Dérives berlinoises
Le 24 février 2019
Premier long métrage du réalisateur (finlandais) Hannu Salonen. Il met en scène la quête d’identité de six personnages perdus dans Berlin.

- Réalisateur : Hannu Salonen
- Acteurs : Franka Potente, Teemu Aromaa
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Allemand
- Distributeur : Cinéma Public Films
- Durée : 1h41mn
- Date de sortie : 12 juin 2002

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Résumé : De nos jours, à Berlin, six personnages voient leurs destins se croiser. Il y a Artsi, un guitariste finlandais en quête de succès, Fabian, un écrivain débutant qui vend des pizzas, Sascha, un jeune révolté sorti de prison, Doris, une femme mariée qui cherche à rompre avec la routine du quotidien, Hans, un kickboxer qui ne pense qu’à sa carrière et néglige Peggy, sa fiancée qui s’éloigne peu à peu de lui. Leurs conflits et leurs amours vont changer le cours de leur vie.
Notre avis :Un concert improbable dans une ville finlandaise. Trois musiciens paumés. Une soirée qui tourne court. Le cachet : une caisse de bières. Artsi (Teemu Aromaa) n’en peut plus. Il quitte mère et amis, guitare sous le bras, direction Berlin... l’enchanteresse.
Là, d’autres que lui sont tout aussi perdus. Peggy (Franka Potente, la nouvelle star du cinéma allemand depuis Cours, Lola, cours - Lola rennt) est serveuse dans un fast-food. Elle vit avec un (kick)boxeur (Hans - Andreas Brucker) au QI aussi élevé que celui des hamburgers qu’elle vend. Mais il va percer ! Il en est certain. Fabian, la soixantaine bien tassée est écrivain... mais survit en faisant le livreur de pizza... de toute façon, il n’arrive plus à écrire. Sasha est un rebelle. Il n’admet aucune loi, aucune autorité et s’enferme dans un nihilisme vain. Doris, bourgeoise repentie, quitte son mari et trouve réconfort auprès de Sasha, puis de Hans. Le Downhill City est un hôtel où des destins se croisent. Si vous saviez tout ce que ces murs ont pu voir !
Downhill City est indéniablement un film allemand ! L’environnement berlinois y est palpable à tout instant. Mélange des gens, froideur des décors, Hannu Salonen a su rendre cette ambiance irréelle de la capitale allemande. Si à l’instar de nombreux films allemands, les personnages manquent de profondeur et ressemblent avant tout à des idéaux-types, figés par essence dans le rôle qu’ils tentent de fuir, Salonen parvient malgré tout à les rendre attachants.
Sa réussite est ailleurs. Ses héros se croisent, se cherchent mais ne se trouvent jamais vraiment. La capacité de communiquer leur fait défaut, avec eux-mêmes, avec les autres. Seuls les deux "romantiques", interprétés par Franka Potente (égale à elle-même dans sa bonhomie alternative) et Teemu Aromaa (à l’interprétation remarquable) transforment leur rencontre en une véritable complicité, même si elle reste sans lendemain. Paradoxalement, une symbiose se crée qui passe outre le handicap de la langue (il ne parle pas l’allemand et l’un comme l’autre baragouinent l’anglais. On pense ici à Jim Jarmusch qui avec Ghost Dog et le tandem Whitaker/Bankolé est allé plus loin encore).
A noter enfin la très belle musique de 22 Pistepirkko [1] (le groupe apparaît en "live" pendant le film, rappelant le Nick Cave des Ailes du désir), qui pendant plus d’une heure et demie accompagne de façon discrètement oppressante l’errance des personnages.
Coup d’œil : Ce film a obtenu le Grand prix du jury au festival Premiers Plans d’Angers 2000.
[1] 22 Pistepirkko, Downhill City, 1999