À l’Ouest du nouveau
Le 25 octobre 2023
Western antiraciste, buddy movie atypique résolument pessimiste, Charley le borgne est une œuvre fascinante et unique dans le paysage du cinéma anglais des années 1970.
- Réalisateur : Don Chaffey
- Acteurs : Nigel Davenport, Aldo Sambrell, Richard Roundtree, Roy Thinnes
- Genre : Western, Buddy movie
- Nationalité : Britannique
- Editeur vidéo : Artus films
- Durée : 1h24mn
- Titre original : Charley-One-Eye
- Âge : Interdit aux moins de 16 ans
- Date de sortie : 1er octobre 1975
- Plus d'informations : Le site de l’éditeur
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Résumé : Ben, un soldat noir, déserte l’armée après avoir tué un officier. Traqué par l’armée et par les Mexicains, il se retrouve perdu en plein désert, où il rencontre et sympathise avec un Indien boiteux. Lorsque Ben se fait capturer par des chasseurs de primes, l’Indien, qui jusque là ne parlait qu’à son poulet, va partir à son secours.
Critique : Maintes fois condamné, jamais enterré, le genre du western a survécu aux mauvais présages, se réinventant ou réaffirmant ses racines au fil du temps et encore aujourd’hui (Lone Ranger ou Les huit salopards, le remake des Sept mercenaires). Charley le borgne se range d’emblée dans la catégorie des westerns atypiques, marqué par l’influence des tueurs de mythes, quelque part entre la sécheresse de Peckinpah et le comique grinçant d’un Leone. Le réalisateur Don Chaffey est à l’image de son film, à la marge. Le metteur en scène, capable de passer de Jason et les Argonautes à Peter et Elliot le dragon, choisi Roy Thinnes, blond aux yeux bleus et star de la série Les envahisseurs pour incarner un Indien mutique. Il embarque Richard Roundtree, devenu icône de la blaxploitation avec Shaft, et enferme les deux dans un désert en espérant des étincelles. Pari osé, pari gagné. D’abord parce que le casting est au poil, les acteurs formant un duo imparable, moins commode que dans la tradition du buddy movie. Deux personnages mal assortis, un Indien taiseux et pacifiste et un soldat noir grande gueule assez antipathique. Leur apprivoisement est laborieux, difficile. On y croit justement pour ça.
Film laconique, Charley le borgne avance caché, dissimulant ses intentions dans sa mise en scène, qui convoque l’esprit potache de Mon nom est personne et un emballage musical que ne renierait pas Tarantino. Loin d’être un film cool dans ses intentions, le programme laisse quand même au spectateur le temps de s’amuser un peu. Un amusement malade, plus rire jaune que franche rigolade, à l’image du sourire un peu fou de Richard Roundtree, cabotin génial, tour à tour flippant et pathétique, victime et bourreau.
Comme ce personnage qui marche inlassablement dans le désert vers nos deux protagonistes (et leur ruine ?), la mise en scène, synchrone avec le scénario, suggère constamment que le pire est à venir, sans que le spectateur ne sache quand ni comment. Épuré, le métrage fonctionne à l’économie de décors (quelques plans sur le désert et une église abandonnée) et de dialogues. Il n’y a pas grand-chose à voir, et si peu à en dire : la base du désenchantement en somme, qui conditionne l’atmosphère d’un film dont les quelques élans burlesques ne suffisent pas à cacher la misanthropie résignée du propos. Pamphlet antiraciste dénonçant la haine individuelle et collective, Charley le borgne parvient dans sa dernière bobine, d’une violence sèche et sans filtre, à faire briller la faible lueur d’humanité qu’il contient au delà de l’horreur qu’il dépeint. Cette lueur, c’est l’Indien qui l’incarne, visage bienveillant dans un monde immoral. Il éclaire alors le film d’une aura qui n’habite que les chefs-d’œuvre.
Le test DVD
Les suppléments
Alain Petit, expert en cinéma de genre, revient sur l’histoire du western européen et la création de Charley Le borgne dans une interview riche en anecdotes. Une galerie d’affiches et de photos du film et les bandes annonces d’autres westerns édités par Artus Films viennent s’ajouter à des suppléments plus qu’honorables.
L’image
Mention passable. On se contentera d’un rendu correct des couleurs.
Le son
Même constat que pour l’image. On aurait apprécié un peu plus de relief, surtout avec une aussi belle bande-son.
– Sortie DVD : 6 septembre 2016
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