer ou au contraire rebondir et en faire une richesse. Moi j’ai plutôt envie d’en faire une richesse et donc c’en est devenu une.
" même si je savais pas trop ce que ça voulait dire je voulais vraiment pas être juif !"
Après, effectivement, dans mon cas, ce qui a pu m’occasionner dans le passé des difficultés, c’était le fait que j’avais envie d’être vu par mes amis d’une manière positive, et que j’avais l’impression que, chez certains de mes camarades, être juif c’était pas ce qu’on pouvait appeler quelque chose de positif. Soit parce que certains pensaient que les juifs avaient tué le petit Jésus, soit qu’ils pensaient qu’ils étaient riches, radins ou soit qu’ils avaient carrément volé un pays, en l’occurrence la Palestine. Bref, plein de trucs qui ne m’évoquaient absolument rien, et qui faisait que - même si je savais pas trop ce que ça voulait dire - je voulais vraiment pas être juif ! À l’époque j’étais incapable de prendre du recul et de comprendre que les enfants et les ados ont des préjugées et des certitudes non pas sur le judaïsme, mais sur tout !
Mais pour en revenir à ta question sur la double culture que je ressens aujourd’hui plutôt comme une richesse, il faut savoir qu’enfant, j’avais des sons de cloches différents sur la religion à laquelle j’étais supposé appartenir, et que c’est essentiellement ça qui a selon moi occasionné toute la quête d’identité que je décris dans la BD et le film.
Quand je demandais à ma maman si j’étais juif, elle me répondait que je ne l’étais pas car elle-même était catholique. Quand je demandais à mon père, il me disait que ma mère s’était convertie au judaïsme par amour pour lui. Et mes grands parents me disaient que ma mère était juive parce que son nom sonnait comme celui du grand rabbin de France. Donc, au final toute cette quête d’identité, c’était surtout parce qu’en plus d’avoir des parents de cultures légèrement différentes, tout était flou et embrouillé pour moi et j’ai dû essayer de me faire ma propre opinion. Mais je crois que même si ce récit parle de multiculturalisme, au fond il raconte qu’il est important de laisser les enfants librement adhérer ou pas aux pratiques culturelles dont nous avons nous-même hérité, et de surtout leur dire la vérité, même si la vérité ne va pas forcement dans le sens qu’on aimerait.
"j’ai décidé de n’appartenir qu’à moi-même."
Bref, aujourd’hui, je me fous de savoir ce qui est marqué sur un bout de papier pour savoir si j’appartiens à telle ou telle religion, je ne suis pas croyant et sans pour autant renier aucune de mes racines culturelles, j’ai décidé de n’appartenir qu’à moi-même.
Du coup, l’impact des traditions familiales, comme la peur du regard des autres, ça a autant importance pour la construction de l’enfant ?
Pour la mienne en tous cas ça en a eu. Mais quelque part je crois qu’on en a tous, dans nos familles, des choses qui peuvent nous embarrasser, avec lesquelles on n’est pas d’accord, qui sont tabous, pas appréciées par d’autres et qui donc peuvent influer sur la construction de notre identité. Et puis tu seras jamais assez bien pour telle ou telle personne parce tu viens de telle famille, t’as telle origine sociale, tu viens de tel patelin, tu as telle orientation sexuelle, tel point de vue politique ou telle religion, etc.
Pour la peur du regard des autres... je ne sais pas pour les autres mais effectivement ça a beaucoup joué pour moi et donc pour mon personnage. Le regard des autres peut vraiment être quelque chose qui nous enferme. Maintenant que j’ai réussi à dépasser ça, je me fous à présent que l’on me mette dans telle ou telle case. Si je m’y sens pas dans cette case, ça n’a pour moi aucun sens. Tant mieux pour certains si ça les soulage d’imaginer que je le suis, mais ce qui est important c’est de savoir si moi je me sens à l’intérieur... ou pas !
Mais pour en revenir aux traditions familiales, je veux préciser que ce récit n’est pas un reproche aux membres de ma famille qui ont essayé de me transmettre tant bien que mal la religion qu’ils avaient eux-même hérité de leurs parents. Même si c’est une sorte de cri de liberté qui encourage à l’autodétermination, c’est aussi pour moi un message d’amour que j’adresse à mon père, à ma famille paternelle, et à ses racines culturelles juives séfarades que j’ai complètement rejetées lorsque j’étais adolescent. En y réfléchissant, le fait que la BD et le film sortent en même temps que la naissance de notre bébé avec Émilie, c’est peut-être aussi une manière de tourner la page et de dire à ma famille : « Malgré toute la tendresse que je vous porte à vous et à certains aspects de cette culture, je suis comme je suis et c’est comme ça. »
L’album démarre avec le divorce des parents mais on ne sait pas ce qui se passe avant. Pourquoi ne pas avoir consacré quelques pages à " l’avant " ?
Une chose importante à rappeler, c’est que la réalité ne s’est pas passée exactement comme dans la BD. Je reste tout de même un scénariste qui aime la dramaturgie et beaucoup de choses ont été fictionnalisées.
Concernant le divorce, j’ai décidé de tout commencer à ce moment-là parce que c’est un de mes plus anciens souvenir et d’un point de vue purement narratif, je trouvais ça intéressant de commencer sur la fin d’une ère et le début d’une autre. Mais le soir de leur séparation mon père ne m’a jamais pris à part pour me dire que la religion juive c’était super chouette et que je devais jamais oublier « ma » religion ! Si j’ai bien ressenti la même tristesse que le personnage ce soir là, pour le reste ça ne s’est pas du tout passé dans ces conditions là. Tout ça a été très synthétisé et exagéré. Si j’ai réellement senti chez mon père, comme chez les autres membres de ma famille paternelle, une certaine fierté, d’avoir - comme Superman - des origines juives, mon père n’était en réalité pas du tout religieux. Me transmettre certaines traditions de cette religion était, je le réalise aujourd’hui, simplement une manière de maintenir un lien familial et de me dire qu’il m’aimait. Il m’a d’ailleurs récemment confié, que le jour où je lui ai dit que je ne me sentais pas juif, c’était comme si je lui avais dit que je n’étais pas son fils ! Ayant moi-même fait un enfant avec Émilie, je le comprends mieux aujourd’hui.
Tu parles beaucoup de la religion juive dans l’album forcément, est-ce que tu n’as pas eu peur d’aborder ce sujet qui est toujours sensible ?
Non, non. En fait, dans tous les sujets que j’explore, j’aime bien aller là où ça gratte un peu, quand c’est justement tabou. J’ai toujours été hyper étonné que, quand on prononce le mot "juif", "arabe", "homosexuel", on baisse d’un ton. Mais ce ne sont pas des gros mots. Tu veux que je les crie pour te montrer ? D’ailleurs pendant le tournage, c’était chouette de voir que tous les acteurs, les techniciens, les enfants qui faisaient de la figuration prononçaient le mot "juif" comme ils prononçaient le mot "pâte bolognaise".
"J’avais des chaussures à scratch Prisunic, notre mère nous faisait des raviolis en boîte et j’ai redoublé tellement de fois que j’ai été orienté vers un lycée pour faire un CAP vente et action marchande."
Pour moi, on peut parler et on doit pouvoir rire et parler d’absolument tout. Des religions y compris, particulièrement dans des moments de crispations identitaires comme actuellement. Et les crispations identitaires engendrent des tabous, de l’autocensure qui engendrent des fantasmes, etc., etc. D’ailleurs ça n’a pas été fait à dessein mais, quelque part, je crois que je trouvais ça aussi intéressant de montrer les choses de l’intérieur et de dire : on dit parfois que les juifs sont pleins de tunes, mais non. J’avais des chaussures à scratch Prisunic, notre mère nous faisait des raviolis en boîte et j’ai redoublé tellement de fois que j’ai été orienté vers un lycée pour faire un CAP vente et action marchande.
Et puis je crois que le fait d’assumer aujourd’hui pleinement cette partie de mes racines, sans pour autant en être fier, la revendiquer ou en avoir honte, me permet d’évoquer de manière assez saine et transparente mes questionnements d’enfants sur cette religion, et de me moquer de certains aspects de cette culture. Et puis je pense qu’à partir du moment où tu es irréprochable sur tes intentions, que tu combats la moindre trace de racisme, d’antisémitisme, de sexisme, d’homophobie, de xénophobie chez les autres, mais aussi et surtout chez toi-même, tu peux vraiment rire absolument de tout avec tous le monde. Et je pense vraiment que c’est important de le faire. Même si ça ne caresse pas toujours dans le sens du poils... Surtout, si ça ne caresse pas dans le sens du poil !
Malgré tout, l’album garde un ton bienveillant ?
J’espère bien ! Bienveillant mais pas complaisant, je crois que c’est ça qui plait. Je trouve intéressant de dire les choses telles que je les aies ressenties. Chacun se fait sa propre opinion. J’ai lu Les Chroniques de Jérusalem, et c’est ce que fait Delisle. Il ne prend pas parti, il exprime les choses comme il les ressent ; ce qui donne d’autant plus de puissance et de vérité à ce qu’il raconte.
Le ton est souvent direct, voire cash, est-ce que tu n’as eu quelques problèmes de censure avec des pages à retirer ou des propos à modifier ?
Non, pas du tout. Vincent Henry (NDLR : le directeur des éditions La Boîte à bulles) est quelqu’un qui aime beaucoup la liberté quelque soit le sujet. J’ai l’impression que c’est vraiment quelqu’un qui encourage la liberté. Je réfléchis bien mais non.
Pour moi, de toute façon, la création va de paire avec la liberté. D’autant plus dans la bande dessinée. Pour un film, il y a des millions qui sont en jeu, tu peux avoir beaucoup de pression sur certains choses, je peux le comprendre. Des gens ont investi beaucoup d’argent, ils ont des craintes de le perdre. En tant que réalisateur tu dois les rassurer. Mais, s’il y a un média qui peut être libre, c’est la littérature et la bande dessinée. C’est inconditionnel.
C’est un album où l’on trouve aussi beaucoup d’humour. Pourquoi avoir choisi ce procédé au détriment peut être d’un ton plus sérieux ?
Ça s’est imposé naturellement. Un jour je marchais dans la rue et j’ai eu un souvenir de moi en train de courir dans la cour les bras en l’air en criant "Je suis juif ! Je suis juif !". Je me suis dit, j’étais un peu con quand même. Je me rendais pas compte, c’était bizarre comme truc.
Après, je me suis rappelé du moment où ma mère me coupait les ongles dans la salle de bain et où j’ai osé lui poser la question par rapport à mon zizi qui était différent des autres garçons. J’ai connecté ces anecdotes là et c’est ça qui m’a donné envie d’écrire l’histoire. Ces deux événements étant rigolos et complètement décalés, automatiquement ça induit un ton de comédie. En même temps, ça aurait été mille fois moins intéressant de raconter ça sous forme de drame... Il n’y avait pas matière à ça.
Concernant la structure de l’album, à chaque fin de page, tu introduis un procédé qui nous force à tourner la page sans faire de pause, est-ce que c’est l’expérience du cinéma qui t’as permis d’y arriver ?
Sans doute. À l’école si un prof ne parvenait pas à m’intéresser avec son cours, je m’ennuyais et m’évadais dans mon imaginaire. J’ai donc loupé ma scolarité parce que j’avais trop de mal à rester concentré si je n’étais pas absorbé par ce qu’on me partageait.
"Car comme je peux m’ennuyer très vite, je porte une attention particulière à ce que le lecteur ne s’ennuie pas."
Aujourd’hui, en tant que scénariste, ce qui était une faiblesse est devenu une force. Car comme je peux m’ennuyer très vite, je porte une attention particulière à ce que le lecteur ne s’ennuie pas. Au suspens donc. Le lecteur/spectateur doit toujours se demander qu’est ce qu’il va se passer. D’une manière générale, j’essaie de lui donner ce qu’il attend mais jamais de la manière qu’il imaginait ! Le cliffanger ou l’accroche de fin de page est une des nombreuses manière de m’assurer que le lecteur ne va pas s’ennuyer et refermer le livre.
Tu utilises également un narrateur en voix off, d’où est venue cette idée ?
Ça s’est fait de manière assez instinctive. Avant, j’écrivais beaucoup de mes scénarios avec mon intellect, maintenant j’essaye d’écrire surtout avec mon instinct, mon intuition, mon ressenti et naturellement j’ai été porté vers ça la voix off.
En plus, dans le cas de la BD/film, je pense que ça permet d’apporter un fil au lecteur, une unicité de ton et d’univers. Ça permet aussi de créer un décalage entre l’image et le texte. J’avais déjà expérimenté la voix off sur mon premier film et j’ai trouvé, avec le recul, que la voix off ne faisait qu’illustrer ce que l’on voyait. Pour moi la voix off doit apporter quelque chose de plus, mettre du relief, de l’humour, de la poésie. Si elle ne fait qu’illustrer ça devient une redondance inutile. C’est ce que j’ai essayé de faire ici, la voix off ne décrit jamais ce qu’il y a mais plutôt elle fait sens, elle crée des décalages, elle apporte un éclairage, de l’autodérision...
Est-ce que certaines réactions du public t’ont marqué ?
Il y a un couple de personnes âgées venues se faire dédicacer la bande dessinée qui ont perdu une grande partie de leurs familles dans les camps et qui, avec l’affaire Dieudonné, ont vraiment beaucoup flippé. Si dans le années 40 ils ont survécu, c’est parce qu’enfants, ils ont été tous les deux été recueillis et cachés pendant plusieurs années par des français chrétiens. Cette bande dessinée c’était quelque chose de très rassurant pour eux. J’ai senti qu’ils étaient véritablement contents que quelqu’un puisse faire une bande dessinée qui donne une image du judaïsme totalement différente de celle qu’ils avaient l’impression que Dieudonné essayait de donner des juifs. Ils avaient besoin de ça et je les ai senti très reconnaissants.
Il y a aussi les réactions très enthousiastes de lecteurs qui n’avaient absolument aucune origine juive et qui pourtant se sont retrouvés dans les problématiques de mon personnage et ont été très touchés par son parcours vers la liberté.
Justement, est-ce que tu arrives à expliquer ces critiques toutes positives à la sortie de l’album ?
Même si certains pensent et prétendent le contraire, j’ai toujours pensé qu’en tant qu’êtres humains, on a bien plus de points communs que de différences. J’ai parlé de mes différences ou de mes particularités d’une manière qui a sans doute parlé à beaucoup de monde..
Tu as lu beaucoup de bandes dessinées ? Quels genres ?
Dans mon enfance j’ai lu quelques BD, les classiques franco-belges que je trouvais chez mes potes. Mais comme on avait pas trop de moyens, j’ai plutôt été biberonné, comme beaucoup de personnes de ma génération, aux dessins animés japonais qui passaient à la TV. Juste avant de faire notre bande dessinée par contre, avec Émilie on a lu pas mal de BD pour étudier la narration, la mise en page. On a regardé un certain nombre de comics américains, et des bandes dessinées d’auteur comme celles de Marjane Satrapi que je trouve hyper intéressante. Elle raconte ce qu’elle a vécu avec tellement de sincérité que ça rend ses récits et personnages extrêmement touchants. Sauf qu’elle a vécu des choses bien plus denses et intenses que j’ai pu en vivre dans mon enfance...
"Quelle claque cette BD !"
Mais comme Superman n’est pas juif était à la base destiné au ciné, j’ai plus été influencé par des films pour créer cette histoire que par des BD. Par contre je me demande si c’est pas Maus de Spiegelman, que j’ai lu il y a quelques années qui m’a permis de me dire que cette histoire pourrait être aussi bien adaptée en BD. Quelle claque cette BD ! J’ai été très impressionné et étonné de découvrir qu’on pouvait parler de choses graves de manière aussi intime et tendre dans un récit graphique. Il n’est jamais complaisant ni avec son avatar ni avec celui de son père qui est un rescapé des camps, mais alors quelle tendresse pour ces personnages. Ça m’a forcement influencé, ouvert des horizons et montrer qu’il était possible de raconter en BD une histoire qui soit si personnelle, si particulière et pourtant si universelle.
Est-ce que tu envisages, dans tes futurs projets, de refaire une bande dessinée ?
Je sais pas, peut-être. Si j’en ressens le besoin impérieux, oui. Je peux pas écrire une ligne sans ce besoin.
Et pour tes futurs films, des projets ?
Je vais passer au long métrage. Mais c’est pareil. Je ne réaliserai un autre films que s’il me semble indispensable à raconter.
Après, en tant que scénariste, j’aime bien mettre mes compétences au service de la vision d’un auteur, c’est-à-dire l’aider à accoucher d’une histoire. Là, je ne ressens pas le besoin de suite de recréer une histoire. Je ressens plutôt le besoin de me recentrer, de récréer des liens avec mes proches et d’aider des auteurs à accoucher de leurs propres histoires. Si on se donne la peine de chercher la plupart des auteurs ont des choses très intéressantes a explorer. Ils n’ont pas toujours les outils pour le faire et mon taf est de les y aider. Et puis mon univers n’est pas infini et je n’ai pas envie chaque année de sortir forcement une BD ou un film parce que j’aurais l’impression de me répéter. J’ai raconté cette histoire. Maintenant je suis soulagé pour un certain temps et je ne ressens pas le besoin de raconter une nouvelle histoire. J’ai plutôt envie de la partager avec des personnes et d’échanger avec eux. Le film et la BD sont pour moi aussi un moyen de rencontrer des gens et échanger. La création, juste pour la création ça m’intéresse pas. Que ce soit avec les auteurs, les réalisateurs, les éditeurs, techniciens, acteurs, lecteurs, spectateurs ou autre, j’ai besoin d’échange.
"La création, juste pour la création ça m’intéresse pas."
Pour finir, deux questions plus légères. D’abord, le grand-père pourquoi l’avoir appelé Yoda ?
Parce que, quand j’étais petit, il devait avoir 80 ans ou 85 et je trouvais qu’il ressemblait à Yoda. Et puis il faisait du magnétisme aussi. Bon c’est vrai, il faisait aussi Charlot avec sa canne donc il aurait pu aussi s’appeler Charlot ou Charlie Chaplin mais, comme je suis parti sur le code Superman et les super-héros des années 80, ça me semblait plus cohérent de parler du côté Yoda.
Et la recette de la Tafina en fin d’album, tu nous la conseilles ?
Bien sûr que je te la conseille. C’est le meilleur plat du monde ! En fait, en écrivant cette histoire, j’ai pris conscience que ma famille paternelle est une famille de déracinés, qui a laissé en Algérie beaucoup de choses de sa culture juive séfarade. Moi j’ai hérité que de très peu de choses de ce côté-là. D’un point de vue culturel, je me sens bien plus chrétien, français ou européen que juif et algérien. Mais s’il y bien une chose que je veux garder de cette culture - et qui a pour moi beaucoup de sens... c’est la Tafina et les saveurs parfumées de la cuisine de ma grand-mère. C’était juste exceptionnel. Moi j’adore. Il y a un vrai rapport affectif. Je crois que ça me rappelle aussi ces fêtes de famille au nom bizarre. Ces énormes fêtes que j’ai adorées dans mon enfance, détestées durant mon adolescence, et qui aujourd’hui n’existent pratiquement plus et me manquent. Donc mon affection à la culture juive passe avant tout par la nourriture de ma grand-mère.
Merci.
Pour la préparation de cette interview, nous avons aussi eu l’occasion d’échanger avec la dessinatrice Émilie Boudet.
Bonjour Émilie, d’abord peux-tu évoquer la différence entre le travail d’illustration et celui de dessinatrice puisque, à la base, ton job c’est plutôt l’illustration.
Quand j’élabore une illustration, il s’agit le plus souvent d’un dessin unique. En bande dessinée, il faut envisager chaque dessin de façon séquentielle, et notamment dessiner les personnages de façon à ce qu’on les reconnaisse d’une case à l’autre. Cela implique donc de bien connaître ses personnages, et avant de se lancer dans la mise en images de l’histoire, de passer par une phase préparatoire où je dessine chaque personnage (enfin, au moins les principaux) sous différents angles pour bien me familiariser avec eux. Et puis bien sûr, faire de même avec les décors, être raccord avec la position des objets quand l’angle de vue se répète d’une case à l’autre.
Pour moi, être dessinatrice le temps d’une bande dessinée est un travail très endurant, surtout que c’est la première fois que je travaille sur un album aussi conséquent.
Est-ce que tu as du adapter ton trait au travail de Jimmy ou ça c’est fait naturellement ?
Au début, si j’ai accepté de travailler avec Jimmy sur Superman… c’est parce que mon style collait bien avec l’histoire et le ton. Mais oui, j’ai fait quelques ajustements avec certains de mes « réflexes » d’illustratrice, notamment dans le traitement des personnages. J’ai un style qu’on peut qualifier de « rond » ou un peu « enfantin ». Là, pour rendre les personnages crédibles et pour ne pas étiqueter notre histoire « BD pour enfants », j’ai revu mes proportions pour que les adultes soient bien différenciés des enfants (surtout pour le héros, que l’on voit grandir). J’avais également tendance, dans mes illustrations, à faire des « bras mous » (courbes), mais pour Superman..., afin d’être plus précise dans les postures et aussi à la demande de Jimmy, j’ai dessiné les bras différemment… « avec des os » si l’on peut dire….!
Quelles sont tes influences dans le dessin ?
Elles peuvent être très diverses. En illustration/BD j’aime beaucoup notamment le travail de Camille Jourdy, Marjane Sartrapi, Serge Bloch, Camilla Engman, Alberto Vasquez, Gemma Correll ou Keri Smith, et d’une autre génération : Quentin Blake, Sempé ou Dubout.
D’une façon générale j’admire tous les illustrateurs qui arrivent à dire beaucoup en peu de traits, et encore plus s’ils ont de l’humour ou de l’esprit.
Des futurs projets en chantier ?
En travaillant sur Superman… avec Jimmy, il nous est venu une autre idée à réaliser en bande dessinée. Je suis un peu superstitieuse alors je n’en dirai pas plus pour l’instant.
Mes autres projets prendront plutôt la forme d’albums jeunesse, avec des histoires pour éveiller les enfants à l’écologie notamment, ou des petits contes philosophiques, le tout traité de façon tendre et humoristique.
Merci à Émilie Boudet et à Jimmy Bemon pour cette rencontre chaleureuse et pleine d’enthousiasme dont nous ressortons avec des étoiles plein les yeux.
Galerie Photos
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.