Le 10 septembre 2022
Un palier dans l’histoire du cinéma qui révèle des surprises au milieu d’un genre en train de se constituer.
- Réalisateur : P.J. Hogan
- Acteurs : Robert Cummings, Marsha Hunt, Buster Crabbe, Tom Keene, Monte Blue
- Genre : Western, Noir et blanc
- Nationalité : Américain
- Editeur vidéo : Sidonis Calysta
- Durée : 0h58mn
- Date de sortie : 21 novembre 2016
L'a vu
Veut le voir
– Année de production : 1936
– Sortie DVD : le 21 novembre 2016
Résumé : Arizona. Élevé par les Blancs, Moya n’en demeure pas moins un chef indien fidèle aux traditions de sa tribu et aux promesses faites à son père. Lorsque Chet Kasedon lui propose de partager les gains d’une mine d’or située sur la terre de ses ancêtres, il refuse. Kidnappé, battu, Moya persiste. Déterminé, Kasedon engage l’ingénieur Randolph Gale pour mieux localiser le précieux gisement et en exploiter les richesses. Effrayé par les méthodes de son commanditaire pour faire parler Moya, Gale change de camp, prêt à apporter toute son aide aux Indiens...
Critique : En éditant ce film rare et ancien, Sidonis œuvre pour le patrimoine du cinéma avec brio : non pas que Desert Gold soit un western inoubliable, mais c’est un témoignage inestimable sur ce qu’a été le genre dans la période qui suit le muet, que nous connaissons un peu, et précède immédiatement La chevauchée fantastique, soit le moment classique par excellence. En ce sens, il est passionnant de voir comment se mettent en place des personnages et des situations qui deviendront des lieux communs : le cocher alcoolique, le docteur-boucher bougon, l’entrepreneur véreux, les hommes de main, le sauvetage de dernière minute, etc. Tous ces éléments sont souvent à l’état embryonnaire, tant le cinéaste préfère se concentrer sur des points qu’il développe et qui nous semblent moins réussis ; que ce soit le personnage faire-valoir, veule et grimaçant, ou le couple en formation qui semble issu d’une screwball comedy, Hogan ne cesse de ralentir son rythme pour placer un gag ou une étape du conflit amoureux. Sans doute l’absence de moyens empêche-t-elle aussi les plans spectaculaires, mais elle favorise ce qu’on aime tant dans la série B, cette économie qui fait avancer l’intrigue au grand galop ; de ce point de vue aussi le film est étrange, qui mêle des ellipses puissantes à des marivaudages étirés. On a l’impression, et c’est en cela que le métrage fascine, d’assister à une éclosion imparfaite ou plutôt à une étape dans la construction d’un genre.
Bien oublié aujourd’hui, Buster Crabbe, qui fut nageur olympique avant de devenir l’idole des adolescents américains en interprétant Tarzan ou Flash Gordon, compose la figure hiératique du chef indien avec conviction, et, comme le souligne Patrick Brion dans le bonus, c’est l’occasion de découvrir à quel point il y eut très tôt des westerns pro-indien ; ici c’est le Blanc qui est cupide et sadique, quand l’Indien est dans son droit, sage, en harmonie avec sa terre qu’il connaît. Certes, cette répartition manichéenne peut prêter à sourire, mais elle ne s’éloigne pas de certains scénarios de Ford par exemple. On n’en est pas encore à questionner le genre, mais à le fonder.
On s’amusera beaucoup de certaines idées (la misogynie de certaines scènes !) et on aura du mal à frémir devant des péripéties largement prévisibles ; en revanche on ne peut que souligner le travail du cinéaste qui, par instants, fait preuve d’un solide professionnalisme : la première séquence impressionne par sa belle sobriété, de même que, par exemple, la tension suscitée par le montage alterné à la fin. Dans cette petite heure de rebondissements aux personnages multiples, Hogan parvient à maintenir le cap et à rendre cohérent des éléments bien disparates. Ce qui, outre la curiosité bien naturelle de cinéphiles devant un territoire peu connu, ajoute au charme d’un spectacle plein de fraîcheur et de spontanéité.
Le test DVD
Les suppléments :
Six minutes seulement pour apporter des informations sur le film, le genre et l’époque ; même pour Patrick Brion, c’est vraiment trop court et frustrant. À quoi s’ajoute une galerie photos.
L’image :
Un carton prévient dès le début, la copie a souffert des outrages du temps : ça tremble, c’est flou, parasité ; bref, on a connu des films des années 30 mieux conservés.
Le son :
Certains passages souffrent d’un bruit de fond, mais de manière générale le son est épais, sans finesse.
Galerie Photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.