Crache cœur - la critique du film

L’argument : Rose, jeune fille au désir trouble, s’immisce dans la vie d’un ouvrier polonais venu en France rechercher son fils. Une relation triangulaire s’installe entre les trois personnages et déclenche, peu à peu, des bouleversements dans la vie de chacun.

© Zootrope films

Notre avis : À première vue, à l’est, rien de nouveau. La découverte adolescente du désir, thème maintes fois exploité au cinéma, ne semblait pas pouvoir être traitée de façon révolutionnaire, d’autant qu’il s’inspire très largement de la vie de son auteure-réalisatrice. Les passages obligés d’un teen movie bien troussé sont là : la première fois amoureuse, la première prise de drogues, le conflit avec la famille. Mais Crache cœur détonne, dès son générique. La présence magnétique de son actrice principale Liv Henneguier n’y est pas pour rien. Le duo improbable qu’elle forme avec Andrzej Chyra, qui interprète l’ouvrier polonais embauché par son père, touche par sa justesse. Le personnage de Rose, qui n’a rien en commun avec la fleur, à part peut-être son éclosion, prend sans cesse les chemins de traverse. Elle ment de façon éhontée pour se faire aimer et passe par le père du garçon de ses rêves pour le séduire.

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Dans Crache cœur, on joue de la flûte traversière, on transfère à tout va, du père au fils à la fille au père, on s’écrit des lettres à l’heure de l’iPhone et de Facebook. Le film mêle une forme de désuétude avec un sens du détail qui fait mouche. Les vêtements sont trop amples et ternes pour les corps qui s’agitent. On sent fébriles les jeunes acteurs à la diction encore fragile parfois, ce qui apporte au métrage un certain charme.
La musique est composée par Daniel Kowalski, qui accompagne les images de sa sœur avec un certain panache. Crache cœur se distingue d’un énième teen movie naturaliste par ses ambitions graphiques, du point de vue du cadre et de la mise en scène. Des ambitions affichées dès les repérages, puisque Julia Kowalski affirme avoir cherché les lieux en fonctions de ses plans et non l’inverse. Le résultat est vivace. C’est coloré sans jamais être mignon. C’est la sincérité qui déborde et qui brûle les plans, comme en témoignait le titre original : Raging Rose. Le film est à l’image de sa jeunesse : impulsif, imparfait mais infiniment aimable.

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