Le 21 novembre 2018
Les éditions Montparnasse ont la bonne idée de regrouper dix documentaires sur Hollywood, tous au moins intéressants.
- Réalisateurs : Clara Kuperberg - Julia Kuperberg
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Français
- Editeur vidéo : Éditions Montparnasse
- Durée : 10 x 52mn
L'a vu
Veut le voir
– Sortie du coffret DVD : le 20 novembre 2018
Résumé : Mieux que tout autre pays, les États-Unis ont su faire des films des objets de rêves et de fascination dans le monde entier. Cependant cette hégémonie est sujette à la méfiance et à l’envie. Apparition des icônes, censure, code Hays, critiques, scandales, rôle de la femme… Ce coffret aborde plusieurs pans du cinéma américain qui ont marqué le paysage du 7ème art, à travers le regard de grands du cinéma tels que : Ernst Lubitsch, Frank Capra, Alfred Hitchcock, Billy Wilder, Orson Welles, Martin Scorsese et le célèbre photographe Steve Schapiro.
Notre avis : Qu’il soit bien clair que ces films n’ont rien de révolutionnaire : leur facture est d’un classicisme parfois agaçant, l’alternance de témoins et d’archives ne souffre pas d’exceptions, et le choix chronologique a la préférence des réalisatrices. N’empêche : les cinéphiles trouveront avec bonheur des informations précieuses, des rappels majeurs et des extraits délicieux. Rapide passage en revue :
Hollywood : Pas de sexe s’il vous plaît (55mn) est une étude des rapports complexes entre l’Amérique et le sexe, vu par le prisme du cinéma c’est-à-dire quelques films emblématiques qui illustrent ce mélange d’audaces et de puritanisme, voire de peur ou de dégoût. Le sujet, passionnant et inépuisable, n’est pas traité de manière très originale, mais on aura des surprises réjouissantes, comme l’extrait de film militaire pour mettre en garde les jeunes filles, ou des idées qui mériteraient un plus ample développement (les séries moins timorées aujourd’hui que le cinéma). En explorant la chronologie hollywoodienne et en privilégiant le désir féminin, ce documentaire permet de mesurer les contradictions d’une société soit-disant libérée.
A travers des extraits de ses mémoires et différents intervenants, Gene Tierney, une star oubliée (52mn) tente un portrait plutôt subtil de cette magnifique actrice ; l’intérêt est qu’il ne se perd ni dans des considérations personnelles ni dans un panégyrique stérile : l’admiration y est argumentée, Scorsese notamment la définissant parfaitement. Mais ce sont surtout les extraits de films (et quels films !) qui fascinent et donnent la pleine mesure de son talent.
Plus surprenant, Les espions qui venaient d’Hollywood (52mn) exploite des archives déclassifiées en 2008 pour révéler le rôle de quelques vedettes : on saura ainsi ce qui lie Hedy Lamarr et un GPS, Greta Garbo et la bombe nucléaire, ou Leslie Howard et le fait que l’Espagne ne soit pas entré en guerre. Même si l’histoire de Joséphine Baker est plus connue, le documentaire reste aussi intrigant que passionnant.
Tout aussi intrigant pour nous qui connaissons très peu Louella Parsons et Hedda Hopper, Hollywood gossip, les commères d’Hollywood (53mn) relate les origines de la presse à scandales. L’influence de ces deux femmes complémentaires sur l’industrie du cinéma n’était pas négligeable ; pour autant, ce documentaire peine à captiver avec un pareil sujet, surtout traité sans grande distance.
Les cinéphiles, même les plus aguerris, ignorent souvent le rôle des femmes dans le cinéma muet. Qui connaît encore Lois Weber ou Frances Marion ? C’est tout l’intérêt de Et la femme créa Hollywood (52mn) que de remettre en lumière cette contribution dans ce qui est l’un des films les plus intéressants et neufs du coffret. On y apprendra entre autres que la moitié des métrages produits avant 1925 ont été écrits par des femmes et qu’elles ont travaillé dans tous les genres, et à tous les postes. Une utile réhabilitation, leur éviction après la crise de 29 et surtout la Seconde Guerre mondiale tenant du scandale.
Même s’il est un peu éloigné du cinéma, Ronald Reagan, un président sur mesure (53mn) repose sur les liens entre l’acteur-président et la mafia. Autant qu’on puisse en juger, c’est une enquête solide, pleine de gros sous et de jeux de pouvoir et, comme telle, passionnante mais plutôt effrayante …
Elle n’a beau pas être neuve, la théorie selon laquelle le code Hays a favorisé l’inventivité des réalisateurs se voit illustrée de belle manière dans La censure à Hollywood (52mn). La réflexion sur le pré et le post-code ne manque ni de pertinence ni d’intérêt.
This is Orson Welles (52mn) est sans doute le joyau du coffret : entre les témoignages du maître ou de ses proches et les analyses de son style, notamment par Scorsese et Bogdanovich, ce documentaire constitue une précieuse introduction à une œuvre capitale, qui n’évite pas l’amertume (« un film c’est 2 % de création et 98 % de prostitution »).
Sous le haut patronage d’un James Ellroy au verbe cru, Los Angeles, cité du film noir (52mn) est une exploration du genre à travers la géographie, le cinéma et la littérature. Les amateurs éclairés n’apprendront sans doute pas grand-chose même s’ils se plairont à cette balade perverse, mais ce panorama hétéroclite séduira les autres, appâtés par quelques films emblématiques.
Enfin, dans Steve Schapiro et les icônes américaines (52mn), le photographe commente ses clichés qui excèdent de loin le monde du cinéma (de Martin Luther King à Beckett !) en un portrait chaleureux et discrètement nostalgique.
Les suppléments :
0 Aucun.
L’image et le son :
La cotation n’a pas grand sens : des images récentes à la qualité télévisuelle adéquate aux archives les plus anciennes, des voix actuelles très présentes à des enregistrements antiques, le gouffre est patent. À vrai dire peu importe : l’intérêt des documents justifie qu’on les présente tels quels.
Galerie Photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.