Crimes dans l’extase (Lubriques dans l’extase) - la critique du film

Un revenge movie très réussi signé Jess Franco, où la beauté sidérante de Soledad Miranda irradie chaque plan.

L’argument : Le professeur Johnson expérimente depuis quelque temps de nouvelles formules sur des embryons humains. Mais ces expériences, qui lui tiennent très à coeur, sont relevées par un comité d’éthique qui met immédiatement fin aux recherches du professeur, estimant qu’elles sont blasphématoires. Profondément abattu, Johnson se suicide, laissant derrière lui une femme éplorée. Folle de désespoir, son épouse décide alors de le venger.

Notre avis : Décédé en 2013, le réalisateur espagnol Jess Franco s’est d’abord fait remarquer dans les années 60 avec plusieurs films d’horreur gothique tout à fait appréciables, à l’instar de L’horrible docteur Orlof(1964) et des Maîtresses du docteur Jekyll (1966). Puis Jess Franco s’est progressivement orienter vers la sexploitation.
Si la filmographie du bonhomme est très inégale - il a tout de même plus de 200 films au compteur ! - elle comporte plusieurs pépites. Crimes dans l’extase (1971) fait partie de celles-ci.
Tourné en Allemagne – le film étant d’ailleurs en version originale en langue allemande – Crimes dans l’extase est avant tout un écrin pour la muse de Franco à cette époque, la regrettée Soledad Miranda, bien connue pour son rôle dans le cultissime Vampyros lesbos. L’actrice espagnole, disparue à 27 ans dans un accident de voiture, est ici d’une beauté sidérante, filmée dans des costumes sexy qui mettent particulièrement en valeur sa beauté évanescente.

L’actrice, qui est de tous les plans, peut d’ailleurs être vue comme une représentation de la Mort frappant la morale puritaine. Franco n’a jamais caché son aversion contre la morale bien pensante et a toujours affirmé sa passion pour les écrits de Sade, qu’il a adapté à sa façon à plusieurs reprises.
Dans Crimes dans l’extase, Soledad Miranda interprète la femme d’un médecin radié de l’ordre pour ses expériences trop progressistes, qui entend venger son époux. Le film peut d’ailleurs être vu comme une version inversée de L’abominable docteur Phibes (1971) de Robert Fuest où un docteur tuait les médecins responsables de la mort de sa femme.
Ce long métrage reprend les codes du « revenge movie » mais aussi ceux du giallo. On a droit ainsi à des meurtres sadiques à l’arme blanche et un sang rouge factice. Mais cette histoire de vengeance n’est en fait que la conséquence d’un amour fou, à la limite de la nécrophilie.

Au niveau de la mise en scène, on retrouve tout ce qui fait le charme des réalisations de Franco mais aussi ses « scories » : des zooms incessants sur les visages et un côté éthéré dans les nombreuses scènes sensuelles du film. La bande son, très easy listening, contribue à l’atmosphère particulière réussie de cette entreprise érotico - policière.
Crimes dans l’extase, donne l’occasion de retrouver avec plaisir toute la bande à Franco avec, outre le réalisateur qui se donne un rôle délirant, les fidèles Paul Muller et Howard Vernon.

Les acteurs sont en sur-jeu perpétuel et pourtant leur présence fascine. On notera également l’apparition de Derrick lui-même, à savoir Horst Tappert, qui interprète un inspecteur totalement inutile. Mais sa présence est sacrément amusante...
Par ailleurs, Jess Franco profite de cette œuvre pour montrer à nouveau son goût de l’architecture et son côté extrêmement romantique. Voilà sans conteste une des réussites incontestables de Franco à revoir avec délectation.