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Le 7 février 2006
Sur le chaos de la guerre en ex-Yougoslavie, un premier roman nécessaire et imparfait. A lire pour le souvenir, et pour les promesses littéraires qu’il contient.
Sur le chaos de la guerre en ex-Yougoslavie, un premier roman nécessaire et imparfait. A lire pour le souvenir, et pour les promesses littéraires qu’il contient.
A la fin de la guerre en ex-Yougoslavie, un jeune officier français se porte volontaire pour partir en Bosnie. Au fil d’une mission aussi périlleuse qu’incohérente - retrouver un chef de guerre serbe -, il perdra repères et certitudes, sera peu à peu empli par l’horreur indéchiffrable qui ronge ce pays comme un poison sans remède ; jusqu’à cet ultime frontière au-delà de laquelle seule la survie importe... et encore.
Il faut lire ce livre, bien sûr, parce qu’une guerre chasse l’autre et qu’on ne doit pas oublier de quoi notre époque, notre civilisation sont encore capables. Il faut lire ce livre même s’il n’est pas tout à fait à la hauteur de son sujet, pour ce qu’il réussit au moment où on ne l’attend plus : une explosion enfin bouleversante.
Il y a, en effet, au cœur de ce premier roman, par ailleurs un peu trop sage, quelques pages incandescentes. Il y est question de Srebrenica. Là, l’auteur, qui le reste du temps semble comme écrasé par son propos, lâche la bride aux mots, les laisse tourbillonner, gronder, se ficher dans la conscience du lecteur sans chercher à mettre même un semblant d’ordre. Elles sont éprouvantes ces pages, comme auraient dû l’être toutes les autres.
Pour ces lignes-là, qu’on n’oubliera pas, on pardonnera à Rioux ce qu’on a moins aimé : le récit d’une séquestration, superflu et excessivement convenu, le manque de souffle de l’ensemble, la prudence alors même que le sujet est audacieux et nécessaire. On lui pardonnera, car les cinq pages enfoncées telles une mine à l’intérieur du texte, si elles ne suffisent pas à faire un roman totalement réussi, sont la preuve brève et brutale qu’un écrivain vient de faire son entrée. On attend la suite en l’espérant plus libre, plus affirmée.
Christophe Rioux, Des croix sur les murs, Flammarion, 2006, 235 pages, 18 €
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