Le 16 avril 2021


- Dessinateur : Marine de Francqueville
- Genre : Autobiographie, Document, Ecologie
- Editeur : Rue de l’échiquier
- Famille : Roman graphique
- Date de sortie : 22 avril 2021
Un dialogue père – fille stimulant sur les enjeux de l’agriculture et son impact sur l’environnement.
Résumé : À l’occasion de son mémoire de fin d’études aux Arts décoratifs de Paris, l’autrice et narratrice Marine de Francqueville entame un dialogue avec son père, agriculteur dans l’Aisne, sur les enjeux environnementaux de l’agriculture. Leurs échanges vifs mais affectueux témoignent rapidement d’une distance générationnelle. La narratrice affirme la nécessité d’une agriculture biologique qui serait en rupture avec le productivisme et se voudrait avant tout soucieuse de préserver l’environnement. À l’inverse, son père défend l’agriculture conventionnelle même s’il en comprend les limites, car cette agriculture apparaît encore comme la meilleure façon de garantir la rentabilité de son exploitation et surtout elle semble la seule capable de nourrir une humanité toujours plus urbaine. Leurs positions antagonistes se rapprochent cependant au fil des discussions, montrant finalement qu’il n’existe pas une mais des voies possibles pour concilier la nécessité de produire et celle de préserver l’environnement.
Celle qui nous colle aux bottes est la première bande dessinée de Marine de Francqueville, fraîchement diplômée de l’École nationale supérieure des Arts décoratifs. La jeune autrice livre un récit autobiographique stimulant et bien construit qui mêle sur un ton enthousiaste introspection et questions sur la durabilité de notre modèle agricole. Son livre s’inscrit de cette manière dans la veine documentaire d’un Étienne Davodeau, auteur de l’excellent Rural ! (Delcourt, 2001).
- Marine de Francqueville / Rue de l’échiquier
Si elle confronte son père aux conséquences environnementales néfastes de l’agriculture productiviste, la narratrice évite tout réquisitoire et évolue au fil des échanges. Cette dynamique fait le sel de l’ouvrage, qui présente également l’avantage d’être bien renseigné. L’autrice intègre ainsi des renseignements statistiques, historiques et géographiques sur les enjeux de l’agriculture en insérant notamment des photographies et des graphiques. Si la subjectivité de l’autrice est bien évidemment affirmée, la bande dessinée présente plusieurs échos et de fonde ses positions sur des faits solides – références bibliographiques à l’appui – et sur des échanges de terrain avec plusieurs agriculteurs. Si l’exploitation agricole de son père est au cœur du récit, elle nous emmène dans la deuxième moitié de l’histoire à la rencontre d’autres exploitants de la région qui ont choisi des voies alternatives comme l’agroforesterie.
- Marine de Francqueville / Rue de l’échiquier
Le dessin au crayon et à l’aquarelle de Marine de Francqueville mis au service d’un découpage dynamique qui met en valeur les dialogues. Si les proportions et les visages des personnages gagneraient à être affinés, les planches de la dessinatrice rehaussent habilement le paysage et les machines agricoles et l’insertion de passages explicatifs au sein du récit s’effectue de manière efficace et fluide.
Celle qui nous colle aux bottes mêle avec bonheur autobiographie et récit documentaire pour nous présenter un état des lieux des grandes questions qui secouent le monde agricole.
200 pages – 21,90 €