Il y a deux filles en moi
Le 27 avril 2018
Le portrait sans concession d’une trentenaire bien ancrée dans son époque.
- Réalisateur : Peter Mackie Burns
- Acteurs : Geraldine James, Emily Beecham, Tom Vaughan-Lawlor, Nathaniel Martello-White
- Genre : Drame
- Nationalité : Britannique
- Distributeur : Paname Distribution
- Durée : 1h27mn
- Date de sortie : 2 mai 2018
L'a vu
Veut le voir
– Meilleur scénario festival Dinard 2017
– Meilleure actrice festival Edimburg 2017
– Sélection officielle Rotterdam 2017
Résumé : La vie de Daphné est un véritable tourbillon. Aux folles journées dans le restaurant londonien où elle travaille succèdent des nuits enivrées dans des bras inconnus. Elle est spirituelle, aime faire la fête mais sous sa personnalité à l’humour acerbe et misanthrope Daphné n’est pas heureuse. Lorsqu’elle assiste à un violent braquage sa carapace commence à se briser…
Notre avis : Pour son premier long-métrage (prolongement d’un court-métrage réalisé quelques années plus tôt avec son coscénariste Nico Mensinga), le Britannique Peter Mackie Burns signe une étude psychologique piquante autour d’une jeune femme taillée pour la jungle urbaine et farouchement indépendante. Bien consciente d’appartenir à une génération de femmes libres, Daphné entend bien ne s’embarrasser d’aucune contrainte. Elle ne fait aucun effort pour être aimable et si certains s’aventurent à la draguer, ce qu’elle apprécie le plus chez eux, c’est qu’ils aient quitté son lit avant l’aube. De la même manière, elle n’a que faire des conseils et des marques de tendresse de sa mère dont elle tente de s’affranchir au maximum au point de la rudoyer parfois violemment.
- Copyright Agatha A. Nitecka
Comme le proclamait déjà en 1984 le tube interprété par le groupe strasbourgeois Cookie Dingler « Etre une femme libérée, tu sais, c’est pas si facile ». Alors elle boit un peu trop, fume quelques substances illicites, entretient une relation d’amitié amoureuse trouble avec son patron et multiplie les subterfuges pour se persuader qu’elle s’est fabriqué une vie idéale. Malgré l’humour et l ’énergie dont elle entoure chacun de ses actes, elle finit surtout par développer une forme de cynisme destiné à cacher son incapacité à gérer ses rapports avec les autres et la souffrance qui en découle, dont elle refuse de mesurer l’étendue. L’événement violent auquel elle est mêlée bien malgré elle ouvre une brèche dans sa vie et laisse entrevoir une facette insoupçonnée de sa personnalité.
- Copyright Agatha A. Nitecka
Si l’histoire est agréablement écrite, elle n’en demeure pas moins assez banale. C’est du côté d’une interprétation toute en finesse que se situe l’intérêt de cette première œuvre originale. Emily Beecham (déjà vue aux côtés de Ralph Fiennes dans Ave César, la comédie des frères Coen) campe avec une justesse épatante cette jeune femme forte et fragile bien éloignée des stéréotypes féminins habituellement véhiculés par le cinéma. Tour à tour charmante et sarcastique, drôle et désarmante, elle est de toutes les scènes. Amoureusement, la caméra la filme dans les moindres détails de sa vie, de loin, de près ou perdue au milieu de la foule tout en évitant cependant les plans trop rapprochés afin de bien persuader le spectateur de la distance psychologique que notre héroïne tient à imposer aux autres. Pendant que les images panoramiques du quartier londonien d’Elephant and Castle jouent sur les contrastes entre la froideur des immeubles de verre et la vivacité du métissage culturel, la silhouette de la gracieuse Emily, sa chevelure rousse et son minois avenant se heurtent au caractère brut de son personnage nous brinquebalant sans répit entre attachement et rejet. Si l’intrigue ne lâche pas d’un pouce cette prometteuse actrice au charisme indéniable, elle prend le temps de s’arrêter sur une galerie de personnages attachants (un patron compréhensif, une mère aimante, un videur de boîte de nuit amusé et amusant), propres à animer une progression narrative décousue, émaillée de raccourcis tacites au point d’emmener le spectateur à la limite d’ un sentiment de monotonie. Pourtant, la liberté de ton alliée à un casting impeccable devrait séduire tous ceux qui aux routes toutes tracées préfèrent les chemins de traverse à la rencontre de personnages non conventionnels.
Galerie Photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.