Le 14 avril 2020
Une comédie grinçante argentine, mais pas que...
- Réalisateurs : Mariano Cohn - Gastón Duprat
- Acteurs : Oscar Martinez, Dady Brieva, Andrea Frigerio
- Nationalité : Argentin
- Durée : 1h57min
- Date télé : 14 avril 2020 15:20
- Chaîne : OCS City
- Titre original : El ciudadano ilustre
- Date de sortie : 8 mars 2017
L'a vu
Veut le voir
Résumé : L’Argentin Daniel Mantovani, lauréat du Prix Nobel de littérature, vit en Europe depuis plus de trente ans. Alors qu’il refuse systématiquement les multiples sollicitations dont il est l’objet, il décide d’accepter l’invitation reçue de sa petite ville natale qui souhaite le faire citoyen d’honneur. Mais est-ce vraiment une bonne idée de revenir à Salas dont les habitants sont devenus à leur insu les personnages de ses romans ?
Notre avis : Réduire Citoyen d’honneur au statut un peu figé de comédie grinçante, ce serait oublier qu’au pays de Borges, les insondables labyrinthes de la création fourmillent de surprises et, de ce point de vue, la petite merveille de Cohn et Duprat s’offre un twist final particulièrement saisissant, qu’on ne dévoilera pas. On se contentera donc d’évoquer une histoire en soi originale : un écrivain couronné par le prix Nobel de littérature, Daniel Mantovani, se fend d’un discours acerbe à Stockholm où il reçoit sa prestigieuse gratification. Il y pourfend ce qu’il perçoit comme une tentative de récupération culturelle et de momification prématurée. Quelques temps après, on le voit fuir les honneurs, les récompenses et les invitations diverses induites par sa notoriété. Visiblement en panne d’inspiration créatrice, Mantovani donne l’impression de bouder la position que lui envieraient des milliers d’auteurs.
Pourtant, ce transfuge de classe, issu d’une petite ville perdue à 700 kilomètres de Buenos Aires, finit par accepter une requête, une seule : celle de la commune qui l’a vu grandir et lui propose d’être citoyen d’honneur. Mais le retour au pays natal ne va pas se dérouler comme prévu : comme un mauvais présage, Mantovani, qu’un autochtone est venu chercher en voiture, subit les affres d’une crevaison. Ne disposant d’aucun téléphone, les deux hommes en sont réduits à attendre qu’on les cherche, et passent la nuit autour d’un feu... alimenté par les pages d’un livre de l’écrivain, qui serviront aussi de papier toilette, le lendemain matin.
- (C) Memento Distribution
Lorsqu’enfin l’auteur parvient à bon port, les ennuis se poursuivent. Finalement, ce que voudrait ce sexagénaire un peu désabusé, c’est pouvoir déambuler tranquillement dans les rues de cette commune qu’il n’a pas investie en chair et en os depuis des années, mais dont il a fait le cadre de ses récits, mettant en scène des personnages inspirés par les habitants. Les simples promenades qu’il effectue esquissent quelques courts moments de rêverie, rapidement contrariés par un admirateur transi ou au contraire des habitants rancuniers, qui se sont sentis humiliés par ses œuvres. L’un d’eux, peintre amateur à ses heures, viendra perturber une conférence de Mantovani, prenant ombrage de ce que son tableau n’a pas été sélectionné pour un concours présidé par l’écrivain. A d’autres moments, l’auteur répond à des sollicitations aussi drôles que grotesques : les rituelles célébrations et autres parades dans les rues en prennent pour leur grade, ainsi que les discours des édiles auto-satisfaits. L’un d’eux permet au Nobel de régler son compte aux obsessions culturelles de la municipalité.
Constamment sur le fil, entre drame et comédie, ce long métrage très bien écrit brosse le portrait d’un homme que la réalité contrarie et qui s’interroge sur son identité. La fin du film dénoue cette problématique éminemment romanesque.
Galerie Photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.