Le 26 juin 2021
De l’or pour les chiens est une épopée sentimentale et spirituelle d’une adolescence, brûlée par les feux de l’été. Un film résolument sincère et prometteur.
- Réalisateur : Anna Cazenave Cambet
- Acteurs : Carole Franck, Ana Neborac, Corentin Fila, Romain Guillermic, Tallulah Cassavetti
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Français
- Distributeur : Rezo Films
- Durée : 1h39mn
- Date de sortie : 30 juin 2021
- Festival : Festival de Cannes 2020, Festival d’Angoulême 2020, Semaine de la Critique Cannes 2020
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Résumé : Fin de l’été. Esther, 17 ans, termine sa saison dans les Landes. Transie d’amour pour un garçon déjà reparti, elle décide de prendre la route pour le retrouver à Paris. Des plages du sud aux murs d’une cellule religieuse, le cheminement intérieur d’une jeune fille d’aujourd’hui.
Critique : "On n’est pas sérieux quand on a dix-sept ans", écrit le poète. Surtout quand on connaît ses premières expériences sexuelles sous les feux estivaux des Landes, là où la mer est connue pour ses rouleaux tumultueux d’écume et de sel. Esther, quand elle n’est pas amoureuse de Jean, vend des glaces dans une baraque des bords de mer. Elle participe à des soirées où tous les abus, même sexuels, sont possibles. Esther, surtout, aime. Elle aime follement le jeune Jean, aussi volage qu’elle est respectueuse de ses écarts, au point de quitter sa famille et tenter l’aventure à Paris. Elle se lance dans ce combat à corps perdu, où elle rencontrera, dans une particulière brutalité, l’abandon et la solitude.
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De l’or pour les chiens est un film sur l’adolescence comme on en voit tant d’autres. Ici, la réalisatrice qui signe son premier long-métrage parle d’une jeunesse moderne et éclectique. Les protagonistes écoutent du rap, sont habitués depuis leur tendre enfance aux images pornographiques qui inondent la toile, semblent sans limite. Surtout, ils reproduisent ce sexisme détestable dont les combats féministes tentent de nous débarrasser depuis tant d’années. La jeune Tallulah Cassavetti incarne Esther avec une très belle candeur. Elle occupe l’écran du début à la fin de ce récit, aussi mystique que sensuel et sentimental. Elle raconte, dans ce regard sans âge, la traversée du temps, les métamorphoses de l’âme à travers les épreuves de la vie, la nécessaire avancée en maturité. On est loin des clichés qui ont longtemps caractérisé le cinéma sentimental estival, avec pour icône centrale le personnage de Chris dans L’année des méduses. La nudité n’est pas vulgaire, ni provocante, la jeunesse n’est pas excessive, les adultes sont maladroits, mais aimants. Bref, Anna Cazenave Cambet compose un film équilibré, épuré des éventuels excès scénaristiques que ce type de récit provoque souvent. A travers Esther, la réalisatrice parle d’une certaine jeunesse, sensible, vulnérable ; surtout, elle évoque le combat féministe à poursuivre inlassablement, l’éducation sentimentale et sexuelle qui s’impose à toutes les générations d’hommes, si l’on veut faire de l’égalité femmes-hommes, non pas un dogme, mais une vision sincère de la société.
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La deuxième partie, qui se passe dans un monastère, est de loin la plus réussie, mais aussi la plus risquée. Le fait que les religieuses ouvrent la porte à cette petite Esther totalement désœuvrée et lui accordent le gite et le couvert, pouvait faire glisser l’histoire dans l’invraisemblance et la faute de goût. En réalité, cette place offerte à Esther dans un couvent est prétexte à un très beau récit sur le recommencement intérieur et spirituel de l’adolescente. Les étapes de cette sorte d’initiation mystique se jouent essentiellement dans la relation que l’héroïne tente de construire avec une jeune femme, qui a fait vœu de silence. Elles se regardent en chiens de faïence, se rejettent ou s’attirent comme les aimants d’un même parcours de vie. La réalisatrice veille à ne jamais forcer le trait, dans cette transformation spirituelle qui s’engage pour Esther. La mise en scène choisit la pudeur, le dépouillement, sans pour autant vaciller dans l’ennui ou la morosité. Les religieuses sont filmées avec une attention particulière, pour faire jaillir dans leurs yeux la beauté de leur engagement. Même le couvent est décrit avec une particulière méticulosité. La photographie donne à voir un lieu très reposant, très beau, où la spiritualité naît depuis les chants qu’entonnent les religieuses chaque jour. D’ailleurs, ces chants contrastent magnifiquement avec les sons plus techno qu’Esther écoute ; en réalité, dans les deux cas, la musique apparaît comme un moyen puissant pour entamer un chemin spirituel.
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Voilà donc un film simple, sincère et attachant, qui séduira autant les adolescents que les adultes en quête de sens. De l’or pour les chiens ouvre la voie à une jeune comédienne, Tallulah Cassavetti, dont assurément on entendra parler longtemps dans le cinéma français.
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