Le 5 mars 2023
Avec Chevalier noir, le cinéma iranien fait la démonstration de sa très grande multiplicité et d’un souffle nouveau dans la production mondiale.
- Réalisateur : Emad Aleebrahim Dehkordi
- Acteurs : Behzad Dorani, Iman Sayad Borhani, Payar Allahyari, Masoumeh Beygi
- Genre : Drame
- Nationalité : Français, Allemand, Italien, Iranien
- Distributeur : Jour2fête
- Durée : 1h42mn
- Titre original : A Tale of Shemeroon
- Date de sortie : 22 février 2023
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Résumé : Iman et son jeune frère Payar vivent avec leur père dans un quartier du nord de Téhéran. Après la mort de leur mère, Iman cherche à tout prix à sortir de l’impasse d’une vie étouffante et profite de ses relations privilégiées avec la jeunesse dorée de Téhéran pour se lancer dans un petit trafic juteux. Mais ce qui semblait être le chemin vers un nouveau départ les entraîne dans une spirale qui va bouleverser leur destin.
Critique : L’Iran est un pays contrasté et complexe. En quelque sorte, ces deux frères Iman et Payar sont le reflet de la capitale perse qui se débat entre sa bourgeoisie montante, les trafics de drogue, l’autoritarisme du pouvoir, sa pauvreté endémique et son aspiration à la liberté. Iman est un chien fou qui s’adonne à la vente de drogue, dans un pays pourtant où l’on sait que les trafiquants risquent la peine de mort, pendant que son jeune frère tente de sortir de la pauvreté par le sport et les études. Les deux garçons ont perdu leur mère. Ils possèdent un terrain qu’un oncle peu scrupuleux voudrait céder à des promoteurs. En ce sens, à la manière typique de la fiction iranienne, Chevalier noir multiplie les drames au cœur d’un même film. Les tensions familiales s’invitent dans une histoire autant sociale que fraternelle.
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Le cinéma iranien prend tous les risques. La censure qui met en danger la plupart des réalisateurs ou des écrivains constitue une opportunité à toujours plus de créativité. Emad Aleebrahim Dehkordi déroule son récit en plein Téhéran. La ville est filmée dans la multiplicité des points de vue que le cinéma peut offrir. La modernité étincelante côtoie la pauvreté, les musiques contemporaines s’écoutent dans des soirées cossues, pendant que d’autres jeunes gens ne parviennent pas à échapper à leur condition misérable. La lutte des classes est perceptible dans ce théâtre urbain qui met en scène des populations contrastées, véritable expression d’une inégalité profonde qui mine le capitalisme moderne.
L’intérêt du film demeure dans le fait que pour une fois, la narration échappe au creuset de la condition des femmes ou de la loi du talion, tellement abordés par les cinéastes iraniens. C’est un film qui parle d’une jeunesse qui pourrait être européenne, américaine ou asiatique. Emad Aleebrahim Dehkordi vise une certaine forme d’universalité, en tissant un portrait très délicat et très simple de ces deux frères que tout oppose. Petit regret peut-être : les personnages féminins sont moins intéressants, là où souvent elles composent dans les récits iraniens le seul espace possible de modernité et de liberté.
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Chevalier noir se veut une fable moderne et bruyante. Le cinéaste joue sur le rythme, la musique et les couleurs. Parfois, les dialogues sont interrompus par de très beaux plans où Téhéran ressemble à un joyau de lumières. Certes, l’écriture du scénario ne parvient pas à éviter quelques maladresses. Mais fondamentalement, le long-métrage est une opportunité exceptionnelle pour permettre aux deux jeunes comédiens Iman Sayad Borhani et Payar Allahyari de s’affirmer comme les talents de demain.
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