Dévoilées - Jacob Berger - critique du téléfilm

Critique : D’abord, les personnages et les temporalités sont juxtaposés : une étudiante en médecine suit un cours en amphi, puis essaie d’attraper le métro, qu’elle rate. Quelques années auparavant, une autre femme pleure son mari mort tragiquement. Un policier l’interroge. Dans une mosquée, on rend hommage à un jeune Palestinien qui vient de décéder.
Il y aura forcément une unité dans ces existences parallèles : le pluriel du titre "dévoilées" est infiniment sémantique et son genre documente, sur le mode du jeu de mots un peu lourd, des vies féminines pleines de secrets qui entremêlent radicalités politiques et religieuses. Le parcours d’Anaïs suscite un regard rétrospectif de sa grand-mère Isabelle sur sa propre jeunesse, marquée par un engagement pour le FPLP. Mais a-t-elle bien vu sa petite-fille voilée dans les transports en commun ? Le récit devient une enquête, où le spectateur dispose d’une longueur d’avance, avec des protagonistes un peu trop archétypaux et des situations trop attendues pour que l’opacité de cette histoire soit aussi évidente qu’inquiétante, d’autant que la mise en scène n’évite pas un lyrisme qui prend trop souvent la forme du pathos.
Derrière la construction scénaristique se profilent des intentions didactiques liées à des questions très contemporaines. Sur un sujet très proche, on conseillera plutôt le formidable film des frères Dardenne, Le Jeune Ahmed, qui prétend moins asséner une vérité sur un sujet de société que de montrer le tragique dans sa complexité la plus implacable. Reste la bonne prestation de Lola Créton, actrice dont on sait le talent depuis Un amour de jeunesse, le long métrage de Mia Hansen-Løve, sorti en 2011.