Dallas 2012 : carton d’audience, mais ça vaut quoi ?

Disponible le lendemain de sa diffusion sur la TNT américaine, sur MYTF1VOD, le reboot de Dallas se la joue finalement plus classique que prévu. Critique...

Pour son grand retour, la série culte des années fric, Dallas (14 saisons et plus de 350 épisodes) a cartonné sur la TNT américaine. Une audience de 6.863 millions de téléspectateurs pour le câble... C’est un carton qui devra se confirmer, alors que le public visé semble finalement être davantage les sempiternels nostalgiques des années 80 et tout particulièrement les ménagères de plus de 40 ans, avides de machinations romanesques, que les jeunes aficionados de Gossip girl. Pourtant les premières photos et le dévoilement du casting assuraient un jeunisme très tendance avec la mise en avant des personnages de John Ross, fils du machiavélique J.R. et de l’alcoolique Sue Ellen, et Christopher, le fils adoptif de Bobby et de Pamela interprétés respectivement par les beaux gosses ténébreux, Josh Henderson et Jesse Metcalfe, tous deux aperçus dans Desperate Housewives.

Alors que peut apporter la série Dallas en 2012, à notre époque de bourbier financier et de crise des énergies fossiles ? Est-ce que l’on a toujours envie de suivre les tourments de milliardaires aux nez inévitablement tournés vers la tourbe de leur whisky ? Éventuellement si l’on est fan de la série originale et que l’on ne dissimule pas son attrait pour le kitsch. L’absence d’envergure dans la réalisation et de prestance dans les décors nous fait très vite replonger dans le télévisuel d’époque, alors que chaque épisode de Dallas comptaient parmi les séries les plus onéreuses à produire. Le problème, c’est que depuis le bling-bling et la peoplisation des séries consécutives ont un peu ringardisé leur modèle.
Aussi, le reboot ne présente rien d’original, du moins dans les deux premiers épisodes proposés en exclusivité sur le service de VOD de TF1. Le classicisme accompagne des intrigues qui prennent forme, avec beaucoup de machinations diaboliques, la formule clé des scénaristes des 14 saisons de Dallas, pour prendre le contrôle du ranch de Southfork, que Bobby, gravement malade, souhaite vendre, alors que son frérot J.R. semble lui-même en piteux état dans un mouroir pour riches. Le but de cette transaction ? Eviter que leur progéniture de 25 ans (euh, ils ne sont pas censés en avoir plus de 30 si on suit la logique chronologique de la série ?) ne s’entre-déchire comme les deux Ewing ont pu eux-mêmes le faire dans les années 80. En deux épisodes, les armes sont déjà sorties.
Les rebondissements sont connus, femmes aux deux visages, traitresses venimeuses, jalousies de famille, rancoeurs ancestrales, corruption des faibles mais aussi des puissants... C’est suffisamment chargé pour que l’on souhaite poursuivre pour la saison entière, alors que J.R. embrouille son fils qui le roule lui-même... Comprendra qui verra. Encore une fois, les fans de la première heure...

Que les irréductibles se rassurent, les caméos des célébrités de la saga viennent égrener l’intrigue. On croise Lucy (méconnaissable, à vrai dire, tant elle ressemble à Dolly Parton) ou Ray Krebbs, le fils bâtard, lors d’un mariage de l’un des rejetons... Enfin la nouvelle génération construite sur le même schéma binaire que celui de Bobby/J.R., et le même manichéisme facile (un fils a priori diabolique, l’autre plus idéaliste, et donc écolo...) s’en sort plutôt pas mal dans un jeu dévoré d’ambition.
Bref, ce dépoussiérage un peu poussif est plus une curiosité qu’un must de la série télé contemporaine. Les amateurs ne se sentiront pas trahis...