Désert artistique
Le 24 mars 2016
Sur fond de critique du rêve américain, le fils d’Alfonso Cuarón réalise un métrage navrant qui ne fait rien de son sujet, de son décor, de ses acteurs. Un film qui tourne à vide et ne pense pas. Ni fait ni à faire.
- Réalisateur : Jonás Cuarón
- Acteurs : Gael García Bernal, Diego Cataño, Jeffrey Dean Morgan, Alondra Hidalgo, Marco Pérez
- Genre : Thriller
- Nationalité : Français, Mexicain
- Distributeur : Condor Distribution
- Durée : 1h34mn
- Date télé : 14 février 2022 20:40
- Chaîne : OCS Choc
- Titre original : Desierto
- Date de sortie : 13 avril 2016
- Festival : Festival du film Policier de Beaune
L'a vu
Veut le voir
Résumé : Des Mexicains tentent de traverser illégalement la frontière pour se rendre aux États-Unis. Ils se retrouvent pris en chasse par un homme qui n’a qu’une idée en tête : les descendre un par un.
Critique : Ne pas se fier à l’affiche alléchante (merci Mad Max Fury Road) qui laisse à penser que les créateurs de Gravity - c’est écrit en bien gros dessus - ont pondu un nouveau "survival" en territoire hostile, délocalisant simplement la virtuosité du film d’Alfonso Cuarón sur la terre ferme. Ne pas non plus se fier au dossier de presse, où Jonás Cuarón décrit son film comme une "expérience purement cinématographique, visuelle et émotionnelle" (sic), et lui donne des intentions politiques et même existentielles !
Oui, Desierto, avec son sujet brûlant comme le soleil mexicain, se rêve en satire du rêve américain. Au cas où on ne l’aurait pas compris, les (rares) dialogues sont là pour nous le rappeler. "Bienvenue dans le rêve américain", s’exclame Sam (Jeffrey Dean Morgan), tout content de lui après avoir descendu quelques Mexicains comme on tire sur des lapins. Sam écoute de la country et boit du whisky en plein cagnard. Il porte des pantalons militaires et conduit un 4x4 orné d’un drapeau confédéré. Surtout, Sam parle à son chien (méchant), qui s’appelle Traqueur. Voilà pour le personnage le plus subtil. Pour le reste, on a droit à une joyeuse troupe de clandestins, tous différents bien sûr : le petit gros qui ralentit tout le monde, le vilain passeur qui drague la fille qu’il est censé protéger, et le père de famille (Gael García Bernal, atone) qui va prendre les choses en mains grâce à sa force et un ours en peluche.
- Esperanto Kino ©
Le film est une hécatombe. Les personnages tombent comme des mouches sans que le spectateur (le réalisateur ?) n’en ait quelque chose à faire. On aimerait dire que c’est pour rire mais c’est le chien dans l’histoire qui a droit au meilleur traitement, Jonás Cuarón semblant attacher plus d’importance à la cause canine qu’à celle des immigrés clandestins. Tout cela ne serait pas si grave si le réalisateur faisait quelque chose de son décor, cinégénique au possible : même pas. La caméra flotte au milieu des cailloux et des cactus sans qu’un seul instant émerge une idée de cinéma, qu’un décor soit mis en valeur par le cadre, que l’espace soit utilisé comme outil de mise en scène et non comme fond d’écran. Quant au rythme et à la tension qu’on suppose inhérents au concept, ils sont inexistants malgré l’envahissante musique de Woodkid qui tente désespérément de provoquer un sursaut sur l’électroencéphalogramme plat de cette proposition de "cinéma". Revoyez Rambo ou Trois enterrements. C’est autrement plus stimulant.
- Esperanto Kino ©
La chronique vous a plu ? Achetez l'œuvre chez nos partenaires !
Galerie Photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.