Le 21 juillet 2021
Derrière cette lutte acharnée entre un père et son fils, Digger raconte les limites d’un capitalisme effréné, ses conséquences humaines et écologiques. Un film salutaire.
- Réalisateur : Georgis Grigorakis
- Acteurs : Vangelis Mourikis, Argyris Pandazaras, Sofia Kokkali
- Genre : Drame
- Nationalité : Français, Grec
- Distributeur : JHR Films
- Durée : 1h41mn
- Date de sortie : 21 juillet 2021
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Résumé : Quelque part au nord de la Grèce, à la frontière de la Macédoine. Nikitas a toujours vécu sur son bout de terrain au cœur de la forêt. En lutte depuis des années contre une compagnie minière qui convoite sa propriété́, Nikitas tient bon. Le coup de grâce tombe avec le retour de Johnny, son fils qui, après vingt ans d’absence et de silence, vient lui réclamer sa part d’héritage. Nikitas a désormais deux adversaires, dont un qu’il ne connaît plus mais qui lui est cher.
Critique : C’est un combat vieux comme l’humanité. Celui d’un groupe minier puissant opposé à un paysan attaché à sa terre. La solitude de l’homme est décourageante, surtout face à ces trombes d’eau et de boue qui dévalent quotidiennement chez lui et le chantage que l’industriel met en scène pour le faire craquer. Digger se passe quelque part en Grèce, dans un repli de forêts ignoré des hommes. La communauté de producteurs s’organise, afin de se défendre contre un capitalisme galopant qui n’a pas peur de la surenchère pour arriver à ses fins. Jusqu’au jour où le fils de Nikitas débarque à son tour et fait valoir à son père qu’il a hérité de la moitié des terres où il a installé sa ferme. S’engage alors un combat d’autant plus violent que les émotions, le passé et les liens familiaux ravivent les énergies négatives.
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Digger est un film sur la reconstruction du lien entre un père et son fils. Le sujet n’est pas neuf au cinéma. Ici, l’originalité repose sur le fait que le cinéaste met en perspective la relation des deux êtres avec la lutte que Nikitas mène contre le groupe minier pour sauver son patrimoine et son identité. Il y a beaucoup de dureté entre les deux hommes. Le fils reproche des années de silence, une indifférence à son destin d’enfant, là où le père ne se remet pas de la disparition brutale de sa femme, partie avec le petit pour échapper à l’austérité de cette existence, tout entière consacrée à l’entretien de la forêt et l’élevage des poules. Des jolies séquences s’immiscent dans ce récit âpre où le père, dès lors qu’il parvient à sortir de son silence, montre à son fils les merveilles de la nature et la nécessité de s’attacher à maintenir la tradition.
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Georgis Grigorakis a étudié la psychologie sociale avant de s’engager dans le cinéma. Le scénario est du coup très bien écrit et structuré. Le récit s’attache à décrire des hommes dans une économie de paroles. Les gestes paysans, les promenades dans la forêt, la lutte contre les pluies torrentielles habitent ces gens de peu dont le but est de sauver ce qui reste de leur identité. Le cinéaste ne verse jamais dans l’exagération sociale ou le manichéisme. Il donne à voir comment la lâcheté des hommes permet aussi aux groupes industriels de poursuivre leur quête sans fin de toujours plus de croissance. L’alcool, la complexité humaine, la revanche sont autant de qualificatifs négatifs qui permettent à ces héros anodins d’exister sur l’écran.
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Il faut saluer l’interprétation très juste des deux hommes qui s’opposent l’un à l’autre dans le film. Ils semblent tous les deux aguerris au travail de la terre, comme s’ils étaient eux-mêmes issus de cette communauté rurale. On ressent dans les visages le poids des années, le désarroi économique et social, ainsi que ces foules de petites joies qui composent nos vies. Digger est un film qui prend le temps de la patience, et bat au rythme de ces deux êtres, aussi attachants que monstrueux.
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