Cornelius le meunier hurlant - la critique du film + le test DVD

Notre avis : Pour le meilleur, Cornélius le meunier hurlant est un beau travail sur les corps : corps qui dansent, qui hurlent, qui tombent ; les scènes les plus réussies tournent autour d’une agitation qu’elle soit désordonnée ou chorégraphiée, véritable dépense d’énergie propre au burlesque. Du burlesque le film a d’ailleurs gardé certains excès et il n’est pas indifférent que l’acteur principal vienne du cirque. Mais pour incarner ce meunier aux hurlements irrépressibles, chassé du village qui l’a accueilli et amoureux d’une « conseillère horticole », les talents de Bonaventure Gacon sont insuffisants ; il peine à dire un dialogue il est vrai pas toujours heureux et ses plus grandes scènes sont muettes : qu’il sorte du sable dans les premières images ou qu’il subisse la tendresse des autres patients de l’asile, et le film s’envole. Au contraire son grand monologue au mariage de Carmen est anémique – comme la scène elle-même, qui pâtit d’un rythme trop lent.

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Et, de la même manière, tout le métrage (le premier long de Yann Le Quellec) ne cesse d’osciller entre beauté et platitude, invention et cliché : magnifiques les décors, le moulin, l’asile, ou quelques plans isolés comme ces draps noirs suspendus. Pareillement, les lessiveuses chantantes, le commis déjanté laissent entrevoir une réussite hélas plombée par des séquences pataudes. C’est que l’inventivité ne suffit pas : il manque à cette succession hasardeuse un liant qui assurerait la cohérence de l’ensemble ; tel quel, le film ressemble plutôt à un bout à bout inégalement inspiré. Encore une fois, on peut le déplorer tant le parti d’adapter un roman d’Arto Paasilinna était une gageure audacieuse. Sans doute le fantasque s’accorde-t-il mieux au court-métrage et, avouons-le, on s’ennuie quelque peu au long de ces presque deux heures.

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Quant à la généreuse intention, car on voit bien qu’il s’agit d’une fable sur la différence, elle s’affadit au fur et à mesure que le scénario s’égare ; mais répétons-le, chacun pourra trouver dans cette œuvre originale quelques moments de bonheur. La longue et burlesque séquence dans l’asile ou la danse devant le moulin, par exemple, sont de vraies réussites. Elles suffisent à saluer l’ambition, à défaut de déchaîner l’enthousiasme.

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Les suppléments :
Les quatre scènes coupées (8mn) sont d’inégal intérêt : un morceau de cirque (les patins à roulettes) voisine avec l’apparition balourde de Jésus. De même les deux entretiens s’opposent-ils nettement : Anaïs Demoustier (6mn) s’en acquitte avec un professionnalisme convenu, alors que Bonaventure Gacon (6mn) surprend davantage. Enfin les trois modules techniques (la construction du moulin (4mn), et les deux chorégraphies (6 et 3mn)) sont relativement intéressants.

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L’image :
La copie est belle et lisse : les magnifiques couleurs sont impeccablement retranscrites, la luminosité éclate dans chaque séquence. Quant à la définition, rien à redire : on est dans le haut du panier et les superbes décors en profitent.

Le son :
On a le choix entre deux pistes (2.0 et 5.1), avec possibilité d’audiodescription et de sous-titrages. Rien de démonstratif : les dialogues sont limpides, les cris du meunier et la musique ont la vigueur nécessaire.