Commis d’office - La critique

Un sympathique premier film qui nous laisse cependant sur notre faim quant à son approche des arcanes de la justice. Pour Roschdy Zem.

L’argument : A 40 ans révolu, Antoine Lahoud est un avocat pénaliste enthousiaste mais déçu par son milieu professionnel. Il traîne son âme de bon samaritain de commissions d’office en dossiers minables. C’est là, à l’occasion d’une plaidoirie, qu’il est "remarqué" par Henry Marsac, un avocat à la réputation sulfureuse. Ce dernier l’engage à ses côtés dans la défense des gros truands et le fait goûter aux fruits de sa prospérité. Lahoud ne mettra pas longtemps à comprendre que l’engouement soudain qu’il suscite chez son confrère est loin d’être désintéressé et qu’il le conduira... derrière les barreaux.

Notre avis : La réalisatrice et romancière Hannelore Cayre est avant tout avocate. Elle a exposé les affres de sa profession dans trois ouvrages sortis ces cinq dernières années. Commis d’office est l’adaptation de son premier roman. Ayant déjà goûté à la réalisation de courts-métrages dans les années 90, elle a choisi de mener elle-même ce projet à bien. Certes la mise en scène n’est pas flamboyante, et rappelle certains téléfilms du service public (ce qui est toujours mieux que Brigade Navarro). Mais nous ne sommes pas là pour ça, si l’on peut dire. Le film nous promet surtout une plongée sans concession dans l’univers des magistrats et de la justice française. Or, si l’on découvre effectivement l’aspect industriel du métier de commis d’office (auditions et plaidoiries à la chaîne, dossiers traités comme dans un self-service) pour des revenus relativement bas, le film ne va guère plus loin. Nous attendions plus de la part d’une personne immergée dans ce milieu méconnu du grand public.

© Bac Films / Raphaël Schott

Au lieu de cela, Hannelore Cayre nous emmène dans une histoire rocambolesque qui ne s’embarrasse pas de vraisemblances et tutoie parfois le n’importe quoi. Le film prend alors des allures de conte moral simpliste et elliptique peuplé de personnages secondaires caricaturaux et grotesques. Pourtant, une étrange sympathie émane de l’ensemble et l’on suit avec un plaisir certain les péripéties du personnage principal, sans doute grâce à l’interprétation savoureuse de Roschdy Zem (cela devient une habitude) qui ne croit pas plus que nous à l’intrigue mais s’en amuse avec malice. Le verdict est donc plutôt positif pour cet honnête divertissement.