En-quête de sang
Le 13 février 2024
Une plongée dans l’intime, qui suit la trace personnelle de la réalisatrice, pour se mêler à d’autres parcours plus universels, tout cela à travers un fil rouge poétique et organique : le sang.
- Réalisateur : Yamina Zoutat
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Français, Suisse
- Distributeur : Shellac
- Durée : 1h40mn
- Titre original : Chienne de rouge
- Date de sortie : 14 février 2024
- Plus d'informations : Le site du distributeur
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– Année de production : 2023
Résumé : À Paris, une voiture fonce dans la nuit. Mohamed convoie du sang, la doctoresse Nguyen le transplante et Isabelle a la vie sauve grâce au don d’une inconnue. Sang des femmes, attentat, procès, greffe, don et essence de vie : comme le convoyeur ou la chienne en quête de sa proie, nous suivons le sang dans sa course et ses incessantes transformations. Un récit de réparation.
Critique : Les chiennes de rouge sont dressées pour suivre la trace des animaux blessés par les chasseurs ; ceux qui se réfugient dans les profondeurs de la forêt, laissant parfois du sang sur leur passage. Les chiennes de rouge le sentent, et remontent la piste, jusqu’à retrouver leur proie. Yamina Zoutat fait partie de cette race : un matin, elle se réveille avec l’envie de filmer du sang, de contourner l’interdiction qui lui avait été assenée bien des années auparavant, lors du procès du sang contaminé par le VIH.
Le film est une sorte de journal intime, flirtant entre documentaire et fiction, horreur et étrange : il y a des images d’archives (celles du procès), des extraits de film (Nosferatu buvant à la gorge d’une jeune fille endormie), des plans extrêmement serrés sur des veines gonflées, et une voix off qui tisse des liens entre les différents sujets abordés. La réalisatrice évoque le SIDA, les greffes, les chimères, les attentats du Bataclan, et toutes ces réflexions proviennent d’un questionnements personnel, rejoignant la quête identitaire. Car lorsque l’on subit une greffe de cellules souches hématopoïétiques, l’ADN présent dans le sang devient celui du donneur. Dès lors, qu’est-ce que signifie « être soi » ? De qui descend- t-on ? Qu’est-ce que le lien du sang ?
Yamina Zoutat fait des rencontres, qui ont toutes pour point commun le fil rouge qui l’accapare : Mohamed transporte des poches de ce liquide si précieux, parfois salvateur, d’autres fois mortifère ; utilisé par Stéphanie, chirurgienne ; reçu par Isabelle, patiente. Le thème sous-jacent de Chienne de rouge est l’hérédité : le père de Stéphanie, d’origine vietnamienne, évoque ses racines, parle de l’accoutumance à une autre culture, et rejoint en cela la manière dont sont envisagés les transferts de sang par les patients ; Mohammed montre des photos de sa petite fille, issue d’une union entre un père arabe et une mère italienne, le même mélange que celui dont provient la réalisatrice ; et Isabelle reçoit le sang de sa voisine, une Allemande, qui permet de concilier la grande Histoire (les camps de concentrations, la déportation, la Seconde Guerre mondiale) et l’intime (la réparation). Il y a une transmission, quelque chose de l’un qui circule en l’autre, une redevabilité aussi, l’expression d’une solidarité, d’un métissage.
Par les images qu’elle capte, qui sont parfois elles-mêmes teintées de rouge (par une coloration, ou par les rayons du soleil couchant ) Yamina Zoutat crée une voie dans laquelle elle peut s’engouffrer, pour retrouver son propre chemin, marqué par les gouttes de sang abandonnées, des histoires qui se recoupent et font office de cailloux, laissés par un Petit Poucet poétique, pour ne pas se perdre.
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