Le 21 février 2015
- Festival : Les César 2015
Le film d’Abderrahmane Sissako, Timbuktu, a largement dominé cette 40e soirée des César, drôle et enjouée, où planait l’ombre du radicalisme islamiste contre lequel l’humour a été la première arme.
Le film d’Abderrahmane Sissako, Timbuktu, a largement dominé cette 40e soirée des César, drôle et enjouée, où planait l’ombre du radicalisme islamiste contre lequel l’humour a été la première arme.
Edouard Baer a été un présentateur euphorique, et effectivement drôle, lors de cette cérémonie anniversaire, 40e de l’histoire des César. Sous la présidence de Danny Boon, tout à fait honorable, la cérémonie a célébré une année exceptionnelle pour l’industrie française, avec trois films hexagonaux à plus de 5 millions d’entrées (4 si l’on compte La Famille Bélier sorti fin décembre), scrutant les 3 premières places du box-office annuel.
Alors que certains comptaient sur une guerre des Saint (Laurent), c’est Timbuktu qui a été le grand gagnant de la soirée avec une razzia sur les récompenses (son, photo, musique, scénario original, montage, et surtout Meilleur Réalisateur pour le Mauritanien Abderrahmane Sissako, et Meilleur film) qui fait écho à l’actualité brûlante qui a plané sur la soirée. Le drame de Charlie Hebdo a été évoqué en filigrane, notamment par le dessinateur Joann Sfar, sans être l’obsession d’une cérémonie marquée par l’émotion (l’hommage chanté à Alain Resnais sous les yeux de Sabine Azema), mais surtout l’humour, y compris religieux avec un montage paranoïaque sur le complot catholico-islamico-judaïco-sataniste du cinéma français, particulièrement truculent.
Les favoris sont tous repartis avec leurs lots de consolation, Louane Emera, Meilleur espoir féminin dans La Famille Bélier, une évidence au vu de la notoriété de la jeune femme actuellement. Mais Karin Viard et François Damiens auront été privés de toutes distinctions. Les Combattants, fort de 9 nominations, est allé à l’essentiel de ce qui lui était accessible, Meilleur premier film, Meilleur jeune espoir masculin, Kevin Azaïs, mais surtout Meilleure actrice pour la décalée Adèle Haenel, qui a snobé les favorites, Juliette Binoche et Marion Cotillard.
Sils Maria a permis à Kristen Stewart d’obtenir le César du Meilleur Second rôle féminin, prix largement mérité, alors qu’elle aurait pu concourir pour cette même récompense aux Oscars, dans le formidable Still Alice.
Minuscule a été à la hauteur de son succès mondial, et a donc reçu le Meilleur Long d’animation
Meilleur film étranger : Mommy, l’injustice est réparée pour l’impétueux Xavier Dolan, privé de Palme d’or, de nominations aux Oscars… mais fort d’1.200.000 entrées en France. Ida de Pawlikowski était l’autre favori dans cette catégorie. Il devrait emporter en contrepartie l’Oscar du Meilleur film étranger.
Mais quid des deux biopics sur Yves Saint Laurent ?
Saint Laurent est reparti avec le César des Meilleurs costumes. Une bien triste récompense pour une œuvre malheureuse à Cannes et éconduite des Oscars. Yves Saint Laurent de Jalil Lespert, moins apprécié par les critiques, serait reparti bredouille sans le Prix d’interprétation revenu au solide Pierre Niney, omniprésent à l’écran ce soir, contrairement à Gaspard Ulliel, perdant annoncé pour ce même rôle du couturier français.
Prix de la Meilleure adaptation pour Cyril Gely et Volker Schlöndorff, le cinéaste allemand s’offrait son premier César pour Diplomatie. Parfaitement mérité, encore une fois.
Beau César d’honneur pour Sean Penn, qui a fait pleurer Marion Cotillard, à la tenue improbable, trop attachée à son prompteur, et qui a enfin arraché un sourire à sa belle, Charlize Theron, si froide toute la soirée.
Couple glamour à la ville, chacun nommé dans la catégorie du Meilleur acteur, Guillaume Canet (La prochaine fois je viserai le cœur) et Marion Cotillard (bouleversante dans Deux jours, une nuit) ont été privés de récompense. C’était pour l’anecdote.
La cérémonie a duré quatre longues heures et finalement, n’a eu que peu de surprises à offrir dans ses prix, pour la plupart prévisibles. Quasiment aucun coup de gueule, et peu de moments historiques pour les archives (zéro dérapage compromettant, malgré la présence de Julie Gayet, radieuse)... Un moment de célébration en famille unie, d’une cinématographie forte de son bilan comptable.
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