Le 8 décembre 2018
Ce portrait touchant d’un sportif singulier confirme les talents de documentariste de Marie Losier.
- Réalisateur : Marie Losier
- Genre : Documentaire, LGBTQIA+, Film de sport
- Nationalité : Français
- Distributeur : Urban Distribution
- Durée : 1h13mn
- Titre original : Cassandro, El Exotico !
- Date de sortie : 5 décembre 2018
- Festival : Festival de Cannes 2018, ACID 2018
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Résumé : Dans le monde bariolé et flamboyant de la Lucha Libre, Cassandro est une star aussi incontournable que singulière. Il est le roi des Exóticos, ces catcheurs mexicains travestis qui dynamitent les préjugés dans un sport pourtant fortement machiste. Malgré ses mises en plis, son mascara et ses paupières impeccablement maquillées, Cassandro est un homme de combat extrême, maintes fois champion du monde, qui pousse son corps aux limites du possible. Pas un combat sans qu’il ne soit en sang, qu’une épaule ne se déboite, ou qu’un genou ne parte en vrille ! Pourtant, après vingt-six ans de vols planés, d’empoignades et de pugilats sur le ring, Cassandro est en miettes, le corps pulvérisé de partout et le moral laminé par un passé particulièrement dur et traumatique. Tête brûlée, il ne veut cependant pas s’arrêter ni s’éloigner du feu des projecteurs...
Critique : Marie Losier est l’auteure de portraits avant-gardistes et poétiques d’artistes (Alan Vega, Jonas Mekas…), et d’un premier long métrage documentaire, The Ballad of Genesis and Lady Jaye, qui a raflé une dizaine de prix. La réalisatrice a toujours été fascinée par le monde de la Lucha Libre, appellation du catch mexicain, avec ses sportifs bigger than life, ses costumes scintillants et ses prouesses acrobatiques. Sa rencontre à Los Angeles avec Cassandro, catcheur gay et travesti qui a réussi à s’imposer dans un univers machiste et homophobe, a abouti à ce portrait privilégiant le champ sans contrechamp, et explorant la psychologie d’une personnalité hors norme partagée entre une assurance indéniable et une fragilité touchante. De son vrai nom Saúl Armendáriz, Cassandro a rejoint la profession de catcheur à l’âge de dix-sept ans. Avant lui, les Exóticos étaient des catcheurs travestis que des numéros transformaient en caricatures d’homosexuels, certains étant hétéros à la ville. Mais Cassandro a été le premier à assumer son orientation sexuelle et à braver ouvertement les tabous.
- Copyright Marie Losier
« La Lucha Libre l’a sorti de tout. De la drogue, de la haine de soi, de la pauvreté, des violences quotidiennes. Il a transformé toutes ses supposées faiblesses en force, mais je comprends très bien qu’à ce moment de sa carrière il ait si peur de retomber dans tout cela. C’est humain. Dans le film il s’ouvre totalement sur cela, il parle très profondément de son intimité et de ses émotions », a déclaré Marie Losier. Le documentaire alterne le filmage de scènes de combat au cours desquelles Cassandro se donne en spectacle, diva scénique autant que sportive, des passages où on le trouve en présence de proches (son père avec lequel il s’est réconcilié, ses potes de compétitions internationales), et surtout des séquences de confessionnal : Cassandro pressent qu’en dépit de sa popularité, sa déchéance est proche, l’usure physique et un dossier médical accablant devant le contraindre à une retraite inéluctable : mais quel statut social pour celui qui en se démaquillant et ôtant son fard et ses paillettes perd non seulement son identité professionnelle mais aussi genrée, condamné à entrer dans un moule normatif et sexué qui ne correspond en rien à ses attentes ?
- Copyright Marie Losier
La caméra de Marie Losier cerne Cassandro mais reste à distance, la cinéaste ne sombrant jamais dans le voyeurisme de téléréalité et préférant dresser un portrait sobre et tendre de marginal intégré (tout autant que célébrité en marge). En même temps, le choix de la pellicule 16mm permet à Marie Losier d’expérimenter trucages, filtres, optiques diverses voire kaléidoscopiques, comme pour mieux concorder avec l’existence mouvementée et presque irréelle de Cassandro. On regrette toutefois la courte durée du long métrage, qui aurait gagné à être étoffé en accordant peut-être plus de place à l’entourage du catcheur. Tel quel, ce modeste documentaire mérite votre attention et pourrait former une trilogie de l’inspiration de jeunes cinéastes français aux États-Unis, avec les touchants Coby et Nous, les coyotes, également présentés par Acid.
- Copyright Urban Distribution
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