Demande à la poussière

Une belle histoire d’amour, de jolis décors et de charmants interprètes qui ne vous inspirent pourtant qu’une envie : voir le mot fin.

L’argument : Arturo Bandini est une jeune écrivain fauché, d’origine italienne, qui attend de réaliser l’œuvre de sa vie. Camilla Lopez est une belle serveuse mexicaine à la recherche de lendemains meilleurs. L’amour fera se croiser ces deux destins dans le Los Angeles des années 30, la ville de tous les espoirs.

Notre avis : Demande à la poussière s’ouvre sur Arturo Bandini (Colin Farrell), attablé devant sa machine à écrire, dans une des chambres de la modeste pension de famille dans laquelle il vit à Los Angeles. Celle dont ce fils d’immigré italien a vu, pour la première fois, un palmier. L’exotisme ne s’arrête pas là pour l’auteur en mal d’inspiration, car alors qu’il se résout à se séparer de ses derniers sous pour s’offrir le plaisir de savourer un café, il rencontre la plantureuse Camilla Lopez (Salma Hayek), la serveuse mexicaine. La rencontre est orageuse à l’image de leur future relation. Ces deux étrangers dans la cité des anges s’étaient rêvé des vies différentes, des vies où leur différence à eux serait gommée, celle de ne pas être de "vrais Américains". Cette réalité est beaucoup plus cruelle pour Camilla dont transpire l’appartenance à une communauté fortement méprisée, à cette époque, par "les autochtones".
Pourtant, ils ne peuvent résister à cette irrépressible attraction qui les poussent l’un vers l’autre. Les deux amants se déchirent pour mieux se retrouver, essaient chacun à son tour de se dompter. Seul l’amour sortira victorieux de ces joutes dont le théâtre est un Los Angeles adroitement reconstitué. L’ensemble, servi par une belle lumière, fait illusion, mais pas assez pour faire oublier une fiction sans relief, une mise en scène trop molle pour retranscrire l’atmosphère de cette liaison que l’on devine survoltée et désespérée.
A l’instar du personnage Hellfrick (Donald Sutherland), voisin de chambre de Bandini, on ne sait pas toujours où le réalisateur Robert Towne veut en venir. A moins que sa seule ambition n’ait été de porter à l’écran l’univers de l’écrivain américain John Fante, auteur du livre éponyme, qu’il a découvert il y a trente ans et avec qui il s’est lié d’amitié. Et ce ne sont pas les dialogues poussifs entre les deux protagonistes, dont le charme est, lui, aveuglant, qui risquent de nous éclairer. Mille regrets donc que ce film soit aussi ennuyeux, que chaque scène bien qu’attendue soit un supplice parce l’espoir, qu’elle soit plus consistante que la précédente, est très vite déçu. Idina Menzel qui incarne Vera Rifkin, celle auprès de qui Arturo Bandini essaie de se libérer de sa passion dévorante pour la voluptueuse Mexicaine, mérite d’autant plus une mention spéciale. Car le temps de ses trop rares apparitions à l’écran, tout comme quand la caméra s’appesantit sur des décors enchanteurs, Demande à la poussière devient un film un peu plus digeste. A ces moments-là seulement.